Les migrations climatiques au Timor-Leste

Figure 1 : Les régions rurales du Timor-Leste se préparent aux inondations en 2013.

Par Claire Coviaux

Le Timor Leste a un climat tropical sec, des averses modérées, de nombreuses montagnes et des étés très chauds [i]. Cette région est composée de trois types de climats, d’abord il a y a les montagnes au centre où la pluie est abondante, puis la côte méridionale qui a des pluies modérées, et enfin la côte septentrionale où il règne une grande sécheresse [ii]. De ce fait, le Timor Leste est particulièrement vulnérable aux effets des changements climatiques sur son environnement. Il est attendu une augmentation de 1.5°C degré des températures et une hausse de l’humidité de 10% d’ici 2050. Ceci entrainera de graves conséquences sur la production agricole et l’augmentation de la migration interne des zones rurales aux zones urbaines [iii].

Les changements climatiques ont aggravé la vulnérabilité du Timor Leste aux inondations, glissements de terrains, érosion des terres et fortes moussons. Ceci menace aujourd’hui le pays d’insécurité alimentaire, d’instabilité et de pauvreté. Pour prévenir au mieux ces conséquences néfastes des changements climatiques, de nombreux projets se mettent en place au niveau local, national et international. À titre d’exemple, le projet de protection des infrastructures routières contre l’impact du changement climatique, est financé par l’Association internationale de développement (IDA), la Banque mondiale, ainsi que le gouvernement du Timor-Leste. Ce projet permettra de garantir un accès sécurisé à des milliers de personnes, aux écoles, aux hôpitaux, aux villes et aux marchés grâce au renforcement de routes contre les impacts du changement climatique. La rénovation de ces 110 kilomètres de routes est essentielle pour relier le Nord et le Sud du pays. La rénovation du réseau routier du Timor-Leste constitue un enjeu majeur pour lutter contre l’isolement des villages, le coût d’entretien des véhicules, l’augmentation des frais de transports des marchandises, et l’augmentation de la durée des temps de trajets. La construction d’une infrastructure routière résistante au climat, le développement d’infrastructures de maintenance pour assurer la durabilité des investissements, et la formation de l’administration à l’entretien des routes, sont les trois aspects de ce projet pour assurer un maintien du réseau routier du Timor-Leste et des interventions d’urgence efficaces face aux changements climatiques. Le projet a pour objectif d’éviter au maximum la fermeture des routes à cause des inondations et des fortes précipitations, ce qui limitera les migrations climatiques des populations rurales isolées à cause des bouleversements environnementaux [iv].

Les épisodes de mousson, les fortes sécheresses, les inondations importantes, les glissements de terrain fréquents, les vents violents, les risques sismiques, les éruptions volcaniques et les tsunamis sont également prévenus par la direction nationale de gestion des catastrophes (NDMD), le PNUD, le Programme Afrique Caraïbes et Pacifique – Union européenne de prévention des risques liés aux catastrophes naturelles, l’Union européenne, la Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophes et le relèvement (GFDRR), qui mettent en place de nombreux projets et apportent leur contribution financière pour prévenir les aléas issus des changements climatiques. Le Programme ACP-UE de Prévention des Risques liés aux Catastrophes Naturelles a pour objectif de former les communautés locales à la gestion des risques climatiques, afin de prévenir leur migration vers des zones urbaines moins à risques. Ces financements internationaux permettent de mettre en place des projets qui évaluent les risques d’aléas naturels et de gestion des risques des catastrophes climatiques locales, en fonction des infrastructures présentes [v].

Le plus grand enjeu causé par les aléas climatiques issus des bouleversements climatiques est l’insécurité alimentaire et l’augmentation du flux de déplacés internes dans les migrations climatiques. L’effet de l’augmentation des températures et des pluies diluviennes sur les récoltes, combiné à la multiplication par trois de la population locale, est le risque le plus important pour l’insécurité alimentaire. Aujourd’hui, les récoltes sont insuffisantes pour fournir une quantité de nourriture décente face à la croissance démesurée de la population locale. Les solutions seraient de faire appel à l’importation alimentaire, à la sélection de plants plus faciles à cultiver en très grand nombre, à l’amélioration de la production animale, et à l’utilisation de fertilisants. Le Timor-Leste tend dorénavant vers une agriculture industrielle mais sans un financement à la hauteur de ses besoins, l’agriculture locale traditionnelle risque de perdurer encore pour de nombreuses années et de ne pas être suffisante pour nourrir cette population en croissance permanente, ce qui augmenterai encore davantage le flux de déplacés internes issus des migrations climatiques [vi].

Bibliographie

[i] The Editors of Encyclopaedia Britannica, « East Timor ».

[ii] Olivier Sevin, « Timor Lorosa’e : naissance d’un nouvel État ».

[iii] UNESCO, « Overview of Internal Migration in Timor Leste ».

[iv] Banque mondiale, « Projet de protection des infrastructures routières contre l’impact du changement climatique au Timor-Leste ».

[v] Global Facility for Disaster Reduction and Recovery, Programme ACP-UE de Prévention des Risques liés aux Catastrophes Naturelles, « Renforcer la résilience au changement climatique et aux catastrophes au Timor-Leste ».

[vi] Nicholas Molyneux, Gil Rangel da Cruz, Robert L. Williams, Rebecca Andersen et Neil C. Turner, « Climate Change and Population Growth in Timor Leste: Implications for Food Security ».

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