(3.3) Relations Internationales
Approche d’équilibre multidirectionnel
L’une des priorités du Sultanat du Brunei est de maintenir de très bonnes relations internationales, autant avec les États dans la région qu’avec les grands pouvoirs mondiaux. Plus que l’entretien d’opérations de défense multilatéraux, le Brunei maintient une police étrangère dite multidirectionnel, c’est-à-dire qu’il maintient de bonnes relations avec tous les pouvoirs, notamment la Russie, les États-Unis, la Grande-Bretagne et bien sûr la Chine (Roberts, 2016, 103). Cette approche lui permet d’assurer une protection de sa souveraineté et garantie ses intérêts dans toutes les sphères et dans toute éventualité économique (Gin, 2016, 70).
Dès son indépendance en 1984, le Brunei à commencer à employer une politique d’investissement à l’internationale afin de gagner une plus grande légitimité sur la scène mondiale. Pauvre en main-d’œuvre ou en matières premières, le Brunei su se servir de sa richesse impressionnante en huile en capital financier pour attirer l’attention et la faveur de plusieurs super pouvoirs mondiaux, avec le but ultime d’établir des relations internationales à long-terme (Menon, 1988, 256-257).
Ces dons et investissement, placés ou données de manière tout à fait stratégique, agissent comme des pots-de-vin légaux, par lequel le Brunei gagne non seulement la faveur de décideurs politique d’influence, mais arrive à légitimer le sultanat aux yeux de la communauté internationale. Où les autres pays de la région ont connu une forte pression de démocratisation, soit du peuple ou de puissances mondiales, le Brunei reste le seul pays dans l’ASEAN sans aucune semblance de démocratie. Ses investissement et dons à l’étranger serviraient donc d’outil pour placer le Brunei et le règne monarchique du Sultan Hassanal Bolkiah dans l’angle mort de la communauté internationale.
Grande-Bretagne
En dépit du passé coloniale que partage la Grande-Bretagne avec plusieurs de ses anciennes colonies, le Brunei et la Grande Bretagne maintiennent toujours une très bonne entraide économique et politique. Riche en capital financier et matières première, le Brunei est souvent docile aux demandes britanniques en matière de devise étrangère et politique financière, exemplifier par la conversion gouvernementale d’une somme d’argent importante de dollars du Brunéi en Livres Sterling pour influencer le taux d’échange de ce dernier (Menon, 1988, 256). Cette docilité en politique interne et monétaire de la part du Sultan est échangée contre le maintien d’une base militaire au sein de son territoire et des concessions économiques importantes (Roberts, 2016, 102).
États-Unis
La stratégie d’investissement internationale a été largement implémentée pour attirer l’attention des États-Unis dans le but de créer une entraide entre les deux États fondée principalement dans les intérêts stratégiques en matière de sécurité (Gin, 2016, 70).
Du point de vue des États-Unis, le Brunei a servi de base d’approvisionnement et de centre d’entraînement pour ses forces navales et armée dans le contexte de la Guerre Froide, et le conflit dit « chaud » de la Guerre du Vietnam. Plus récemment, le rôle important que joue le Brunei et Hassanal Bolkiah au sein de l’ASEAN permet au États-Unis d’assurer l’implémentation de leur police dans la région. Pour le Brunei, les avantages restent toujours une plus grande influence dans la région ainsi qu’une sauvegarde de sa souveraineté et sécurité domestique (Gin, 2016, 70).
Chine
La Chine et le Brunei partagent une longue histoire, datant d’il y a plus de 2000 ans (Gin, 2016, 70). Ils partagent une lignée génétique et ont longtemps entretenu un important commerce (Gin, 2016, 50). Cependant, le protectorat britannique implémenté au Brunei à la fin du XIXème siècle créa des tensions entre ces anciens alliés politiques, largement due aux guerres d’opiums et à l’oppression que la Chine a subi aux mains de la Grande-Bretagne. Ce n’est qu’à partir de 1991, après l’indépendance du Brunei en 1984 et la tombée du régime Communiste chinois, que les deux États commencèrent à rétablir des relations bilatérales.
Longtemps allié des États-Unis, ce n’est qu’en 2013 que la police étrangère du Brunei s’ouvre face à la Chine, qui elle investit davantage dans la région. En dépit de leur dispute face à la souveraineté dans la mer méridionale de Chine, et conformément à sa politique d’équilibre multidirectionnel et sa résolution de conflits axées sur non-confrontation, le Brunei ouvre peu à peu ces portes à la Chine qui est devenu un partenaire économique essentiel dans la région (Gin, 2016, 71)
Japon
Le Brunei dépend énormément du Japon, qui représente son plus important partenaire commerciale (44% de ses exportations totales en 2012), notamment en matière d’hydrocarbures et de gaz naturel. Cependant, le Japon est un partenaire important pour le Brunei puisque ce dernier bénéficie énormément des technologies qui lui sont offertes par le Japon afin de diversifier son économie (Gin, 2016, 69).
Malaisie
Les peuples de ces deux États de l’île de Bornéo partagent une culture, une langue et une histoire partagées. Ayant tousses fait partie de l’empire du Brunei, des tensions entre la Malaise et le Brunei se développent lors de la dissolution de l’empire en 1888 avec la concession de Sarawack au Rajah Blanc, Charles Brooke. La souveraineté de la région de Limbang à Sarawak, un territoire malais depuis 1962, est disputée par le Sultan Hassanal Bolkiah qui affirme que le territoire n’a pas été cédé à Brooke et que la ville est effectivement un territoire appartenant au Brunei. La région sépare non seulement le Brunei en deux parties distinctes, mais elle a servi de paradis pour les rebelles brunéiens en 1962 (Gin, 2016, 73).
Cette dispute à pris de l’envergure en 2003 après la découverte d’une quantité considérable d’huile dans la mer directement adjacente à Limpang (Roberts, 2016, 102). Cet épisode, qui a inclus une longue confrontation entre les flottes des deux États, a été résolu en 2009 avec la signature de l’ « Échange de Lettres » (Thambipillai, 2010, 79). La Malaisie céda les réserves d’huile au Brunei en échange d’une part des profits et de l’abandon de la région de Limbang par le Brunei (Roberts, 2016, 103). Depuis 2009, les relations entre les deux État ce sont beaucoup améliorer, marqué par la construction d’un pont traversant Lamping qui connecte les régions de Temburong et Brunei-Muara (Gin, 2016, 73)
Singapour
Singapour est l’un des partenaires commerciaux les plus importants pour le Brunei. Les relations entre les deux pays prennent leurs débuts en 1965 avec l’expulsion de Singapour de la Malaisie (Gin, 2016, 550. Depuis, les deux micro-états partagent une relation d’entraide marquée par des intérêts communs en matière de défense (Singapore maintient une force sur le territoire du Brunei) et de politique financière (les deux devises sont interchangeables). De plus, en 2014, plus de 20 pourcents des importations brunéennes provenaient de Singapore (Roberts, 2016, 102).
Indonésie
Le rôle qu’a joué l’Indonésie dans la rébellion brunéienne et la contestation de la souveraineté du Sultan Omar Ali dans années de l’Après-Guerre ont largement impacté les relations entre les deux États. Dans le cadre de sa campagne de libération du Nord de l’île de Bornéo, Sukarno à ouvertement financer et aider le North Kalimantan National Army (bras militaire du PRB) lors de la révolte armée de 1962 (Gin, 2016, 55). Cependant, les tensions entre l’Indonésie et le Brunéi se sont améliorées suite à la chute de Suharto (et de son régime communiste), de l’arrivée au pouvoir du Sultan Hassanal Bolkiah et de la création officielle de l’ASEAN en 1967. Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que les premières tentatives de réconciliation de l’Indonésie commencèrent, solidifier par des liens plus formelles suite à l’indépendance du Brunei en 1984 (Gin, 2016, 56).
Aujourd’hui, le Brunei a su identifier l’Indonésie comme un partenaire commerciale indispensable, et naturelle, dans l’Asie du Sud-Est. Le Brunei y investit de manière importante et bénéficie d’un commerce en hydrocarbures avec l’Indonésie (Menon, 1988, 258).
Sources
Gin, Ooi Keat. 2016. Brunei – History, Islam, Society and Contemporary Issues. New York/Oxon: Routledge.
Kumpoh, Asiyah Az-Zahra Ahmad. 2017. « BRUNEI DARUSSALAM IN 2016: Adjusting to Economic Challenges. » Southeast Asian Affairs: 117-130.https://www.jstor.org/stable/26492597.
Menon, K. U. 1988. « Brunei Darussalam in 1987: Modernising Autocracy ». Asian Survey 28 (2), A Survey of Asia in 1987: Part II: pp. 252-258
Roberts, Christopher B., and Malcolm Cook. 2016. « BRUNEI DARUSSALAM : Challenging Stability. » Southeast Asian Affairs: 95-106. https://www.jstor.org/stable/26466921.Thambipillai, Pushpa. 2010. « BRUNEI DARUSSALAM IN 2009 : Addressing the Multiple Challenges ». Southeast Asian Affairs: 71-82. http://www.jstor.org/stable/41418559.