La partie qui suit concerne exclusivement la sculpture et l’architecture de la Birmanie. Pour toute autre forme d’art, consultez les liens intéressants à la toute fin.
Les influences indiennes (temples et stûpa indiens) à laquelle sera assujettie la culture pyu prébouddhique se révélera dans leurs monuments dès le quatrième siècle de notre ère.
L’Art birman est aussi un amalgame de la culture indigène et de leur incorporation libre des idées et des styles artistiques étrangers (des pays voisins notamment). Cet art est souvent considéré comme étant religieux parce que c’est un art bouddhiste. Les autres communautés religieuses présentes en Birmanie (Hindous, musulmans, chrétiens) ne figurent pas dans le mouvement artistique principal du pays. En effet, la Birmanie prenait part à la vie culturelle bouddhique de l’Asie du Sud-Est au cinquième siècle tout en étant immergée dans l’influence indienne.
Les stûpas (pagode) en pierre pouvaient illustrer cinq figures assises : le buddha historique, ses trois précurseurs et le Buddha de l’avenir (metteyya, maitreya). Cet ensemble a une place importante dans le bouddhisme birman et proviendrait supposément du bouddhisme pyu.
Les restes de panneaux en terre cuite, qui étaient enchâssés dans un mur extérieur de sanctuaires faits de brique caractéristiques de l’Inde à l’époque de Gutpa et d’une technique artistique de la Thaïlande ancienne, sont préservés à Çri Ksetra. Ils suivent la tradition indienne plutôt qu’indigène (terres cuites de Dvâravatî ex : Khû Bua et Nakhorn Panthom).
Les pyu manipulaient le métal avec une technique de la cire perdue et du repoussé.
Un monument de cette période pyu est la pagode Bawbaw-gyi. Elle y renferme une urne en terre cuite comptant des lamelles d’or et d’argent où étaient creusés des passages de textes bouddhiques en caractères similaires à l’écriture pyu.
Un sanctuaire de Çri Ksetra, le zégu oriental, révèle de l’héritage de l’époque de Pagan.
Les Môns de Suvannabhûmi
« Une grande partie du sud-est de la Birmanie était probablement contrôlée par des populations de langue mône à l’époque de la prédominance pyu en Birmanie centrale. » (Stadtner 1994, 47) Ses Môns sont, selon toute vraisemblance, liés aux Môns de la Thaïlande eux-mêmes reliés à la culture de Dvâravatî. Des statuettes bouddhiques en métal découvertes en Basse-Birmanie, plus précisément dans les environs de Syriam et de Twanté, et un buddha debout, levant sa main droite (mûdra du réconfort) et tenant sa robe avec sa main gauche, trouvé à Thatôn, rappellent l’art Dvâravatî.
Les panneaux en terre cuite présentent souvent des figures masculines et des animaux dans un cercle orné d’éléments floraux. Les personnages sont souvent de très petite taille et certains jouent de la musique ou dansent. Ce style ressemble aux terres cuites et de bronzes Çri Ksetra et les œuvres de l’époque des Gupta.
La dynastie Candra en pays arakanais
La région sud-ouest de la Birmanie, voisine au Bangladesh, est le lieu où se développe la culture de la dynaste Candra (au pouvoir à partir du cinquième siècle).
Le roi (Ânandacandra) a fait bâtir des monastères (vihâna) et des stûpas en or et en argent (caitya) dans le but de renfermer des reliques et des images du Buddha et des Budisatta. Il ordonna la construction de figures du Buddha en métal, bois, plâtre et pierre également. Les caityas en argile et en taille réduite sont semblables aux stûpas en terre cuite découvertes à Pahârpur au Bangladesh.
Quelques sculptures hindoues ont été découvertes dans la région arakanaise comme une sculpture de Visnu debout avec Laksmî (divinité en rang inférieur à celui de Visnu). Dans la tradition des représentations figurées de la mythologie indienne, les figures au pied de Visnu sont des deux genres. Cependant, cette sculpture particulière présente des figures interchangeables (témoignant de l’originalité de l’art arakanais). En effet, la figure de gauche a possiblement une extrémité de massue (gadâ en sanskrit) sur la tête (accessoire caractéristique de Visnu) et celle de droite a probablement un disque (cakra en sanskrit) (un autre emblème caractéristique de Visnu).
