La Thaïlande, un État proxénète ?

Par India Deblois

Figure 1 : Bar à filles dans ville de Pattaya, connu pour ces nombreux endroits dédiés au sexe
Source : Stickamn Weekly

Dans plusieurs pays dans le monde, le tourisme se trouve être un apport monétaire important dans l’économie. Le concept de tourisme a peu à peu pris de l’importance à la suite de la globalisation, où de nombreux pays se sont industrialisée et ont eu de fortes croissances économiques. Ainsi, les gouvernements ont investi dans divers attraits touristiques et la propagation de la culture, pour encourager les visiteurs à venir dans leur pays. Plusieurs touristes cherchent à visiter des pays ayant des attraits touristiques particuliers, selon la culture ou la gastronomie. D’un autre côté, d’autres destination sont visitées pour la disponibilité de certains services dont le commerce du sexe, tel est le cas d’Amsterdam et de nombreux pays d’Asie du Sud-Est. Pendant plusieurs années, la Thaïlande s’est placée pays numéro 1 comme destination touristique en Asie du Sud-Est. Parmi ces milliers de touristes qui viennent en Thaïlande, une partie d’entre eux viennent à des fins sexuelles. Dans cet article il sera question du tourisme sexuel en Thaïlande, particulièrement la prostitution, son origine, les solutions et les conséquences.

Son origine 

Figure 2 Jeunes filles qui attendent des clients Source : Reuter Damir SagolJ

Bien que l’essor de la prostitution s’est vu réaliser lors de la mondialisation, elle y était bien présente avant que le pays s’industrialise. Lors de la guerre du Vietnam, la prostitution prit un rôle important, le gouvernement thaï et les Américains ont conclu un accord pour mettre sur place des endroits appelés « Rest and Recreation », qui étaient des endroits de plaisir pour les soldats américains en permission. La création de ces endroits à amener un boom de femmes qui sont entrées dans le marché du sexe. Après la guerre, plusieurs films et romans ont dépeint l’image de femmes thaïlandaises comme étant docile, exotique et lié au sexe, ce qui a renforcé l’image du sexe en Thaïlande, amenant l’industrie du sexe à devenir plus gros. Tel que mentionné plus tôt, la prostitution n’est pas récente en Thaïlande, elle y est implantée depuis des centaines d’années et est liée au rôle de la femme en Thaïlande et le celui de la religion. La polygamie est quelque chose qui a été longuement légal et vu en Thaïlande. Il était normal pour le roi et les nobles d’avoir plusieurs concubines. La polygamie était vu comme un moyen qu’un homme riche fasse profiter plusieurs femmes de ses richesses. La présence de polygamies encore présente mais cachée et inscrite dans les mentalités a augmenté l’image de la femme comme étant une « chose » ou un produit à vendre. Certaines régions de la Thaïlande sont considérées comme ayant un système matrimonial, ainsi ce sont les femmes qui doivent subvenir aux besoins de sa famille. Cependant, la position de la femme a toujours été très basse en Thaïlande, dû à la religion bouddhisme qui rejette la femme, elle se doit d’être une bonne épouse, de s’occuper des tâches ménagères et s’occuper des enfants. Selon le bouddhisme, lorsqu’on commet un acte moralement répréhensible mais dans le but d’aider sa famille, alors c’est une faute qui est pardonnée. Cet acte contribuerait même à obtenir des mérites, qui sont des bonnes actions pour avoir une bonne réincarnation (Formoso, 2001). La plupart des travailleuses de sexe sont des femmes qui sont parti de leur région pour venir trouver un travail dans de grandes villes dont Bangkok. Ces femmes cherchent à faire de l’argent pour subvenir aux besoins de leur famille. Bien qu’il soit possible pour elles de travailler dans des usines ou magasins, les salaires sont tellement bas qu’il ne reste plus beaucoup d’argent à envoyer à leur famille, après avoir payé leur logement et leur nourriture. Les prostituées en Thaïlande se font en moyenne entre 180 et 1000 dollars, ce qui représente deux à huit fois plus que n’importe quel autre travail en usine. (Michel, 2003). Maintenant, dans les métropoles telles que Bangkok, Phuket et Pattaya, de divers services sont ouverts pour les touristes et les locaux tels que des salons de massage, des bars de stripteaseuse, des cabarets et hôtels.

Solutions et conséquences

Figure 3 nombre de cas de VIH en Thaïlande à chaque année
Source :ONU-Sida

Il existe plusieurs lois et restrictions mises en place pour freiner la prostitution en Thaïlande. Ces lois ont été émises par la pression des pays occidentaux et certains organismes tels que l’Organisation internationale du travail pour contrer l’augmentation du Trafic d’humains et particulièrement le tourisme d’enfants à des fins sexuelles. Il y aurait plus de 200 000 enfants qui se prostituent en Thaïlande(Michel, 2003). Cependant, la loi qui met la culpabilité sur les parents, les clients et le propriétaire à aider à freiner la hausse de prostitution juvénile, mais de manière très peu significative. Les lois émises n’ont pas de réel impact positif, car le gouvernement n’essaie pas réellement de freiner l’essor de la prostitution. En effet, l’industrie du sexe serait approximativement 12% du PIB de l’économie de la Thaïlande et constituerait environ 60% du budget du gouvernement (Bishop et Robinson, 1998). Bien que la prostitution soit illégale depuis 1960, la police et le gouvernement n’agissent pas, étant donné que cela est bénéfique pour l’économie du pays. Au contraire, plusieurs accusent le gouvernement et la police d’être des proxénètes et de corruption. Les conséquences qu’engendre la prostitution sont principalement la propagation de maladies sexuelles. En 2007, il est estimé qu’il y aurait plus de 610 000 porteurs du VIH en Thaïlande (Sze Ki, 2010). Les prostituées attrapent le VIH dans les villes et retournent dans leur région en contaminant d’autres gens. Le gouvernement a lancé une campagne pour encourager l’utilisation de préservatifs entre le client et les prostitués, mais il est difficile de règlementer le port de préservatif. Pour finir, la présence forte de la prostitution est une entrave aux conditions de travail des femmes ainsi que l’égalité des genres.

Conclusion 

En conclusion, la prostitution est depuis de nombreuses années implanté en Thaïlande. Ce n’est pas seulement en Thaïlande que les gouvernements ne font rien pour arrêter la prostitution. Il y a, cependant, une perception que le problème est bien pire en Thaïlande parce que beaucoup de gens pensent que le pays offre un accès facile à ces types de services, sans prendre en compte des problèmes tel que la pédophilie. La Thaïlande a longtemps été promue comme la « capitale du sexe », qui est une partie importante de l’économie thaïlandaise. Si les gouvernements et les agences connexes collaborent au développement du tourisme sexuel et de la prostitution légale en prenant en considération les conditions des femmes et des enfants, peut-être que l’image du tourisme thaïlandais changera dans le bon sens.

 

Bibliographie

Bishop, Ryan, et Lillian S. Robinson. 1998. “Night Market: Sexual Cultures and the Thai Economic Miracle. Hove : Psychology Press.

Formoso, Bernard. 2001. “Corps étrangers : Tourisme et prostitution en Thaïlande.” Anthropologie et Sociétés 25(2): 55–70.

Michel, Franck. 2003. “Le tourisme sexuel en Thaïlande : une prostitution entre misère et mondialisation.” Téoros. Revue de recherche en tourisme 22(22–1): 22–28.

Sze Ki Cheng. 2010, “Sex tourism : Its Social Impact on Thailand ”. City Tech Writer, 5, 96-105.

Lien pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés