Idéologie nationale à Singapour

 

On peut identifier la formation d’une idéologie nationale à Singapour à travers 5 valeurs que partageraient la population et qui sont proclamées par le régime en 1991 :

  1. Nation before community and society above self;
  2. La Famille comme base de l’unité de la société
  3. La communauté soutient et respecte l’individu
  4. Le consensus et non le conflit.
  5. L’Harmonie raciale et religieuse

On a l’habitude de dire que cette idéologie justifie une tendance culturelle chinoise dans la politique de Singapour. De plus, on suggère que l’opposition dans le pays crée des conflits et elle est donc antinationale. On veut aussi minimiser l’importance du pluralisme culturel, insister sur la responsabilité ultime de la famille et de la communauté – et non pas de l’Etat – pour le bien et le soutien des pauvres, des infirmes et des personnes âgées. On va attaquer les valeurs occidentales caractérisées par l’individualisme, l’égoïsme, le matérialisme et la décadence morale. Afin de justifier un caractère autoritaire sans limite qui pourrait amener la prospérité et l’ordre à Singapour, on met en place ses principes idéologiques. On veut aussi justifier cet ordre hiérarchique et patriarcal de la société et du gouvernement. Aussi, on veut défendre la nation des menaces réelles et potentielles venant de l’étranger, relevant des sujets importants au niveau culturel ou en ce qui concerne la sécurité. Cette idéologie ne prête pas attention à la démocratie, à la justice sociale ni aux droits de l’homme et aux droits politiques. Elle ne mentionne pas non plus le pluralisme culturel, la liberté religieuse excepté les valeurs confucéennes. Pour le PAP, toutes ces valeurs et ces droits, qui ne font pas partie de cette idéologie nationale, ne sont vraisemblablement que des suppositions.

A Singapour, l’opposition est en train de gagner du terrain dans les élections, mais elle n’a toujours aucune chance de remplacer le PAP. Cette opposition est vraiment trop profondément divisée et manque de leaders charismatiques qui saurait attirer une majorité d’électeurs. Pourtant, le soutien croissant de la population envers le parti d’opposition a fait réagir le PAP. En effet, le parti au pouvoir porte davantage son attention sur l’opinion publique et devient plus désireux de faire taire les critiques.

Les dirigeants du Parti sont conscients des différentes options qui s’offrent à eux, incluant les réformes et une certaine vision démocratique en s’ouvrant aux autres partis politiques. Par exemple, l’influence du Ministre Lee Kuan Yew pourrait pousser le parti à cette ouverture dans le futur.

A partir des années 1990, Lee Kuan Yew ainsi que son successeur Goh Chok Tong ont eu pour tache de maintenir l’harmonie raciale et d’éviter les conflits interethniques comme celui de 1964. Les Singapouriens sont totalement urbanisés et scolarisés. Ils ont un revenu par habitant très élevé, le plus haut de la région devant le Japon. Le développement de Singapour notamment sur le plan économique avec une excellente maitrise des technologies de pointe a fait émerger un besoin de libéralisation du politique pour faire place à la créativité et à l’initiative face aux nouveaux défis du XXIème siècle.

En surface, la cité-État à l’air d’un paradis d’intégration ethnique, indiens, malais et chinois y cohabite en harmonie, est-ce vraiment le cas ?

 

Fausse harmonie : rapports interethniques et discrimination à Singapour