Pendant la période coloniale, marquée par l’influence britannique, la Birmanie était considérée comme l’un des pays avec un avenir économique florissant. En effet, le pays était le premier producteur de riz et l’un des plus grands exportateurs de ce produit avant la Seconde Guerre mondiale[1]. De plus, la Birmanie possédait l’une des industries les plus sophistiquées concernant le bois de construction comme le teck et présentait une grande diversité de ressources minérales[2]. L’ère post coloniale se présentait donc plus favorable pour la Birmanie que partout ailleurs en Asie du Sud-Est[3].
Toutefois, suite à la prise du pouvoir par Ne Win en 1962, l’économie birmane fut vouée à l’échec. Son régime militaire pratique l’un des plus longs isolationnismes économiques (d’ailleurs, les statistiques économiques pendant cette dictature sont restreintes). Ne Win mit en place « la voie birmane vers le socialisme » menant à des politiques d’autarcie et à la nationalisation de la plupart des secteurs. Ainsi, toutes les ressources qui étaient censées servir l’intérêt national passaient rapidement aux mains d’une élite qui s’appropriait ces dernières [4](et d’autres ressources comme le gaz) en les utilisant pour leurs propres intérêts. L’incompétence du régime à gérer puis à distribuer les ressources de façon équitable signalait le début du déclin. Toutes les exportations de riz étaient pratiquement inexistantes, le développement du secteur du bois de construction était limité et l’industrialisation était à son plus bas. Les années 80 marquaient alors un arrêt brutal du développement birman : un marché noir qui était pratiquement omniprésent, un gouvernement considéré comme l’un des plus corrompus au monde et un isolationnisme sans précédent sont, entre autres, les causes de cet échec économique.[5] En 1987, la Birmanie était au bord de la banqueroute et l’ONU le classait même dans la catégorie des pays les moins avancés (PMA) du monde[6]. Cette situation n’était plus gérable pour Ne Win qui, contre toute attente, démissionna en 1988 suite aux revendications du peuple qui réclamaient la démocratisation de l’État.
[1] John Perry, Peter. 2007 « Myanmar since 1962 : the failure of Development », Aldershot, England: page 5-7.
[2] Ibid.
[3] Steinberg, David. 2001. Burma, the state of Myanmar. Georgetown University Press. pp. 125–127.
[4] Brown, Ian, 2013 « Burma’s economy in the Twentieh Century », University of London
[5] John Perry, Peter. 2007 « Myanmar since 1962 : the failure of Development », Aldershot, England: page 5-7
[6] Smith, Martin. 1991. Burma – Insurgency and the Politics of Ethnicity). London and New Jersey: Zed Books.