Les Birmans à Pagan
Pagan désigne la région englobant le Tagaung (nord de Mandalay), la région de Thatôn et le sud (le delta). C’est l’endroit qui abrite le plus de monuments bouddhiques. 2000 édifices en briques datant du XIe et du XIIe siècle, 900 temples, 500 stûpas et 400 monastères ont été recensés.
« La situation de Pagan à la croisée des routes réunissant l’Inde et le Sud-Est asiatique en faisait un lieu privilégié où pouvaient se rencontrer des courants de pensée venus de différents pays [notamment les communautés theravâda de Ceylan et les centres mahâyâna du nord-est de l’Inde et du Bangladesh reliés à la dynastie pâla]. » (Stadtner 1994, 50)
Pagan a subi l’influence de la culture mône. Il y a cependant peu de traces restantes en Basse-Birmanie comparables aux Môns de l’époque médiévale. Les plus importantes sont des pierres sculptées à Thatôn du début du XIe siècle environ. Elles représentent des scènes des jatâkas.
L’écriture de l’histoire de Pagan s’est basée sur la chronique du palais de cristal (ouvrage du XIXème siècle racontant le règne des rois pagans).
Les monuments de Pagan se regroupent généralement selon deux types : le stûpa et le temple. Les stûpas sont plus grands en dimensions et en forme (bulbe, base circulaire). Habituellement, l’extérieur du stûpa est peint en blanc et est décoré en stuc (matériau imitant le marbre).
Certaines fois, des représentations du Buddha peuvent être représentées dans des niches au fondement du dôme et les stûpas peuvent être reliés à des temples. Des panneaux en terre cuite illustrant des scènes des jâtaka pouvaient se retrouver sur le socle du stûpa.
L’intérieur peint des temples de Pagan laisse croire que c’est un des traits dominants des temples de Pagan.
Il y a deux périodes temporelles caractéristiques à l’art pagan : la période après la prise de Thatôn en 1057 soit la période de « Môn ancien » (ex : temple Nanpaya, le Pahto-thamya et l’Abèyadana) et la période émergeant dans les années 1120 et reprenant des éléments du « Môn ancien » soit la période « Birman ancien » (ex : les temples That Byinnyu, Htilominlo, Gawdawpalin). Les voûtes en coupole, conique sont favorisées au détriment des voûtes en berceau caractéristique de la période Môn ancien et les stûpas ont désormais cinq faces (ex : Dhamma-yazika).
« Une forme architecturale connue des artisans de Pagan est le motif de l’ouverture dont le centre comporte un arc en ogive. » (Stadtner 1994, 53) (ex : Kubyauk-gyi de Myinkaba) Le haut de l’arc comporte des ornements en forme de « flammes ». Les formes d’« arc » et de « flamme » sont très communes au-dessus des portes des temples. La forme de la « flamme » sera typique de l’art birman.
Le style sculpturale peut se diviser en deux époques distinctes : le style à l’époque pâla (Inde du Nord-Est) (ex : les pièces sculptées des temples de Nagayôn, d’Abèyadana et d’Ânanda) et la fin du XIIe siècle au XIIIe siècle. La distinction est nécessaire à cause du changement de proportions. « Les cous deviennent plus courts, les torses plus lourds et les visages plus pleins. » (Stadtner 1994, 54)
La sculpture se faisait parfois avec de la pierre tendre soit la stéatite (andagu en birman). L’objet de la sculpture est toujours le Buddha assis la main au sol (mudrâ, témoin de la Terre) encerclé de sept petites représentations pour former les Huit Grandes Scènes. De petites figures sculptées sur un bandeau et complétant la scène décrite un peu plus tôt (pour représenter les Sept Semaines du Buddha à Bodhgayâ) peuvent être représentées. « Les moulures du socle représentent des éléphants et des lions en réduction et des scènes narratives y figurent aussi parfois. » (Stadtner 1994, 54) Au centre, le Buddha est souvent accompagné de deux budhisatta. Cet assemblage n’est pas reproduit dans l’art pâla ce qui laisse croire qu’il est particulier à l’art birman. Les Pagans vouaient une importance à la sculpture en bois.
