L’alliance entre la Chine et la Birmanie a été d’une importance majeure lors de l’arrivée de la junte militaire au pouvoir. Très avantageuse pour la Chine économiquement, cette relation a permis la survie de la junte.[3] Pendant cette période, les États-Unis étaient moins présents dans cette région du monde, permettant à la Chine de prendre la place qu’elle désirait dans cette région et d’apporter l’aide aux autres pays afin de modifier son image.[4] Alors que la plupart des pays occidentaux imposaient des sanctions à la Birmanie, la Chine concluait des contrats économiques surtout en ce qui concerne les ressources naturelles.[5] Dès 1990, la Chine devient l’allié le plus important pour la Birmanie devenant la principale pourvoyeuse de matériel militaire, de prêts et d’investissement dans les infrastructures[6]. En tant que principal investisseur dans le pays, pendant que la majorité des pays le sanctionnaient, la Chine pu maximiser sa sphère d’influence. Le Myanmar développa donc une dépendance. [7] De plus, cet allié jouait un rôle important dans les institutions internationales, par exemple, en 2007 la Chine apposa son droit de veto sur une résolution du Conseil de sécurité qui souhaitait condamner la Birmanie. [8] Suite à la révolution Safran, la Chine milita aussi pour réduire la résolution émis contre la Birmanie, mais manifesta aussi un agacement à défendre son allié constamment devant les institutions internationales importantes. [9]
Depuis 2011, la Chine surveille de plus près le retour des Occidentaux en Birmanie. Le retour de l’implication américaine dans la politique intérieure de la Birmanie menace l’influence que possédait la Chine, autrefois, la seule alliée. [10]
Aussi, les tensions sur la frontière entre la Birmanie et le Yunnan affectent la confiance entre les deux États. Le triangle créé entre les autorités des deux États et les minorités ethniques oblige la Chine à faire preuve d’ingérence. Le bris du cessez-le feu de 1994 éclata en 2011 dans la région du Kachin à cause des conflits à propos des gaz et pétroles et des mines de jade déstabilisa ainsi les frontières près de la Chine.[11] Cependant, la Chine décida d’opter pour une politique de non-interférence.
Depuis l’implication de la Chine en Birmanie, une sinophobie se développa, particulièrement dans les régions du Kachin et des États Shan, causée par les polémiques des projets d’exploitation minière, d’exploitation de ressources naturelles, dans le trafic humain où les Chinois sont fortement impliqués. [12] En 2006, le projet d’hydroélectricité est devenu un enjeu très important et très controversé, jusqu’à la décision des autorités birmanes de suspendre le projet jusqu’en 2015. [13]
La situation de la Chine économiquement est fébrile en ce qui concerne les ressources naturelles. Son modèle de production implique une augmentation de ressources et son manque en apport la force à importer de plus en plus des pays où elle a des ententes.[14] C’est pourquoi la Birmanie devient encore plus aujourd’hui un allié infaillible pour ces ressources naturelles et les territoires qu’elle possède.[15]
Donc, les relations entre la Chine et la Birmanie sont encore aujourd’hui très importantes malgré les tensions qui existent. La Chine doit apprendre à gérer les changements démocratiques et les différents groupes d’opposition en Birmanie, tout comme la Birmanie tente de réduire l’influence de la Chine. Pour le moment, qu’un État prenne la place de la Chine n’est pas encore envisageable, bien que celle-ci perd peu à peu sa sphère d’influence.[16]
[1] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 341.
[2] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 338.
[3] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 277.
[4] Hung Ming-te & Tony Tai-Ting liu, « U.S. Foreign Policy in Southeast Asia Under the Obama Administration: Explaining U.S. Return to Asia and its Strategic Implications ». USAK Yearbook of International Politics and Law 5 (2012), 206.
[5] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 277.
[6] Lavina Lee, «Myanmar’s Transition to democracy: New opportunities or obstacles for India», Contemporary Southeast Asia 36.2 (2014), 293.
[7] Jürgen Haacke, « Myanmar: now a site for Sino–US geopolitical competition? ». LSE ideas: London School of Economics and Political Science (2012), 59.
[8] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 275.
[9] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 278.
[10] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 288.
[11] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 289.
[12] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 289.
[13] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 291.
[14] François Lemoine, « Chine : le prix de la compétitivité », La lettre du CEPII 254 (2006).
[15] Ibid., 55.
[16] Renaud Egreteau et Larry Jagan, Soldiers and diplomacy in Burma: Understanding the Foreign Relations of the Burmese Praetorian State (Singapore: NUS Press; Bangkok : IRASEC, 2013), 292.