Révolution Safran

Mobilisation des moines

En septembre 2007, les moines birmans protestent contre la hausse des prix récente du gouvernement. [1] Malheureusement, les rebelles ne pourront pas tenir plus de trois jours la répression de la junte, entre autres, parce qu’il y avait un manque de leadership et aussi à cause de l’absence de la classe moyenne. [2] Le nom Safran provient de la couleur des robes des moines. Cependant, au Myanmar leurs robes sont plutôt bourgognes. Selon l’auteur Egreteau, cette erreur témoigne de la conscience et de la vision des Occidentaux. [3] Bien que c’était le premier mouvement de cet ampleur depuis 1988, le terme révolte semble être plus approprié compte tenu de l’ampleur des événements. [4]

Le mouvement prend son essor suite à une décision économique du gouvernement. En effet, en août 2007, il avait annoncé une augmentation du prix du pétrole de 100% et du gaz naturel de 500%. Peu de temps après, il en résulte une augmentation des prix pour la population sur les transports en commun, les produits importés, etc. [5] Dès le mois d’août, des marches silencieuses sont organisées au début, puis des manifestations par des anciens leaders de 1988 ont lieu à Yangon, mais seront vite dispersées par le pouvoir. Plusieurs obtiendront de lourdes peines d’emprisonnement.[6] Il faudra attendre jusqu’en septembre pour voir sortir les bronzes, c’est-à-dire les moines bouddhistes. Au grand étonnement de la population, les acteurs religieux devenaient des acteurs politiques importants. [7]

_DSC0933L’implication du Sangha, qui est l’institution religieuse, implique beaucoup de significations. Le bouddhisme est un pilier de la société birmane et la majorité de la population s’identifie au bouddhisme. [8] Or, il est important d’expliquer que les moines survivent grâce aux dons qu’ils reçoivent de la population. Chaque matin, ils circulent dans la ville afin de récolter la nourriture et autres dons pour affronter la journée. [9] Donc, les décisions économiques faisant pression sur la population affectaient aussi les bronzes qui se voyaient réduire leurs dons. Les bronzes ont alors tenté de passer un message au gouvernement de manière pacifique. [10]

L’évènement du Pakotu le 5 septembre, où des centaines de moines descendirent dans le centre du village, était le début du mouvement « All Burma Monks Alliance ». La réaction des autorités locales et militaires fut violente et ils présentèrent des excuses le lendemain. Toutefois, contrairement à l’effet espéré, les jeunes du monastère incendièrent les voitures des officiels et gardèrent des fonctionnaires en otage. [11] Suite à la brutalité du gouvernement, le Sangha désira s’impliquer pour montrer leur désaccord avec le gouvernement. Des défilés furent organisés dans la plupart des villes au centre du pays où chaque monastère décidait de l’implication de ses bronzes dans ce mouvement.[12] Le 18 septembre un ultimatum est lancé par le mouvement « All Burma Monks Alliance » souhaitant l’annulation de la décision politique.

Au début du mouvement, la réaction du gouvernement fut différente que lors des autres mouvements historiques insurrectionnels. Jusqu’au 26 septembre, les défilés eurent lieu en silence ou dans la récitation de mantras sans qu’il n’y ait de lourdes perturbations par l’armée birmane. Les forces restaient à l’écart, mal à l’aise de devoir réagir à un mouvement bouddhiste, qui est un élément important de l’identité birmane. L’aspect politique de la révolution des Safrans fut amené par la Génération 88 et la Ligue nationale pour la démocratie. Ces acteurs politiques, ayant déjà participé à des mouvements insurrectionnels et à des luttes contre le gouvernement, ont saisi l’opportunité pour promouvoir leurs idées politiques. [13]

La pagode Shwedagon

Le 26 septembre 2007, près de la pagode Shwedagon à Yangon, un premier manifestant fut tué. La veille le gouvernement avait imposé un couvre-feu et de nombreux manifestants avaient été portés disparus. Ainsi, débuta la reprise en main de la situation par le gouvernement. Maintes arrestations eurent lieu cette journée-là. L’intensification des militaires arrêta rapidement les perturbations du mois. [14]

Grâce aux médias et à la conscience internationale, la junte militaire avait  retardé ses actions afin de s’attaquer aux leaders directement des mouvements. Bien sûr, il y a eu une trentaine de victimes et environ 75 personnes disparues, sans parler des victimes de violence et de torture, chiffres qui reflètent difficilement les faits. La réaction peut être considérée modérée, surtout si elle est comparée avec les évènements de 1988 où en une heure, plus de 200 étudiants avaient été mitraillés lors d’une manifestation. [15]


[1] Renaud Egreteau, Histoire de la Birmanie contemporaine : le pays des prétoriens ( Paris: Fayard, 2010), 24

[2] Ibid.,24

[3] Ibid., 25

[4] Ibid., 24

[5] Ibid., 27

[6] Ibid., 29

[7] Renaud Egreteau, « Birmanie?: la transition octroyée », Études 416 (2012), 304

[8] Renaud Egreteau, Histoire de la Birmanie contemporaine : le pays des prétoriens ( Paris: Fayard, 2010), 30

[9] Ibid., 31.

[10] Renaud Egreteau, « Birmanie?: la transition octroyée », Études 416 (2012), 304.

[11] Renaud Egreteau, Histoire de la Birmanie contemporaine : le pays des prétoriens ( Paris: Fayard, 2010), 30-31

[12] Ibid., 33.

[13] Renaud Egreteau, Histoire de la Birmanie contemporaine : le pays des prétoriens ( Paris: Fayard, 2010), 35

[14] Renaud Egreteau, Histoire de la Birmanie contemporaine : le pays des prétoriens ( Paris: Fayard, 2010), 36-37

[15] Ibid., 41

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