Inde

Afin de comprendre les relations actuelles entre l’Inde et le Myanmar, il est important de comprendre l’évolution de celles-ci. De 1825 à 1937, la Birmanie fut une province de l’Inde alors qu’elle était colonisée par les Anglais. [1] Puis, l’Inde joua un rôle important lors du gouvernement d’U Nu pour lutter contre les socialistes, jusqu’au coup d’État de 1962 qui marqua une coupure dans les relations, entre autres, en nationalisant les entreprises et en expropriant environ 300 000 Indiens.[2]

En 1988, suite aux répressions massives des étudiants, l’Inde déclara qu’elle jouerait un rôle prépondérant dans l’accueil de réfugiés et condamna la junte militaire.[3] Elle se rangea alors du côté des groupes militants pour la démocratie, dont le NLD. [4] Cette décision affecta alors les relations entre les deux États.

Comme réponse, la junte militaire ferma les yeux sur des attaques de groupes de minorités ethniques insurgées indiennes se produisant sur les frontières entre l’Inde du nord-est et la Birmanie.  [5]

Enfin, la présence grandissante de la Chine en Birmanie inquiétait fortement l’Inde. Il était pertinent pour celle-ci de se positionner sur l’échiquier politique afin de contrer l’influence de la Chine dans ce pays. [6]

 

Manmohan Singh et Thein Sein
Manmohan Singh et Thein Sein

 

De plus, les relations étrangères entre la Birmanie et l’Inde avaient un intérêt foncièrement économique en ce qui a trait aux ressources naturelles, particulièrement le gaz et le pétrole. [7] Effectivement, l’Inde souhaitait trouver de nouvelles routes qui pourraient l’approvisionner en ressources naturelles. [8] Et finalement, le rapprochement avec la Birmanie faciliterait l’Inde à se positionner face à l’ASEAN et à être présente en Asie du Sud-Est. [9] Le soutien des lutes pour la démocratie améliorerait ainsi l’image de l’Inde sur la scène internationale, mais aussi particulièrement dans cette région. [10] L’Inde avec sa politique «Looking East policy» de 1991 manifestait le désir de se positionner en tant que puissance régionale en Asie du Sud-Est. [11] Entre 1992 et 1993, les intérêts de l’Inde devenaient prioritaires. Elle décida d’entreprendre un dialogue avec les autorités birmanes, peu importe le coût de ce rapprochement sur la scène internationale.[12]

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Cuisine de rue inspirée de la nourriture indienne, Pyin oo lwin

Du côté de la Birmanie, dès le milieu des années 90 où les sanctions des pays occidentaux étaient très intenses, l’Inde était perçue aussi comme une source potentielle de financement, un nouveau marché pour les échanges, un accès au marché sud-asiatique et un allié en termes de sécurité. [13] Désormais, les deux pays travaillent conjointement contre la menace du trafic de drogue et d’armes.[14]Aussi, la junte militaire était intéressée dans la reprise des relations, car elles réduiraient leur dépendance envers la Chine.[15]

Dernièrement, l’Inde cherche à augmenter de plus en plus son influence en Birmanie, car elle est inquiète de la présence des militaires chinois en Birmanie. [16] Ce contrepoids de puissance engagé par l’Inde encourage la Birmanie à préserver un politique étrangère autonome.


[1] Lavina Lee, «Myanmar’s Transition to democracy: New opportunities or obstacles for India», Contemporary Southeast Asia 36.2 (2014), 291.

[2] Ibid., 291

[3] Lavina Lee, «Myanmar’s Transition to democracy: New opportunities or obstacles for India», Contemporary Southeast Asia 36.2 (2014), 292

[4] Renaud Egreteau, «A passage to Burma? India, development, and democratization in Myanmar», Contemporary Politics 17.4 (2011), 468.

[5] Lavina Lee, «Myanmar’s Transition to democracy: New opportunities or obstacles for India», Contemporary Southeast Asia 36.2 (2014), 293.

[6] Renaud Egreteau, «A passage to Burma? India, development, and democratization in Myanmar», Contemporary Politics 17.4 (2011), 469.

[7] Lavina Lee, «Myanmar’s Transition to democracy: New opportunities or obstacles for India», Contemporary Southeast Asia 36.2 (2014), 293.

[8] Renaud Egreteau, «A passage to Burma? India, development, and democratization in Myanmar», Contemporary Politics 17.4 (2011), 469.

[9] Lavina Lee, «Myanmar’s Transition to democracy: New opportunities or obstacles for India», Contemporary Southeast Asia 36.2 (2014), 294.

[10] Renaud Egreteau, «A passage to Burma? India, development, and democratization in Myanmar», Contemporary Politics 17.4 (2011), 469.

[11] Renaud Egreteau, «A passage to Burma? India, development, and democratization in Myanmar», Contemporary Politics 17.4 (2011), 469.

[12] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 297.

[13] Lavina Lee, «Myanmar’s Transition to democracy: New opportunities or obstacles for India», Contemporary Southeast Asia 36.2 (2014), 294.

[14] Lavina Lee, «Myanmar’s Transition to democracy: New opportunities or obstacles for India», Contemporary Southeast Asia 36.2 (2014), 310.

[15] Lavina Lee, «Myanmar’s Transition to democracy: New opportunities or obstacles for India», Contemporary Southeast Asia 36.2 (2014), 294.

[16] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 307.

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