Politique Chapitre 2 : Entre démocratie et autoritarisme

 

Comme énoncé précédemment, la particularité du régime singapourien réside dans l’imbrication d’un régime semi-démocratique légitimé par des élections libre et la prédominance d’un parti autoritaire face à qui peu d’opposants ne font le poids. Comme l’a énoncé l’ancien premier ministre Lee Kuan Yew (59-90), il existerait un contrat social tacite entre l’Etat et la population partant du principe que “l’idée libérale d’une société fondée sur la loi, le droit et l’ordre, est incompatible avec le besoin de développement économique de Singapour”. L’économie étant le premier enjeu sur l’agenda politique, le peuple est donc orienté à accorder son vote au parti lui garantissant une constante prospérité.

 

Le système politique singapourien: Le long règne du  PAP 

 

(Le PAP, parti au pouvoir depuis 1954 avec à sa tête aujourd’hui le 1er ministre Lee Hsien Loong)

La désignation du leader étatique se fait par voie électorale à Singapour. Depuis sa création en 1954, le People’s Action Party ( PAP) est en tête des sondages et a su s’attirer les faveurs du public grâce à sa capacité à structurer et à établir des règles d’engagements politiques qui tendent à lui être favorables (Singh, 2011). Il a su entre autres satisfaire les intérêts d’ordre racial, religieux et linguistiques en toute équité et ainsi se constituer un électorat large, que ne peut qu’envier l’opposition. Cette dernière existe bien mais disposent de ressources limitées, manquent d’expérience voire ne proposent aucune politique ni agenda alternatif crédible (Singh, 2011). Le léviathan asiatique semble donc le seul à être vraiment en lice pour les prochaines élections devant se tenir en Août 2020, avec l’actuel président Lee Hsien Loong comme représentant contre Pritam Singh, leader du parti socialiste des travailleurs.

Si la stabilité et la croissance sont les maîtres-mots de ce pays, quid des idéaux démocratiques? Comme en témoigne la privation de plusieurs libertés fondamentales aux démocraties occidentales, il s’avère que le débat politique et la liberté de parole soient dans une moindre mesure le cadet de ses soucis.

 

La privation des libertés: l’obsession du contrôle

 

(La liberté économique ne favorise pas pour autant les libertés d’opinions dans la cité-état)

Le gouvernement singapourien exerce un contrôle strict sur la presse, les syndicats et toute organisation de base. Afin de limiter toute dérives, Lee Kuan Yew avait affirmé que: « la liberté de la presse, la liberté des médias, doit être subordonnée aux besoins primordiaux de Singapour et à la primauté des objectifs d’un gouvernement élu ».- propos appuyés par le Newspaper and Printing Presses Act. A cela s’ajoutent également la loi sur la sédition (Sedition Act) et la loi sur les publications indésirables (Undesirable Publications Act), considérant toute déclaration allant à l’encontre des intérêts étatiques comme étant soit de l’ingérence étrangère, soit de la pure diffamation.

Pour ce qui est des syndicats, le parti hégémonique a créé en 1960 la  Fédération nationale des syndicats (NTUC), s’occupant de la discipline et la formation des travailleurs aux valeurs de travail et de loyauté (Singh, 2011) tout en évitant l’émergence d’autres organisations concurrentes.

Le système punitif quant à lui joue sur différents moyens de contrôle, allant du dissuasif avec les lourdes amendes en passant par les châtiments corporels(coups de cannes) et pour finir, la case “prison’-n’excluant pas que les précédentes mesures aient été aussi appliquées.

La présence d’un État- Providence fort et généreux tend à limiter les contestations populaires. En investissant sans cesse dans plusieurs secteurs, le gouvernement singapourien s’assure de maintenir la population sous “opium économique”. L’absence de partis d’oppositions aux moyens d’actions concrets et aux propositions fortes légitime le PAP, ayant maintenu toutes ses promesses depuis sa venue au pouvoir. Néanmoins, mes doléances sociales et démocratiques se font de plus en plus nombreuses, ce qui pourrait in fine contraindre l’État à relâcher la bride au risque de voir imploser sur son territoire une myriades de tensions latentes.