Chine et Vietnam: l’histoire d’une rivalité

Par Lauryn Ledoux

Aujourd’hui, les relations entre la Chine et le Vietnam sont sous tensions. Bien que la grande puissance ait supporté le pays sud-est asiatique durant son ancien conflit avec la France (Perspective Monde, s.d.), certaines mésententes sont venues poser un froid dans leur relation. Reste à savoir : qu’est-ce qui s’est produit depuis pour que les deux États en arrivent là ?

Conflits en mer de Chine méridionale

La région de la mer de Chine méridionale est une zone de querelles constantes. Elle est revendiquée par : la Chine, le Vietnam, les Philippines, Taïwan, la Malaisie, l’Indonésie et Brunei. Bien que, depuis 2008, les altercations sino-vietnamiennes se soit multipliées dans la région, le gouvernement de Hanoï a toujours tenté d’apaiser les choses en utilisant ses relations avec la Chine (Fau, 2015, 18). Cependant, il craint de se faire voir comme un État faible par la population, qui pourrait penser qu’il courbe l’échine devant la grande puissance (Fau, 2015, 18). Les deux pays entretiennent donc une relation assez ambiguë.

Les Vietnamiens revendiquent notamment les îles Paracels et Spratleys (Fau, 2015, 19). La première est toutefois sous domination chinoise depuis 1974 (Fau, 2015, 19) et également sous réclamation taïwanaise (Colin, 2016, 6). La deuxième a plus de prétendants : Taïwan, Philippines, Malaisie, sans compter les deux protagonistes de notre sujet (Fau, 2015, 19). Entre 1978 et 1988, le Vietnam a fait comme les autres États de la région et s’est empressé de marquer son territoire sur tous les bouts de terres de l’archipel qu’il pouvait (Fau, 2015, 19). Ainsi, il en contrôle 27 dans la zone (Fau, 2015, 19). Pour plus de détail sur ce conflit, vous pouvez regarder cette courte vidéo.

Figure 1. Géopolitique en mer de Chine méridionale. Fau, Natahalie. 2015. « La maritimisation de l’économie vietnamienne : un facteur exacerbant les conflits entre le Viêtnam et la Chine en mer de Chine méridionale ? ». Hérodote, vol, 157, no. 2, p. 39-55. https://doi.org/10.3917/her.157.0039

La mer de Chine méridionale suscite autant d’intérêts, parce qu’elle possède un emplacement géographique intéressant. En effet, elle dispose d’un trafic maritime important, qui amènerait de nombreux avantages économiques au pays qui le contrôlerait (Patenaude, 2018). En plus, il existe de nombreuses ressources dans ces fonds marins : pétrole et gaz naturel (Patenaude, 2018). Avec autant de difficultés sur la question de souveraineté de la région, la Chine et le Vietnam ont décidé de signer une entente qui incite les deux États « à ne prendre aucune initiative qui risquerait de compliquer le conflit en mer de Chine », en 2017 (Patenaude, 2018). Pourtant, le géant asiatique ne cesse de bafouer l’entente, en imposant sa présence dans la région (Patenaude, 2018). Cela oblige le Vietnam à prendre position de façon plus forte. Le poids des aubaines économiques qui pèse sur la région rend donc les relations sino-vietnamiennes plus compliquées, car les deux pays les veulent pour eux.

Nouvelles alliances

Avec une Chine qui monte en puissance et qui revendique les mêmes terres que lui, quoi de mieux pour le Vietnam que de se tourner vers le rival numéro un de cette dernière : les États-Unis. C’est grâce à un rapprochement économique naturel des deux pays que leurs relations ont commencé (Grosser, 2015, 8). Les États-Unis sont devenus un partenaire économique important pour le Vietnam (Grosser, 2015, 8). Avec ce rapprochement, un éloignement avec la Chine se fait ressentir dans le pays d’Asie du Sud-Est. En effet, ce qui lie si bien les États-Unis et le Vietnam, c’est la mission d’empêcher la mer de Chine méridionale d’appartenir à la Chine (Grosser, 2015, 12). Les tensions entre Hanoï et Pékin sur le sujet sont donc une aubaine pour les Américains : ils y trouvent un allié dans la région, qui a une légitimité sur la question. Depuis 2005, les pensées antichinoises se font de plus en plus ressentir et à chaque mouvement de la Chine dans la mer de Chine méridionale, les soulèvements se font entendre (Grosser, 2015, 12). Le rapprochement entre Américains et Vietnamiens vient donc ajouter de l’huile sur le feu dans les tensions sino-vietnamiennes déjà existantes.

 

Figure 2. Des Vietnamiens qui manifestant pour dénoncer l’attitude de Pékin. Libération. 2011. « Bras de fer en mer de Chine ». Le Devoir. https://www.ledevoir.com/monde/asie/325494/bras-de-fer-en-mer-de-chine

Craintes et doutes

Dans les années 80, devant les yeux d’un Vietnam qui fait face à la famine, le repli soviétique, les boat people, etc, la réussite économique chinoise fait rêver (Doan Kêt et Salomon, 2006, 4). Les dirigeants vietnamiens ne cessent de vanter l’importance de la Chine dans leur pays Doan (Kêt et Salomon, 2006, 4). À cette époque, le gouvernement de Hanoï a des ambitions similaires à celles des dirigeants chinois, soit la conservation du monopole du pouvoir, tout en fructifiant l’économie du pays (Doan Kêt et Salomon, 2006, 4). Les yeux vietnamiens sont donc complètement rivés sur Pékin. En revanche, « les dirigeants vietnamiens ont la volonté de se démarquer d’une sphère chinoise dont ils craignent l’impérialisme et la montée en puissance » (Doan Kêt et Salomon, 2006, 7). En gros, la montée en puissance de la Chine ne laisse pas indifférent le Vietnam, qui ne veut pas se retrouver sous la totale emprise chinoise.

Hanoï n’a d’ailleurs pas réellement tissé de liens avec la grande puissance par simple amitié. Effectivement, l’État voulait se rapprocher de la Chine le plus rapidement possible, avant qu’elle ne devienne trop puissante (Doan Kêt et Salomon, 2006, 12). Selon leur logique, il faudrait entrer dans les faveurs chinoises, afin d’être considéré comme un allié lorsque l’État deviendra puissant et ainsi bénéficier d’avantages. Il est donc dur de créer des relations dures et fiables, lorsqu’il y a des intérêts personnels derrière, qui en sont à l’origine.

Bibliographie

Colin, Sébastien. 2016. « Chapitre 18. Litiges insulaires et enjeux géopolitiques en mer de Chine du Sud », Béatrice Giblin éd., Les conflits dans le monde. Approche géopolitique. Armand Colin, p. 263-276. https://doi.org/10.3917/arco.gibli.2016.01.0263

Doan Kêt, Vu, et Matthieu Salomon. « L’Empire du Milieu perçu du Viêt-nam : grand frère incontournable et inquiétant », Outre-Terre, vol. no 15, no. 2, 2006, pp. 229-245. https://doi.org/10.3917/oute.015.0229

Fau, Nathalie. 2015. « La maritimisation de l’économie vietnamienne : un facteur exacerbant les conflits entre le Viêt Nam et la Chine en mer de Chine méridionale ? », Hérodote, vol. 157, no. 2, p. 39-55. https://doi.org/10.3917/her.157.0039

Grosser, Pierre. 2015. « Le Viêt Nam sera-t-il le meilleur allié des États-Unis en Asie ? », Hérodote, vol. 157, no. 2, p. 82-96. https://doi.org/10.3917/her.157.0082

Patenaude, Francis. 2018. « Les relations sino-vietnamienne et la mer de Chine : une source de conflits ». Perspective Monde. https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse?codeAnalyse=2723

Perspective Monde. S.d. « Vietnam ». Perspective Monde. https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMPays/VNM

Annexes

Figure 1 – Natahalie. 2015. « La maritimisation de l’économie vietnamienne : un facteur exacerbant les conflits entre le Viêtnam et la Chine en mer de Chine méridionale ? ». Hérodote, vol, 157, no. 2, p. 39-55. https://doi.org/10.3917/her.157.0039

Figure 2 – Libération. 2011. « Bras de fer en mer de Chine ». Le Devoir. https://www.ledevoir.com/monde/asie/325494/bras-de-fer-en-mer-de-chine

 

 

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