Autoritarisme comme conséquence du communautarisme
L’idée centrale du communautarisme est que les intérêts collectifs sont placés avant les intérêts individuels. Logiquement, ce qui constitue les intérêts collectifs devraient être basé sur le consensus. Cependant, on a du mal à solliciter toutes les opinions et tous les intérêts. On va essayer de résoudre ce souci en faisant une fusion entre l’Etat et la société. Les dirigeants politiques qui ont été élus vont donc prendre la responsabilité, avec l’autorisation du peuple, de définir ce consensus et les intérêts nationaux.
Le Communautarisme en lui-même ne privilégie aucune forme de gouvernement, cette forme dépend de l’histoire politique et de la culture du pays.
Cependant, la fusion entre l’Etat et la société peut aussi légitimer l’intervention de l’Etat mais favorise aussi la montée de l’autoritarisme notamment parce qu’on croit qu’il faut agir pour le bien de tous et qu’en l’utilisant comme une excuse, on assure la stabilité du pays et le bien-être de la population. C’est pourquoi, au lieu de favoriser un type de gouvernement, le communautarisme engendre souvent une pratique autoritaire.
Sous le gouvernement du PAP, le système de légalité est ancré dans un esprit pragmatique et utilise comme un instrument de rectification des comportements sociaux, bien adapté avec les besoins du Parlement, l’unique autorité qui crée les lois.
Selon certains chercheurs, il n’y a pas de constitution, malgré le fait de sa présence matérielle, considérant que les lois sont faites et utilisées comme un instrument permettant de maintenir l’ordre social, comme on le comprend dans la tradition occidentale. La plupart des spécialistes de Singapour ne sont pas convaincus par une possible démocratisation à Singapour.
État non libéral
Les caractéristiques du non-libéralisme permettent d’expliquer l’idéologie et les pratiques du PAP. Durant l’indépendance, leur idéologie est vraiment tournée vers la « survie de la nation ». Depuis, on ne cesse de renouveler ce discours en utilisant l’intérêt national comme ressource idéologique. Le non-libéralisme est considéré par le PAP comme un besoin pour le développement économique et le bien-être matériel de la population. Pour assurer cette évolution, la discipline dans le travail est exigée tant dans le domaine social que politique et culturel. L’extension de ce contrôle disciplinaire n’est pas seulement justifiée par le besoin de croissance. Le PAP considère que l’accroissement de la qualité de vie est un devoir envers les Singapouriens. Parallèlement, c’est un Etat qui continue d’être vraiment interventionniste sous prétexte qu’il est nécessaire de maintenir la stabilité politique et sociale et d’assurer la croissance économique. Pourtant, malgré cet interventionnisme, la tenue des élections démocratiques continuera.
Légitimité de l’État
Comment expliquer qu’il n’y ait pas d’alternance politique à Singapour ? Comment justifie-t-on cette relation entre la société et l’Etat avec une intervention systématique de l’Etat dans la vie privée.
Dans un Etat antilibéral et communautaire, les problèmes économiques continuent d’avoir la priorité sur les autres questions majeures comme la construction d’institutions parce que les progrès matériels sont les indices les plus solides pour prendre soin des biens collectifs. L’amélioration de la vie matérielle à Singapour a souvent pour objectif de suspendre tous les abus qui découlent des droits individuels dans les démocraties libérales.
Certaines procédures démocratiques ne sont pas incompatibles avec une telle politique. On peut en effet distinguer les interventions de l’Etat de la coercition illégitime. Il y a différentes interprétations de la signification des élections. Dans un Etat libéral, les opinions des électeurs reflètent leurs intérêts particuliers. La décision du votant est souvent un processus assez lent qui résulte d’un partage d’opinion et de consultation. Les dirigeants politiques sont élus parce que les électeurs croient que ce politicien va satisfaire leurs intérêts. En revanche, un dirigeant non libéral pourrait interpréter ses élections comme étant la preuve que le peuple lui accorde une confiance électorale et la possibilité de décider de l’intérêt de la collectivité.
Les attentes de l’électorat sont donc bien différentes selon le type de pouvoir. Dans un Etat libéral, l’électorat décide tardivement pour quel candidat il va voter et pour savoir quels seraient les meilleurs choix possibles. De plus, l’inaction de l’électorat ainsi que son manque d’intérêt et sa lassitude sont des caractéristiques d’une partie des électeurs dans les démocraties libérales. En revanche, dans un Etat non libéral, on s’attend plutôt à ce que l’électorat agisse activement, judicieusement et de manière rapide selon des critères de performance.