Les migrations climatiques en Indonésie

Une femme tient son enfant dans les bras, dans les inondations en Indonésie.

Figure 1 : Une femme fuit les inondations en Indonésie avec son enfant dans les bras en janvier 2019. 

Par Claire Coviaux

Depuis plus de dix ans, l’archipel indonésien de 17 000 îles a connu une croissance importante de fréquence des catastrophes naturelles. Il y aurait en moyenne 2,7 catastrophes par jour par an et le réchauffement climatique en serait la cause principale. La cause des migrations climatiques en Indonésie est dû à l’élévation du niveau de la mer qui menace d’inondation des zones agricoles côtières, entrainant de graves conséquences en termes d’insécurité alimentaire, de risques sanitaires, d’insécurité des habitats et des moyens de subsistance des communautés côtières. D’ici 2030, le pays pourrait voir 2 000 de ses îlots submergés. L’augmentation des températures a également raccourci la saison des pluies, aggravé les précipitations et intensifié les épisodes de sécheresses [1].

Les migrations des Indonésiens face à la détérioration de leur habitat causé par les changements climatiques, s’organisent à plusieurs niveaux. D’abord au niveau local, les populations civiles habitant dans des zones côtières à risques sont incités à se déplacer dans d’autres régions plus sûres, comme les villes et grandes métropoles. D’autres initiatives nationales, conduites par le Ministre de la pêche de l’Indonésie, visent à reloger dans des îles inhabitées les populations déplacées par l’augmentation du niveau de la mer [2]. Mais la majorité des populations locales affectées émettent des réticences à quitter la terre de leurs ancêtres et à survivre sans pratiquer la pêche, ce qui nécessite la mise en place de politiques d’intégration des changements climatiques auprès des populations locales et d’adaptation à leur nouveau milieu de vie [3]. D’autres populations locales font le choix d’émigrer en occident, ou dans d’autres pays de la région d’Asie du Sud-Est, comme la Malaisie. Ces flux de migrants indonésiens nécessitent l’adaptation des politiques d’immigration des pays d’accueils pour assurer leur réinstallation dans leur nouveau milieu de vie [4].

Les solutions pour répondre à ces enjeux environnementaux sont issues des nombreux organismes non-gouvernementaux (ONG), locaux, communautaires, internationaux et leurs vastes programmes de reconstruction et de financement. À titre d’exemple, la Croix-Rouge Indonésienne, la Croix-Rouge néerlandaise, la Croix-Rouge allemande, le Centre sur le changement climatique et la Fédération internationale de la Croix-Rouge, travaillent conjointement depuis 2005 sur un programme de prévention des risques climatiques [5].

Ces programmes de reconstruction s’organisent principalement autour des risques météorologiques extrêmes, des impacts des changements climatiques, de la pauvreté, de l’implication des autorités locales, du gouvernement national et de la mise en place d’activités communautaires par des bénévoles qui sensibilisent le public aux risques issues des inondations. La Fédération internationale en Indonésie et Pelangi Indonésie organisent aussi des sessions de formations sur les ressources énergétiques à la lumière des changements climatiques [6].

La sensibilisation des populations locales à la protection de l’environnement se développe progressivement autour de la préparation et de la prévention aux catastrophes, en plus de la gestion des secours et de l’intervention, comme c’est le cas dans le Programme CBDP. Certains groupes issus des populations locales sont désormais formés à intervenir directement pour venir en aide aux sinistrés et bénéficient de nouvelles infrastructures, d’équipements et d’installations pour assister les victimes. Les programmes communautaires de la Croix-Rouge indonésienne, comme le Adaptasi Perubahan Iklim (API), en sont l’illustration phare. Ces programmes de réduction des risques regroupent les organisations humanitaires internationales, les organisations non-gouvernementales, les organisations gouvernementales indonésiennes et les autorités locales pour intervenir directement au niveau communautaire [7].

La réduction des risques communautaires veut préparer les populations locales aux catastrophes naturelles causées par les changements climatiques mais elle offre aussi des effets sociaux, éducatifs et économiques. Les populations locales ciblés sont souvent défavorisées et leur engagement dans ces programmes d’actions communautaires leur offre une source d’implication, une amélioration de leur milieu de vie, une éducation aux enjeux environnementaux, une réduction de la pauvreté et de plus grandes chances de survie face aux catastrophes naturelles [8].

Du côté des organisations internationales, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) s’occupe quant à elles de vastes opérations de recherche et de sauvetage de sinistrés, d’évaluations d’organisations, de déploiements de convois d’aide (dont de l’eau potable, des soins médicaux, des kits de construction d’abris d’urgence et des kits ménagers) et elle alloue des milliers de dollars pour financer ses interventions qui visent à la reconstruction des zones touchées[9]. L’OIM s’intéresse surtout à l’intervention immédiate d’urgence auprès des populations les plus touchées et elle se spécialise dans les actions et la mises et la mise en place de ponts humanitaires [10].

Bibliographie

Esnard, Ann-Margaret et Alka Sapat. 2014. Displaced by Disaster : Recovery and Resilience in a Globalizing World. New York : Routledge.

Hetherington, Renée et Robert G. B. Reid. 2010. « Climate and our future ». Dans The Climate Connection : Climate Change And Modern Human Evolution. Cambridge : Cambridge University Press, 269-302.

[1] Centre climatique, « Étude de cas : L’Indonésie ».

[2] Christel Courcil et François Gemenne, « Les populations insulaires face au changement climatique : des migrations à anticiper ».

[3] Renée Hetherington et Robert G. B. Reid, « Climate and our future ».

[4] Rémy Madinier, « L’émigration indonésienne en Malaysie ».

[5] Centre climatique, « Étude de cas : L’Indonésie ».

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] Ann-Margaret et Alka Sapat, « Displaced by Disaster ».

[9] OIM, « L’OIM soutient l’intervention de l’Indonésie face à la dévastation causée par le séisme et le tsunami à Sulawesi ».

[10] OIM, « L’OIM alloue 200 000 dollars pour aider les victimes du tsunami en Indonésie ».

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