La présence au pouvoir de la junte militaire a laissé l’économie birmane dans un état pitoyable. En pleine transition démocratique, le secteur économique subit lui aussi de grandes modifications. En effet, la libéralisation de son économie, une situation géographique privilégiée et l’abondance de ressources naturelles font de la Birmanie un endroit idéal pour faire des affaires [1]. Avec des relations commerciales de plus en plus importantes et un accroissement remarquable des investissements étrangers, la Birmanie peut être considérée comme un nouvel eldorado. Toutefois, peut-on parler d’une réelle ouverture économique ?
Avec des militaires toujours présents sur la scène politique (ils détiennent ¼ des sièges au Parlement), ces derniers se sont tournés sur ce secteur et défendent une libéralisation économique afin de garder leur influence dans le pays[2]. Ainsi, des hommes d’affaires proches des militaires élargissent leur secteur d’activité en fonction des opportunités que génère l’arrivée d’investissements étrangers. Sans avoir nécessairement reçu une formation particulière, les investissements de ces derniers dans le pays sont présents désormais dans tous les secteurs économiques[3]. De plus, l’influence des militaires au sein de l’État limite la concurrence, ce qui permet à cette élite de créer de vrais monopoles économiques. En effet, une partie du sol et des ressources naturelles, qui normalement constituent l’un des atouts majeurs de la croissance économique, appartiennent à un petit nombre de privilégiés[4]. Nous sommes ici dans l’un des principaux enjeux de l’économie birmane. Malgré l’intention de réaliser une ouverture économique, comment la présence des militaires affecte-t-il ce secteur ? Qui bénéficie de ces investissements étrangers ? Les populations locales seront-elles finalement intégrées dans l’avancement économique ?
Quelles perspectives pour l’économie birmane ?
https://www.youtube.com/watch?v=TU60bvs35XM
Suite à l’arrivée massive d’investissements étrangers, des projets de grande envergure sont réalisés. Ces derniers concernent l’exploitation des ressources, la monoculture ou encore la construction d’infrastructures routières, maritimes, etc[5]. Par exemple, énormément de barrages visant la production et, par la suite, la vente d’énergie sont construits surtout par les pays limitrophes comme la Chine et l’Inde. De tels projets ont des conséquences socio-environnementales énormes: inondations fréquentes, émissions de gaz à effet de serre, qualité de l’eau affectée, une eau stagnante qui favorise les maladies transmissibles, etc[6]. Ainsi, comment la Birmanie va-t-elle réagir face à la grandeur de ces projets ? L’environnement n’étant pas, apparemment, une priorité pour le gouvernement birman, comment gérera-t-il les dommages environnementaux ?
Finalement, la libéralisation économique et les richesses naturelles dont la Birmanie possède, attirent de nombreux regards. Les projets cités auparavant sont présents pour favoriser, entre autres, le commerce. De plus, avec le retrait des sanctions économiques de la part de l’UE et des États-Unis, qui vont être les nouveaux partenaires commerciaux de la Birmanie ? Malgré une relation complexe, la Chine reste son principal allié [7]. Toutefois, les pays membres de l’AESAN (dont la Birmanie a pris la présidence en 2014 après un échec en 2006), et surtout son voisin thaïlandais s’intéressent de plus en plus à la Birmanie. Tout comme l’Inde qui prend progressivement racine dans le pays afin de réduire l’influence chinoise[8]. Ainsi, comment la relation avec la Chine évoluera-t-elle ? Si les États-Unis suivent de très près la démocratisation du pays, quel rôle joueront les Américains sur le plan économique ?
Ainsi, nous avons vu précédemment que la Birmanie est un pays avec de grandes opportunités économiques car tout reste encore à faire sur le territoire. Avec l’ouverture du pays, l’abondance des ressources naturelles et un emplacement géographique privilégié, un bel avenir économique est envisageable. Malgré tout, les populations locales ont encore du mal à profiter des investissements étrangers[9] et les conséquences environnementales dues aux nombreux travaux sont non négligeables. De nos jours, comme sur la scène politique et culturelle, la Birmanie fait face à de nombreux défis économiques car, en effet, les répercussions d’une dictature qui a duré 50 ans ne disparaissent pas du jour au lendemain…
[1] Egreteau Renaud et Tournier Abel, 2012 « Birmanie : prémices d’une transition annoncée » dans L’Asie du Sud-Est 2012, les événements majeurs de l’année, les Indes savantes.
[2] « Les miettes pour les pauvres », 29 Mars 2012, Courrier International (nº 1117).
[3] De Vienne Marie-Sybille, 2012, « Birmanie : l’ouverture ne fait pas le printemps », Revue Projet, 15 Mai 2012.
[4] Allchin Joseph, « Les paysans ont tout à perdre », 29 Mars 2012, Courrier International (nº1117).
[5] De Vienne Marie-Sybille, 2012, « Birmanie : l’ouverture ne fait pas le printemps », Revue Projet, 15 Mai 2012.
[6] Trésor français, 2013, « La Birmanie, entre espoir et défis », Horizon ASEAN, numéro 5, février 2013
[7] Egreteau Renaud et Tournier Abel, 2012 « Birmanie : prémices d’une transition annoncée » dans L’Asie du Sud-Est 2012, les événements majeurs de l’année, les Indes savantes.
[8] Ibid
[9] Allchin Joseph, « Les paysans ont tout à perdre », 29 Mars 2012, Courrier International (nº1117).