U Nu

U Nu
Source : Nikkei Asian Review

U Nu était le premier ministre du gouvernement provisoire de la Birmanie en 1947, lorsque la Birmanie a acquis son indépendance en 1948 (il est élu) et pendant une brève période en 1956-1957. Il quitta son poste en septembre 1958 à la suite d’une scission au sein de son parti politique, la ligue antifasciste pour la liberté du peuple (AFPFL).  Son parti a remporté 80% des sièges dans la chambre des députés (la plus puissante chambre dans le système parlementaire bicaméral birman) aux élections de 1960. (Trager 1963, 309)

Il a affirmé que son parti (parti d’union ou pyidaungsu) agirait en concordance avec les principes de la démocratie, que l’opposition « constructive » serait permise et que les politiciens n’interviendraient pas dans l’administration dans un discours prononcé le 5 avril 1960 à la chambre des députés. Il a promis notamment que son parti et son gouvernement ne s’ingéreraient pas dans l’économie du pays dans le but d’accroître leur pouvoir et que l’intervention de l’État sera contrôlée dans un plan de quatre ans pour une économie balancée. Il a mentionné que si son intention de constituer un État était réelle, il rendrait possible le statut d’État aux Arakanais et aux Môns et encouragerait l’unité, la stabilité et la prospérité de l’Union sans pour autant obliger des compromis particuliers des groupes culturels, nationaux et religieux. (Trager 1963, 310) Le Bouddhisme comme religion d’État, « tout en protégeant les droits et les privilèges des autres religions de la Birmanie », est toujours une de ses priorités. (Trager 1963, 310)

L’économie sous la direction d’U Nu est caractérisée par un PIB (selon les prix de 1947-1948) qui s’élevaient à 111% de 1959-1960 et des prédictions encore meilleures pour 1960-1961, un record d’exportations de riz après-guerre avec 2,1 millions de tonnes en 1959-1960, un crédit sans intérêts sur dix ans de 30 millions avec la Chine et un emprunt de 3,35 millions pour la développement d’une voie ferrée au début de l’année 1961.

Au niveau politique, son parti n’arrive pas à avoir une voix unique et il y a des scissions (après avoir remporté les élections de février 1960) (ex : comité exécutif, entre les Thakins et les U-Bos qui fut un échec en mai 1961 parce que le Thakin Kyaw Tun est devenu secrétaire de l’AFPFL en 1958 ce qui a engendré sa division). Le bouddhisme finit par être institué comme religion d’État. L’opposition est de plus en plus manifestée (notamment au sein de la KNDO, l’organisation de défense nationale karen et par d’autres minorités (Chins, Arakanais, Môns et surtout Shan au début de l’année 1960)) et exacerbée par les troupes nationales du KMT (le parti national chinois, le Kuomintang) encore présentes dans les états shans. L’idée de fédéralisation persiste (surtout de la part des Shans) et est perçue comme une menace à l’existence du parti d’union. U Nu n’arrivait pas à utiliser son pouvoir pour remettre l’ordre.

En décembre 1960, U Nu n’allait pas suivre la voie promue par Ne Win (la poursuite du collège de défense national et la favorisation de la création de l’organisation d’intelligence centrale). La police n’est plus régie par l’armée. L’activité économique ne sera plus sous l’égide des forces armées par la création d’une corporation de développement économique.

Dans un discours prononcé à Myitkyina le 26 février 1961, U Nu a dit qu’il demeurerait le chef du parti d’Union (ce qui se passa en plus de garder son poste de premier ministre et d’être un membre du parti en 1962) et qu’il reconsidèrerait les candidatures du comité exécutif pour éviter des discordances entre les deux.

En janvier 1961, dix-sept communistes dirigeant des districts de Insein et de Maubin (les red flag) ont déclaré forfait. Leur chef (Than Tun) a affirmé son intérêt à collaborer pour trouver un point d’entente de paix avec U Nu. L’insurrection communiste n’était donc, plus un problème pour U Nu.

En janvier 1962, 15% des importations du secteur privé ont été retirés (contrevient à une de ses promesses).


Source: Trager, N. Frank. 1963. « The Failure of U Nu and the Return of the Armed Forces in Burma». The Review of Politics 25 (nº3): 309-328.