L’éducation

Alors que la Birmanie possédait l’un des meilleurs systèmes éducatifs d’Asie du Sud-Est avant l’arrivée au pouvoir de la junte militaire, ce système est maintenant dans un état critique[1]. Ayant un rôle déterminant lors des manifestations de 1988 contre la dictature de Ne Win, les étudiants représentaient, à partir de ce moment-là, un danger pour le régime militaire. Dans les années 90, le gouvernement mené par Than Shwe ferme de nombreuses universités afin de limiter tout type de contestation[2]. La plupart des étudiants sont alors des fils d’officiers militaires ou d’hommes d’affaires en contact avec le pouvoir. Le premier problème du système éducatif birman concerne l’accessibilité à l’éducation[3]. Celui-ci, étant encore d’actualité, touche de nombreux enfants et ce, dès leur plus jeune âge.

DSC0537-1024x680Officiellement, l’école primaire est prise en charge par l’État Birman. Suite à une réduction du budget dans le secteur et à un certificat de naissance devenu obligatoire à partir de 1995, des dépenses supplémentaires se sont rajoutées. Ainsi, le matériel scolaire, les uniformes ou encore des tutorats deviennent payants et à des prix élevés. De nombreuses familles, surtout celles vivant dans les milieux ruraux, se voient obligées d’arrêter la scolarisation de leurs enfants[4]. Dans une étude réalisée par l’UNICEF en 2010, seulement 28% des enfants âgés entre 10 et 15 ans, appartenant aux ménages les plus pauvres ont accès à l’école primaire. L’éducation devint alors, dans les années 90, un luxe pour les familles birmanes et la plupart des enfants arrêtaient leurs études à mi-chemin. La moitié d’entre eux n’ont pas accès à l’école secondaire et doivent travailler dès leur plus jeune âge[5]. Avec un accès difficile, le niveau scolaire des enfants birmans peut donc être considéré comme faible. Toutefois, l’accès à la scolarisation n’est pas le seul responsable du niveau d’éducation dans le pays…

Si la qualité de l’enseignement en Birmanie laisse à désirer encore aujourd’hui, c’est également à cause du budget national qui lui est attribué. En 2013-2014, seulement 4,4% [6]de ce dernier est destiné au système éducatif (le support militaire représente 21% pendant la même période). Cette « logique » a été réalisée depuis 1962 ce qui a mené à une détérioration progressive du système d’éducation. Si les établissements scolaires sont loin d’être idéals, c’est surtout la qualité de l’enseignement qui a été le plus affectée pendant les années de dictature. Sanctionnés par des mutations par exemple, les enseignants ne pouvaient prendre aucune initiative et leur matériel pédagogique est quasi inexistant à cause de la censure de l’époque. D’ailleurs, des professeurs mal formés, mais dociles étaient préférés aux professeurs compétents[7]. Pa_ETI8452r ailleurs, les conditions de travail des enseignants sont encore de nos jours difficiles. En effet, ils doivent faire face à des classes très nombreuses (ce qui est moins pédagogique) et il reçoivent des salaires ridicules.

Ainsi, pendant la junte militaire, l’éducation a été tout sauf une priorité. Considérée comme une menace pour le régime dictatoriale de l’époque, l’accès au système éducatif national a été de plus en plus difficile due à des frais supplémentaires non gérables pour de nombreuses familles. De plus, le manque de budget de la part de l’État dans ce secteur n’a pas permis  au système d’éducation d’évoluer. Malgré l’alternative des monastères qui offrent une éducation gratuite, elle est toutefois limitée L’éducation reste l’un des grand défis de cette nouvelle Birmanie.

Enfants sortant de l'école, Lac Inlay
Enfants sortant de l’école, Lac Inlay

 


[1] Hayden Martin & Martin Richard, 2013. « Recovery of the Education System in Myanmar», school of education Southern Cross University.

[2] Buncombe, Andrew. 2013. “Why Burma is going back to school”. The Independent (17 Février 2013). Consulté le 9 Novembre 2014.

[3] Hayden Martin & Martin Richard, 2013. « Recovery of the Education System in Myanmar», school of education Southern Cross University.

[4] Martin Richard, 2011 « Education in Myanmar: opportunity for limited engagement » Education in South East Asia. Oxford p121-136.

[5] Hayden Martin & Martin Richard, 2013. « Recovery of the Education System in Myanmar», school of education Southern Cross University.

[6] Ibid.

[7] Hayden Martin & Martin Richard, 2013. « Recovery of the Education System in Myanmar», school of education Southern Cross University.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *