République démocratique populaire du Laos: Un pays en hésitation

1. Drapeau du Laos.

Bien que le Laos soit connu pour être un gouvernement à Parti unique et pour ses pratiques autoritaires, le pays constitue depuis 1975 deux Républiques Démocratiques Populaires affichant une ligne politique socialiste. Cependant, ces dernières années, le régime a semblé coincé dans une pensée statique et n’a vu qu’une petite lueur d’espoir de changement.

Le Laos souhaite-il vraiment un changement ?

Par définition, les régimes totalitaires sont caractéristiques d’un système politique à la fois autoritaire et au service d’une idéologie ou d’une doctrine centrale. Au Laos, le communisme marxiste est appliqué de manière rigide dans la politique et l’économie. Après une première tentative totalitaire relevant de la théorie marxiste-léniniste en 1975, dès la fin des années 1980 celle-ci a été mise en échec et a laissé place à un système autoritaire.(1) Dans ces même années, le mot à la mode du parti communiste était  chintanakan mais , ou «nouvelle pensée». Nous sommes d’accord que, lorsque la notion de  « nouvelle pensée » est abordée on la voit comme un synonyme de changement. Pourtant le Parti en place n’a pas l’air de le voir sous le même angle.

2. Kaysone Phomvihane en 1982 durant une visite en République démocratique allemande.

Lors d’un plénum du comité central en novembre 1986, le président du parti Kaysone Phomvihane a déclaré que «parler conformément aux faits est une nouvelle façon de penser».(2) Alors que « nouvelle pensée » était censée résumer non seulement les réformes axées sur le marché de 1986, connues sous le nom de nouveau mécanisme économique, mais également une nouvelle voie pour la société et la politique, comme l’écrit l’universitaire Norihiko Yamada dans un essai de 2018, « Cette « nouvelle pensée » n’est pas une politique de réformes spécifique mais un slogan de légitimation socialiste pour promouvoir le processus de construction de l’État à travers»(3)

Un gouvernement indécis ?

Depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Thongloun Sisoulith au début de 2016, le Laos voit la formation de plusieurs réformes anticorruption et environnementales. Cependant ce programme de réforme a été mis aux oubliettes face aux réponses de son gouvernement.(4)

3. Drapeau du Parti révolutionnaire populaire lao.

De toute évidence, les délégués du parti communiste ne sont pas impressionnés non plus. Lors d’une session de l’Assemblée nationale tenue le 14 juin 2019, un membre après l’autre a évoqué des cas de corruption, de traitement judiciaire indulgent de fonctionnaires corrompus et d’ingérence politique dans les décisions des tribunaux. Plusieurs citoyens laotiens ont souligné l’inefficacité et la corruption qui imprègnent le système juridique du pays.

Lors d’une session de l’Assemblée nationale tenue le 14 juin 2019, un membre après l’autre a évoqué des cas de corruption, de traitement judiciaire indulgent de fonctionnaires corrompus et d’ingérence politique dans les décisions des tribunaux. Plusieurs citoyens laotiens ont souligné l’inefficacité et la corruption qui imprègnent le système juridique du pays. « Le système est plein de corruption », a déclaré un jeune homme du district de Pek, dans la province de Xieng Khouang, dans le nord-est du Laos. «Les autorités ne font pas vraiment leur travail et les lois que nous avons ne sont pas pleinement appliquées.» (5)

Le Laos arrive-t-il au point où il ne peut plus se réformer et s’adapter?

