République des Philippines: En guerre contre le narco-trafic, la démocratie se détériore.

1. Drapeau des Philippines

Le démocratie avant Duterte

Les signes d’une démocratie dynamique aux Philippines sont nombreux: il y a eu une participation électorale importante aux élections générales de 1992, 1998, 2004 et 2007 et même aux élections de mie-mandat. Comme l’illustrent les campagnes de 2010, l’engagement civique est également important; des milliers de bénévoles et un réseau dense d’ONG et de médias indépendants garantissent que le processus électoral est pour la plupart libre et équitable.(1) Peut-être le plus remarquable, les Philippins soutiennent la démocratie même s’ils accusent un retard dans le développement économique de la région depuis près d’un demi-siècle.

Cependant, d’après Morlino, professeur de sciences politiques et écrivain,(2) le respect des procédures a été minime. Il a également été impossible de garantir des résultats équitables et de ne pas répondre aux demandes générales des citoyens.(3) Cependant, depuis l’arrivée au pouvoir de Rodrigo Duterte en 2016, la démocratie est menacée par un politique autoritaire caché par la guerre contre les narco-trafiquants.

Quand est-ce-que cette guerre a commencé ?

2. Rodrigo Duterte à l’occasion de ses traditionnels discours polémiques en 2016.

Rodrigo Duterte du Parti démocratique s’est fait remarquer par sa politique sécuritaire particulièrement expéditive. Le Président n’a pas la langue dans sa poche et est connu pour ses déclarations outrancières, ses provocations et ses positions anticléricales.(4) En 2017, Duterte propose un retour à l’autoritarisme afin de résoudre tous les problèmes que la démocratie n’a pas réussi à régler, c’est-à-dire, les problèmes de la drogue, de la criminalité et du terrorisme.(5) Face à cette « guerre à la drogue », le président n’hésite pas à justifier les exécutions extra-judiciaires, à menacer les journalistes, ou à prôner le rétablissement de la peine de mort pour pallier ce fléau. Dans son discours inaugural après avoir prêté serment, Duterte a exhorté la population Philippine: « si vous connaissez des toxicomanes, allez-y et tuez-les vous-même. »(6)

« Tuer plus » de dealer est le mot d’ordre et l’objectif premier du président.(7)  Afin de tuer plus de cette vermine particulièrement bien caché, il n’hésite pas à faire appel aux forces armées quitte à en faire souffrir la population.

Une police corrompue jusqu’à la moelle

Les pressions incessantes exercées par l’administration Duterte sur la police pour qu’elle produise des résultats dans les opérations antidrogue contribuent à encourager ces pratiques abusives.(8) Pire encore, il semble y avoir des incitations financières. Le président a créé un climat dans lequel les massacres généralisés par des inconnus armés ne sont pas simplement tolérés, mais activement encouragé.

3. Le corps d’un présumé trafiquant de drogue jonche le sol suite à une opération anti-drogue de la police à Manille le 17 août 2017.

La police Philippine, a tué et les policier, très fortement corrompu, se font souvent payer sous la table et n’hésite pas à payer d’autres personnes pour tuer des milliers de prétendus trafiquants de drogue dans une vague d’exécutions extrajudiciaires.(9) Selon Amnesty, les autorités font délibérément preuve d' »obscurantisme » et de « désinformation » afin qu’il soit impossible de rendre compte de leurs agissements et du nombre d’exécutions extrajudiciaires.(10) En 2017, on compte déjà plus de 7 000 homicides commis, et principalement dans la population pauvre.(11)

Que ce passe-il pour la famille des victimes ?

Dans des entretiens, des militants de la société civile et des membres de la famille des défunts on décrie à plusieurs reprises la «guerre contre la drogue» comme une «guerre contre les pauvres» ou «anti-pauvres».(12) Les familles des personnes tuées dans les opérations de lutte contre la drogue de la police, y compris les victimes d’exécutions extrajudiciaires, continuent de faire face à des défis importants et à subir des difficultés et des dommages économiques après le départ de leurs proches.

4. La famille et les proches de Rolando Mijeca se sont retrouvés pour une ultime veillée funèbre pour Rolando Mijeca, l’une des dizaines de milliers de victimes de la « Guerre à la drogue » de Duterte.

La police ajoute souvent l’insulte aux blessures en volant des familles alors qu’elles travaillent sur une scène de crime et en organisant un racket avec des salons funéraires qui augmentent les coûts pour les familles en deuil, qui sont parfois obligées d’emprunter de l’argent pour recevoir le corps pour l’enterrement. Un forfait le moins cher de 35 000 (705 $ US) ou 50 000 pesos (1 007 $ US).(13)

Les meurtres liés à la drogue représentent une violation flagrante du droit international des droits de l’homme qui lie juridiquement les Philippines. Au premier plan se trouve le droit à la vie indélogeable, que les exécutions extrajudiciaires violent. D’autres droits de l’homme, notamment le droit à une procédure régulière, le droit à la santé, le droit des détenus à un traitement humain et les droits des membres de la famille des victimes ont également été violés.(14)

 

Crédits photos:

  1. Bibliothèque d’image du blog.
  2. Wikipédia / Karl Norman Alonzo (2016)
  3. Le Devoir / Noel Celis Agence France-Presse (2016)
  4. Radio France / Eric Biegala (2018)

 

Bibliographie:

  1. Dressel Björn, « The Philippines: how much real democracy? », International Political Science Review 32, 5 (2011). https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0192512111417912
  2. Diamond, Larry et Morlino Leonardo, dr. Assessing the Quality of Democracy. (Baltimore: The Johns Hopkins University Press, 2005). https://books.google.ca/books?id=-eXJMXnraPQC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
  3. Dressel Björn, « The Philippines: how much real democracy? », International Political Science Review 32, 5 (2011): 530. https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0192512111417912
  4. Philippines/Encyclopédie Larousse en ligne. https://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Philippines/137997
  5. Tribune de Genève, « Duterte est pour le retour à la dictature »,29 mars, 2017, https://www.tdg.ch/monde/duterte-retour-dictature/story/16379923
  6. Guardian staff and agencies, « Philippines president Rodrigo Duterte urges people to kill drug addicts », The Gardian, 1 juillet, (2016). https://www.theguardian.com/world/2016/jul/01/philippines-president-rodrigo-duterte-urges-people-to-kill-drug-addicts
  7. :Marc, Daou, « Rodrigo Duterte, le président philippin qui veut « tuer plus » de dealers », France 24, 2 février, 2017. https://www.france24.com/fr/20170202-philippines-rodrigo-duterte-portrait-president-philippin-drogues-obama-hitler-insultes
  8. Harold, Thibault -Le Monde, « La guerre sale de Rodrigo Duterte contre la drogue. », Le Devoir, 5 aout, (2016). https://www.ledevoir.com/monde/asie/477112/philippines-la-guerre-sale-de-rodrigo-duterte-contre-la-drogue
  9. Amnesty International, « Philippines: The police’s murderous war on the poor », 31 janvier,(2017). https://www.amnesty.ca/news/philippines-police’s-murderous-war-poor
  10. E.D. avec agences, »Philippines : la lutte contre le trafic de drogues comme motif pour des « exécutions extrajudiciaires » selon un rapport d’Amnesty », RTBF, 8 Juillet, (2019). https://www.rtbf.be/info/monde/detail_philippines-la-lutte-contre-le-trafic-de-drogues-comme-motif-pour-des-executions-extrajudiciaires-selon-un-rapport-d-amnesty?id=10265804
  11. Matt,  Wells,« Philippines: Duterte’s ‘war on drugs’ is a war on the poor », Rappler, 4 février, (2017). https://www.rappler.com/thought-leaders/160492-war-on-drugs-war-against-poor
  12. Amnesty International Ltd, If you are poor, you are killed. (London: Amnesty International, 2017): 41. https://www.amnesty.ca/sites/amnesty/files/Philippines%20EJK%20Report%20v19%20FINAL.pdf
  13. Katherine, Viscont, « The cost of dying in PH », Rappler, 2 novembre,(2012). https://www.rappler.com/business/15295-the-cost-of-dying-in-the-philippines
  14. Amnesty International Ltd, If you are poor, you are killed. (London: Amnesty International, 2017): 62. https://www.amnesty.ca/sites/amnesty/files/Philippines%20EJK%20Report%20v19%20FINAL.pdf

 

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