Singapour n’a pas toujours été l’éclatante cité-état quelle est aujourd’hui. Elle doit une bonne partie de son statut à divers facteurs intérieurs comme extérieurs qui l’ont propulsée à l’avant-scène du monde économique moderne. Tout d’abord Singapour n’est qu’une petite île (et un amas de plus petites îles) faisant moins de 700km2 et est dépourvue de ressources naturelles que nous pourrions qualifier d’intéressantes (or, pétrole, diamants, etc.) Comment une île sans réel potentiel de croissance à la base et sous-développée à l’origine est-elle devenue un joyau de l’économie moderne ?
Il faut se pencher tout d’abord sur l’histoire de l’île. Bien qu’habitée avant l’arrivée des Britanniques en 1819, ce fut l’arrivée de ses derniers qui développèrent l’île de façon significative. Sir Raffles avait vu en cette île un point de contrôle important pour le passage des navires commerciaux se rendant en Orient. L’échec de la négociation d’accords commerciaux avec la Chine par les Britanniques ralentit le développement de Singapour. La population a tout de même atteint 65 000 personnes en 1870. L’ouverture du Canal de Suez en 1869 a permis aux navires à vapeurs de se rendre en Orient sans avoir à emprunté le dangereux passage du Cap de Bonne-Espérance. Singapour prend alors de l’essor en devenant l’entrepôt de la région pour deux matières très en demande : le caoutchouc et l’étain. Singapour servira aussi de port de ravitaillement en charbon pour les navires à vapeur qui ne peuvent s’éloigner trop des côtes de peur de manquer de carburant. Rapidement l’économie de Singapour sextuple et le volume des échanges commerciaux grimpe de 67 millions à 431 millions entre 1871 et 1873. L’île connaît un véritable économique et vit au rythme de la frénésie du monde industriel.
Au tournant du 20e siècle la découverte de pétrole en Indonésie et en Malaisie propulsera davantage le commerce à Singapour, qui reste la plaque tournante du commerce régional avec son port sans cesse en constante évolution. La population durant n’a cessé de croître et a triplée en 30 ans passant à presque 200 000 habitants. Le boom pétrolier et l’arrivée massive de travailleurs chinois pour palier à la demande sans cesse croissante fera plus que doubler ce nombre pendant les trente prochaines années à 500 000 habitants aux alentours de 1936.
La crise économique des années 1930 frappera aussi Singapour dans les années 1930. La chute du prix du caoutchouc causé par un effondrement de la demande mondiale causera un ralentissement économique à Singapour. Les marchés ont toutefois continué de tourner et comme Singapour était un port d’importance dans la région l’économie continua de tourner. La production de riz ne chuta pas ce qui permis de nourrir la population se dirigeant vers les villes, la famine et la panique purent être évités. Il ne faut pas oublier qu’en Amérique la plupart des fermiers devaient fortement s’endetter et emprunter afin de se procurer l’équipement nécessaire à la production, ce qui mis fin à certaines productions dans plusieurs régions américaines, mais la riziculture n’a jamais requis d’équipement motorisé et la température fut clémente. Singapour a été touchée par la crise mais s’en est tirée sans trop de blessures, comparativement à plusieurs autres pays occidentaux. L’arrivée de la Deuxième Guerre Mondiale fit remonter le prix du caoutchouc et de l’étain donnant une petite secousse à l’économie Singapourienne qui en avait bien de besoin.
Après la deuxième guerre mondiale Singapour se retrouve devant plusieurs problèmes ; un baby-boom et une chute de la demande du caoutchouc et d’autres matières premières. La ville est donc forcée d’innover afin de devenir plus qu’un port : elle doit développer ses propres industries. En s’alliant avec le nouvel état Malais, il est conclu que Singapour et la Malaisie procéderont à des échanges et imposeront des tarifs à la compétition étrangère afin d’encourage la production et l’achat local. Avec le développement économique et une nouvelle stabilité sur le plan local ainsi qu’une fermeture de la Chine, Singapour redeviendra un port d’envergure dans la région, tant pour l’entreposage que pour le ravitaillement.