Les droits de l’Homme

 

 

La situation des droits humains à Singapour n’est pas aussi philanthropique que l’on pourrait le penser vu de l’extérieur. Malgré l’image de prospérité et de vie fastueuse que renvoie la population Singapourienne, ces acquis ont été obtenus à un prix élevé, soit au détriment des droits humains. Des droits des enfants aux trafics humains, de la liberté d’expression à la liberté d’association, Singapour est loin d’être un exemple de promotion des droits fondamentaux.

Depuis la montée au pouvoir du PAP, les choses se sont vite dégradées car le gouvernement devait s’assurer qu’il n’avait aucun risque de perdre pouvoir. Cela voulait dire la mise en place de deux garanties : la stabilité politique et une main-d’œuvre non-militante à bas salaire. Dès là, le gouvernement PAP a commencé à promouvoir l’idée du sacrifice des droits humains pour le bien-être collectif de la communauté et pour la survie nationale.[1] Ce dernier ne perdra pas de temps à exécuter des contrôles stricts sur les différents partis politiques, les unions, les sociétés, et tout autre groupe qui risque d’instiguer des agitations ou autre forme de contestation. Dorénavant, les rassemblements publics requièrent des passes spéciales et une censure robuste a été mise en œuvre sur tout ce qui avait à faire avec les affaires domestiques et la politique.

Pour le gouvernement singapourien, la priorité est clairement mise sur le développement économique plutôt que sur des objectifs politiques et sociaux. Le gouvernement n’a pas de remord à sacrifier des droits comme la liberté d’expression, la liberté d’association, les élections pluralistes, ou encore la liberté de la presse pour autant que ça leur rapporte le pouvoir et l’opulence. Les peines capitales dans le pays ne sont pas destinées à punir les personnes, mais plutôt à protéger la communauté dans son ensemble pour décourager de telles actions à l’avenir. Il y a une sorte de déraillement de la notion de droits humains.

Il y a plusieurs choses à dire sur tout ce qui entrave plu ou moins le progrès des droits de l’homme dans un pays comme Singapour. Premièrement, il y a la notion des ‘Valeurs Asiatiques’ qui fait valoir que les droits humains définis en tant que droits individuels ne sont qu’un concept de l’Occident. L’ambassadeur Tommy Koh a déjà affirmé que dans les sociétés asiatiques, ce sont les valeurs familiales et sociales qui priment sur les droits individuels[2]. De plus, beaucoup perçoivent les droits humains comme un jeton d’influence de l’Ouest pour obtenir plus d’avantages au niveau des relations internationales. Également, la situation spéciale de Singapour l’a obligé à s’adapter vite et de manière efficace, dans des conditions difficiles. Les gens étaient plus préoccupés par d’autres problèmes comme la pauvreté et peu d’attention a été allouée aux droits humains. L’ex Premier ministre Lee Kuan Yew se prononçait abondamment sur la question du système l’Occidentale en disant qu’une démocratie basée sur ce modèle n’aboutirait qu’à un taux élevé de pauvreté, de crimes, de trafique de drogue, d’enfants délinquants, et à une société troublée avec une économie dévastée[3].

Finalement, la taille du pays et la centralisation du pouvoir ont fait que la population vit toujours dans la peur que cette ‘puissance’ s’amorce entre de mauvaises mains. Les détentions ‘préventives’ et les emprisonnements arbitraires sont donc justifiés pour prévenir ce malheur. D’ailleurs, ces concepts sont présents de façon nombreuse dans la population Singapourienne et le gouvernement se nourrit amplement de ces idées erronées et pour promouvoir leur propre politique. L’un des conseillers juridiques du gouvernement le plus acclamé, Mr. Walter Woon, s’est prononcé sur la question des droits de l’homme en disant que les droits humains étaient devenus une sorte de religion pour certains et que cela donnerait naissance aux fanatiques, évitant leur habileté de voir tout le bien qu’apportent les droits communs au niveau individuelle[4].

 

 

En définitive, Singapour n’a pas non plus une réputation remarquable par rapport à ses obligations de droits de l’homme sur la scène internationale. Il fait tout en son pouvoir pour éviter les conventions des Droits de l’Homme, ne signant que 3 de 25 traités possibles[1]. Le pays est connu pour la détention préventive (sans preuve), l’emprisonnement sans procès, les restrictions à la liberté de circulation, d’association et de parole. De plus, les mauvais traitements physiques et psychologiques sont courants, ainsi que des entraves aux contrôles judiciaires, l’intervention en justice, l’intimidation ou encore le harcèlement des partis opposés au PAP.

Il y a trois législations principales dans la loi de Singapour qui sont une préoccupation particulière pour les revendicateurs des droits de l’homme :

 

Public Order Act

 

Plus récemment, le gouvernement singapourien, en préparation pour le Sommet de l’APEC qui aura lieu dans le pays en novembre, a passé le « Public Order Act » le 13 avril, 2009. Cela restreint encore plus le droit de la population Singapourienne de se rassembler pacifiquement comme prévu a l’article 14(1) de la constitution Singapourienne.

Avec la Sec. 2(1) de ce nouvel Acte, même deux personnes qui se déplacent ensemble et veulent s’opposer ou soutenir une opinion, sont perçues comme nuisibles à l’ordre public si elles n’ont pas reçu de permis préalable du gouvernement.[1] De plus, la Sec. 7 (2), qui est rédigée de façon très floue, numérote les circonstances qui peuvent aboutir à un déni de permis de rassemblement. Comme cette dernière est assujettie à l’interprétation des officiers et du gouvernement, la plupart des demandes ne passent pas. Enfin, la section 12, 25, et 28 invitent les policiers a prohiber ou arrêter tout acte en déroulement qu’ils considèrent comme étant nuisible à la sécurité nationale, leur donnant le pouvoir inconditionnelle de fouille des personnes, de questionnement, et de détention. Cela agit sur la liberté de mouvement des personnes, la protection de leur vie privée, et finalement, le droit de ne pas être détenu arbitrairement.

Cet acte est le dernier d’une longue séries de lois restrictifs et vient renforcer des Actes préexistants comme le Public Entertainments and Meetings Act (PEMA) et le Miscellaneous Offences Act (MOA), qui sont déjà utilisés de façon récurrente pour contrer des activités pacifiques.