Le travail du métal est toujours perfectionné. Le Buddha (assis ou debout) était bien souvent la personnalité choisie comme modèle sculptural. Lorsqu’il est assis, sa main touche le sol. Lorsqu’il est debout, sa main gauche saisit sa robe et sa main droite était levée (mûdra de l’apaisement).
Les Shans d’Ava
La Birmanie du Nord fut assujettie à l’autorité shan au XIVe siècle. Les Shan ont assuré la continuité de la tradition de Pagan. Ava est devenue la capitale en 1364 jusqu’à ce que les Birmans vainquent les Shan au milieu du XVIe siècle.
Le marbre commence à être d’avantage utilisé.
Le médium de la peinture commence à fleurir. Le site de Pagan à Sagaing, les grottes artificielles de Powindung (ouest de Mandalay) détiennent les peintures les plus importantes. Le style de peinture, typiquement de tradition de Pagan, consistait à tracer la forme des figures et à les remplir de couleurs à la suite. Le récit se lit de gauche à droite et chaque scène de jâtaka s’étend sur un mètre de longueur de mur. La délimitation de chaque scène se fait grâce à des éléments se retrouvant dans la nature, des arbres, des cours d’eau et des édifices. Le fond est de couleur rouge cinabre très vif. (Stadtner 1994, 56)
« Il y a deux traits de physionomie caractéristiques de cette période : des joues proéminentes et des mâchoires très dessinées. » (Stadtner 1994, 56)
Les Môns de Hamsavatî
Leur but était de recréer à Pegu un grand nombre de principaux sites reliés à la vie de Bhudda. Le lieu principal abritait des monuments évoquant les Sept Semaines de Buddha à Bodhgayâ.
La Dynastie konbaung d’Ava d’Amarapura et de Mandalay avec le monarque Bodawpaya (1782-1819)
La peinture servait simplement comme procédé pour les éléments illustratifs de manuscrits et de fresques. Le réalisme commence à être le courant artistique privilégié des artistes pour le souci du détail (ex : la disposition architecturale en oblique). L’effet de la profondeur, possible à cause de la superposition, est encore employé sauf que les personnages sont placés à l’intérieur et au périmètre des édifices.
Il y avait deux types de manuscrits : ceux faits en feuilles provenant du palmier (pe-za en birman) pour les textes religieux, juridiques ou historiques et ceux sur papier (parabaik en birman).
L’influence occidentale peut se voir dans certains manuscrits et peintures murales (ex : fresques d’Amapura). Le réalisme est plus fort. La profondeur n’est plus réalisée qu’à l’aide de la superposition. Une peinture murale s’étend sur tout un mur et elle se lit grâce à une ligne horizontale qui relie les scènes entre elles. L’horizon n’est plus haut et les couleurs ne sont plus autant vives dans la peinture birmane. L’ombre est envoyée par les constructions, les personnages et les objets sauf que la source de lumière n’est pas bien évaluée.
Dans les années 1850 et suivantes, le bois est travaillé (ex : reliquaire sur la terrasse supérieure de la pagode Shwédagon).
La période Konbaung a vu la laque être utilisée de manière fréquente dans le but de créer un effet de relief. La technique consistait à employer des moules avec un mélange de laque et de cendre d’os. Les figures du Buddha, quant à elles, étaient conçues avec la technique de la laque sèche (enlever l’argile et recouvrir le reste de la statue avec une feuille d’or).
Voici des liens intéressants pour toute autre forme d’art qui pourrait vous intéresser :
- Danse traditionnelle birmane :
- Musique :
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https://search.alexanderstreet.com/view/work/71833
http://search.alexanderstreet.com/view/work/73867
http://search.alexanderstreet.com/view/work/2457495
https://www.youtube.com/watch?v=KudQXuFZQuU
-musique contemporaine : https://www.myanmarmp3.net/ et pour découvrir des artistes : https://theculturetrip.com/asia/myanmar/articles/10-burmese-contemporary-artists-and-where-to-find-them/
Source : Stadtner, Donald. 1994. « L’Art de la Birmanie ». Dans Maud Girard-Geslan, Marijke Klokke, Albert Le Bonheur, Donald Stadtner et Valérie Zaleski, L’Art de l’Asie du Sud-Est. Paris : Citadelles et Mazenod, 39-92.