Avant l’ère coloniale, la Birmanie était composée de plusieurs petits royaumes agraires. Le peuple provenant de l’Irraouaddi, région au centre de la Birmanie actuelle, établit sa capital à Bagan. Elle devint rapidement un centre religieux majestueux des plus importants comportant plus de 2000 temples et monuments. C’est à cette période que la langue birmane commence à être propagée sur tout le territoire, menaçant ainsi les langues des minorités. [1] La première unification de la Birmanie eut lieu par ce peuple au XIe siècle, car il réussit à prendre possession de la Haute-Birmanie (bassin central), de la basse Birmanie et de l’Arakan. [2] Bagan sera toutefois perdu aux mains des Mongols en 1287, puis la dynastie de Shan entrera en pouvoir dans la Haute-Birmanie jusqu’au XVI siècle et résistera aux diverses invasions chinoises et mongoles. Dans les siècles suivants, les affrontements se multiplieront entre trois groupes différents, les Shan, les Birmans et les Mon. Il y aura une deuxième unification qui facilitera les nombreuses batailles contre le Siam (royaumes Thaïs). En 1784, la prise de l’Arakan, qui avait été perdue, permit d’agrandir les territoires birmans. [3]
Voulant agrandir leur pouvoir au Nord-Ouest, ils entrèrent alors en conflit avec les Britanniques qui étaient déjà bien établis au Bengale. Les royaumes birmans étaient organisés et étaient très résistants à l’arrivée des envahisseurs. Déjà un système de lois, de taxes, de responsabilités civiles existait à l’époque. La religion était très importante et il y avait un effort mis sur la propagation d’une langue birmane et des écrits birmans. [4] Ainsi, vers la fin du 18ème siècle, dans le royaume de l’Ava, capitale précédant Mandalay, il y avait déjà une identité birmane caractérisée par une religion, une langue commune, un système de lois et d’institutions et une histoire commune écrite.[5] Même si cela n’incluait pas du tout la totalité des minorités ethniques vivant en Birmanie, cette organisation rendait la tâche plus difficile aux Britanniques que lorsqu’ils firent face à des territoires sans aucun sentiment d’unité. C’est pourquoi les Britanniques durent utiliser la force pour prendre possession des territoires birmans. [6]
Les Britanniques, alors représentés par l’East India Company, avaient des problèmes avec les fonctionnaires de Yangon. Ils décidèrent de prendre possession de la ville et d’entamer leur conquête dans les territoires Birmans. [7] Dès 1826, le premier traité fut signé accordant les territoires de l’Arakan et du Tenasserim aux Britanniques, alors territoires importants pour assurer le contrôle des côtes. Le gouvernement birman restait très résistant à un contrôle britannique et la naissance d’un patriotisme dissipa le pouvoir des anglais. [8] Les hostilités reprirent en 1853 alors que les Anglais prenaient possession de Yangon à nouveau et de la province de Pegu. Malgré leurs résistances, les Birmans étaient alors isolés de la mer et étaient alors incapables de résister lorsque les Anglais entrèrent dans le territoire pour en prendre possession.[9] Les tensions commerciales entre Mandalay et l’East India company provoqua la troisième et dernière guerre de résistance qui se termina en 1886 par l’annexion de la Haute-Birmanie à l’Empire britannique.
[1] Thant Myint-U, The making of modern Burma (New York : Cambridge University Press, 2001), 84.
[2] De Koninck, «Introduction: l’angle de l’Asie», L’Asie du Sud-Est, 2 édition revue et corrigée, Paris: Armand Colin, 2005, 46.
[3] Ibid., 46
[4] Thant Myint-U, The making of modern Burma (New York : Cambridge University Press, 2001), 88
[5] Ibid., 88
[6] De Koninck, «Introduction: l’angle de l’Asie», L’Asie du Sud-Est, 2 édition revue et corrigée, Paris: Armand Colin, 2005, 65.
[7] Ibid., 65
[8] Thant Myint-U, The making of modern Burma (New York : Cambridge University Press, 2001), 184.
[9]De Koninck, «Introduction: l’angle de l’Asie», L’Asie du Sud-Est, 2 édition revue et corrigée, Paris: Armand Colin, 2005, 65.