Suite à son indépendance en 1948, la Birmanie s’est vu décernée le titre de producteur mondial d’opium[18]. Cela s’explique selon plusieurs raisons. Les premières sont des raisons climatiques et géographiques. En effet, la région de Shan (dans le Nord-Est du Pays) possède des terres favorisant le rendement des champs de pavot ce qui par la suite s’est traduit par un opium d’excellente qualité[19]. De plus, lors du Burma Socialist Party de 1962 à 1988, la corruption règne au sein de l’économie birmane menant le pays à la pauvreté. Dans un tel contexte, la création d’une industrie illicite, dans ce cas l’opium, est inévitable. De son côté, le gouvernement, au lieu d’arrêter cette industrie, tente d’en profiter alors que du côté des producteurs, on essaye de s’enrichir le plus possible vu leurs conditions de vie difficiles. Jusqu’en 1965, l’opium a été produit de façon légale dans l’Etat de Shan[20]. Pendant les années 50 et 60 plusieurs systèmes de taxation ont favorisé la production d’opium et par la suite, l’essor du Triangle d’Or. Le premier a été réalisé par le Kuomintang (parti nationaliste chinois qui a envahi le Nord de la Birmanie) et le deuxième par les forces armées et les insurgés contrôlant la zone à la fin des années 60[21].
A partir de 1989, naissent des raffineries d’héroïne à la frontière sino-birmane et, en 1996, les exportations d’héroïne montent à 922 millions US$ [22]. Ce chiffre représente également les exportations « légales » du pays ! Toutefois les années 1990 sont marquées par l’apparition des ATS (stimulants de la famille des amphétamines) et de la croissance du marché de ces dernières, surtout avec la Thaïlande[23]. Leur production n’a cessé d’augmenter entre autres à cause de l’incompétence du gouvernement à arrêter cette « industrie ». En effet, en 2011, seulement 1200 personnes ont été arrêté à cause du trafic d’ATS contre plus de 200 000 personnes en Thaïlande 2013.[24] De plus, depuis l’intégration de la Birmanie dans l’ASEAN et surtout depuis l’ouverture de ses frontières en 2011 favorisent la circulation de biens et de services, et celle du trafic de drogue.
Ainsi, de nos jours, la Birmanie est le 2ème producteur d’opium et possède 25% du stock mondial de celui-ci. Même si la production continue à être énorme, cette dernière a baissé lors de l’arrivée des ATS dans le marché.[25] D’ailleurs, la valeur de l’industrie des ATS en 2013 s’élève à 15 milliards US$ 2013.[26] Entre incompétence et intérêts, les différents gouvernements n’ont pas pu faire face à la production et surtout à l’accroissement du marché des substances illicites. Mettre un terme à cela représente doncl ’un des principaux défis d’une Birmanie qui est en pleine transition.
[18] Chouvy, Pierre-Arnaud, 2010. “Opium : uncovering the politics of the poppy”, Cambridge, Mass.: Harvard University press.
[19] Ibid.
[20] Ancel, Hervé et Xavier Raufer, 1998. “Trafics et crimes en Asie du Sud-Est: le Triangle d’Or” Paris: Presses universitaires de France.
[21] Lintner, Bertil 1993. “The politics of the drug trade in Burma” Nedlands: Indian Ocean Centre for Peace Studies, University of Western Australia.
[22] INSCR. 1996 .International Narcotics Control Strategy Report. Washington, D.C. : Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs
[23] Ancel, Hervé et Xavier Raufer, 1998. “Trafics et crimes en Asie du Sud-Est: le Triangle d’Or” Paris: Presses universitaires de France.
[24] UNODC, 2013 «Patterns and Trends of Amphetamine-Type Stimulants and Other Drugs: Challenges for Asia and the Pacific.», G. S. Programme. Bangkok
[25] Chouvy, Pierre-Arnaud, 2010. “Opium : uncovering the politics of the poppy”. Cambridge, Harvard University press.
[26] UNODC, 2013 «Transnational Organized Crime in East Asia and the Pacific : A Threat Assessment.». Bangkok: United Nations Office on Drugs and Crime, Regional Office for Southeast Asia and the Pacific.