Alors que le problème des corruptions reste stagnant, le parti communiste au pouvoir au Laos tiendra son Congrès national en début 2021, lorsque de nouveaux dirigeants et un nouveau Politburo seront élus. Dans ce gouvernement à Parti unique, le secrétaire général du PRPL est chef de l’État, tandis que la charge de chef du gouvernement revient au Premier ministre. Le parti décide de la politique gouvernementale par le biais des 9 membres du Politburo et des 49 membres du Comité central.(6) Les décisions gouvernementales importantes doivent être approuvées par le Conseil des ministres. Les résultats des élections ne sont apparemment pas à prédire, les informations fuitent à Hanoï comme l’eau d’une éponge. Choummaly Sayasone, l’ancien secrétaire général du parti, a été au pouvoir pendant dix ans, et son prédécesseur, Khamtai Siphandone, pendant 14 ans.(7)

4. Le Premier ministre laotien Thongloun Sisoulith à son arrivée à Manille pour le Sommet de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), le 28 avril 2017.

On pourrait peut-être s’attendre à ce que le titulaire, Bounnhang Vorachith, reçoive un nouveau mandat de cinq ans. Autrement dit, à moins que le parti ne choisisse de promouvoir le Premier ministre Thongloun Sisoulith, celui-ci fera sa sortie, car les premiers ministres, nommés par le président élu par l’Assemblée nationale, n’obtiennent généralement qu’un seul mandat. De plus, le gouvernement considère que Thongloun n’a pas été a la hauteur de la statue de modernisateur et réformateur du Laos. Lors de sa campagne anticorruption en 2017, a rapidement échoué.

De plus la promesse pour que le Laos devienne un nouvel acteur de la communauté internationale, na pas eut de bons retours,  il  n’a exporté que 260 millions de dollars de marchandises vers l’UE en 2018,(8) une somme dérisoire pour un État d’Asie du sud-est. Aucun progrès n’a été réalisé sur la question des droits fonciers, qui ne fait qu’empirer chaque année.

Alors que rien n’indique que le parti communiste s’apprête à élire un chef plus réformiste que lui, le Laos voit plutôt émerger une période sans «nouvelles pensée», où la réforme et l’adaptation constante s’arrêtent, et où aucun autre soulagement n’est en vue pour freiner la décadence du régime. Dans le cas d’autres réformes comme le droit de propriété privé approprié, d’un état de droit, aux élections libres, et à une société civile autonome, elles se heurtent à la barricade de la tyrannie du parti.

Crédits photos:

  1. Wikipedia / SKopp (2005)
  2. Wikipédia / Mittelstädt, Rainer (1982)
  3. AFP PHOTO / Mohd RASFAN (2017)
  4. Wikipédia/Sshu94(2017)

Bibliographie:

  1. Virginie Mobillion, « Idéologie et pouvoirs en République Démocratique Populaire Lao. Enseignements tirés d’une lecture géographique du système de soins », Cybergeo : European Journal of Geography 849, (2018). DOI : 10.4000/cybergeo.29097
  2. Norihiko, Yamada, »Legitimation of the Lao People’s Revolutionary Party: Socialism, Chintanakan Mai (New Thinking) and Reform », Journal of Contemporary Asia 48, 4, (2018):1-22. https://www.researchgate.net/publication/323422285_Legitimation_of_the_Lao_People’s_Revolutionary_Party_Socialism_Chintanakan_Mai_New_Thinking_and_Reform
  3. Ibid.
  4. Eric, Mottet, « Laos : quel bilan pour les reformes de Thongloun ? », Asialyst, (2017). https://asialyst.com/fr/2017/06/06/laos-quel-bilan-pour-reformes-thongloun/
  5. Richard, Finney, « Lao National Assembly Members Call Out Pervasive Corruption », Radio Free Asia, (2019). https://www.rfa.org/english/news/laos/corruption-06172019142019.html
  6. Jacques, Leclerc, « Laos », L’aménagement linguistique dans le monde,(2019). http://www.axl.cefan.ulaval.ca/asie/Laos.htm
  7. Joseph, J. Zasloff, « The Lao People’s Democratic Republic », Encyclopaedia Britannica. https://www.britannica.com/place/Laos/The-Lao-Peoples-Democratic-Republic
  8. Laos/European Commission (2019). https://ec.europa.eu/trade/policy/countries-and-regions/countries/laos/

 

 

 

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