Le tourisme médical à Singapour

Source: https://lepetitjournal.com/singapour-le-tourisme-medical-est-en-pleine-forme-194182

Par Adrien Racek

       Depuis plusieurs années, un nouveau type de tourisme a vu le jour. Il s’agit du tourisme médical. Ayant fait ses débuts à Cuba,2 ce type de tourisme est sollicité principalement dans 3 pays de l’Asie du Sud-Est, la Malaisie, la Thaïlande et Singapour. Nous allons cependant seulement nous pencher sur le cas de Singapour. Singapour, depuis sa création, a vraiment été une place importante au niveau de l’économie, de par sa position stratégique proche du détroit de Malacca, où beaucoup de marchandises et de marchants y passent au fil des années. Alors que la région de l’Asie du Sud-Est devient de plus en plus prisée par les voyageurs, Singapour a opté pour une approche médicale concernant le tourisme, étant un État ayant une bonne économie et un bon niveau d’éducation.

       Tout a commencé par l’influence extérieure, dû à une demande de soin des pays voisins, Singapour dispose en effet de bons médecins et de bons hôpitaux. Cela a commencé en 1965.2 À cette époque, il n’était pas question de tourisme médical, mais déjà dans la fin des années 70, certains hôpitaux privés avaient déjà au moins 50% de patients venant de l’étranger.2 Voyant que cela était intéressant économiquement parlant, certaines choses ont commencé à bouger.

       À partir de 1981, de nouvelles réformes commencent à arriver, telle une vague voulant surfer sur ce nouveau type de tourisme. De 1981 à 1993, 3 régimes ont été mis en place: Medisave, un régime d’épargne obligatoire, Medishield, pour des maladies graves et Medifund, où l’on peut donner de l’argent volontairement.2 Une autre raison de ce changement était de déplacer, au fur et à mesure. le secteur médical du public au privée, pour diminuer la charge du gouvernement concernant les soins de la population, les encourageant à moins compter sur eux en cas de maladies.2 En 2007, 78% des habitants de Singapour étaient couverts.2 Évidemment, ces régimes étaient destinés pour les singapouriens. Cependant, étant donné la privatisation des soins médicaux et des hôpitaux, cela laissa la possibilité d’accueillir plus d’étrangers pour recevoir des soins à Singapour. De plus, au vu du succès qu’a le tourisme médical, il y a encore de plus en plus de privatisation des hôpitaux pour surfer sur cette vague.

       À l’aide d’une recherche faite par Nicola S Pocock et , Kai Hong Phua, il était estimé, en 2007, que Singapour a gagné 1,2 milliards de dollars américains grâce au tourisme médical. De plus, il y a environ 571 000 touristes qui sont venus pour recevoir des soins dans des hôpitaux singapouriens et les opérations les plus fréquentes étaient pour des chirurgies cardiaques et neurochirurgicales, arthroplasties et transplantations d’organes.5 Des soins dentaires en font aussi partie.1 En comparaison avec la Thaïlande, en 2006, 1,4 milliard de touristes y sont allés pour des opérations, mais le pays n’a amassé que 1.1 milliard de dollars américains.5 Cette différence est principalement dû à la différence des coûts des opérations, car ceux de la Thaïlande sont principalement des chirurgies de changement de sexe ou de la chirurgie esthétique, qui, malgré le nombre de touristes beaucoup plus grand pour la Thailande, ses opérations sont beaucoup moins chéres que celles faites à Singapour, permettant d’être un peu plus gagnant dans ce domaine du tourisme médical.

       Cependant, tout n’est pas rose avec le tourisme médical de Singapour. Dû à l’économie luxuriante de ce tourisme, et pour que la main d’œuvre coûte le moins cher possible, il y a beaucoup de médecins venant de l’étranger, même s’il y a toujours des nouveaux diplômés en médecine à Singapour. Par exemple, en 2007, plus de 200 ont été diplômés, mais au-dessus de 400 ont été recrutés de l’étranger.2 De plus, parmi les 1248 docteurs enregistrés à Singapour, pas moins de 739 ne viennent pas de là.2 Donc les nouveaux diplômés en médecine à Singapour se retrouvent à avoir de la difficulté à trouver un emplois, se voyant remplacer par des médecins étrangers.

Source: http://geotourweb.com/nouvelle_page_239.htm

       Ceci amène un autre problème, il s’agît de la privatisation à outrance des hôpitaux, laissant de moins en moins d’hôpitaux publics pour les habitants de Singapour. De ce fait, un écart se creuse dans la qualité des soins entre ceux qui peuvent se payer des soins dans des hôpitaux privés et ceux qui ne peuvent pas, creusant l’écart entre les riches et les pauvres.5 De plus, concernant le tourisme médical, les coûts pour le soin à Singapour est beaucoup plus cher dans les pays voisins qui ont un programme de tourisme médical qui, même si moins performante ou reconnu, est plus abordable pour les étrangers ayant moins d’argent. De ce fait, il y a une baisse de la croissance du tourisme médical qui se fait ressentir à Singapour.2

       Alors, profitant de leur avancée dans la matière par rapport aux pays voisins, Singapour a vraiment trouvé un filon d’or pour développer son tourisme par le moyen du tourisme médical. Cependant, avec la baisse du nombre de tourisme, on peut se demander comment Singapour va-t-il faire pour revenir?2 Va-t-il devoir baisser son tarif ou bien amener un système plus avantageux pour les patients? Aussi, on peut se demander si le fait de prendre trop de médecins à l’étranger ne risque pas d’avoir un contre-coup. Étant donné qu’étudier en médecine coûte relativement cher, que les étrangers sont favorisés pour les emplois dans les hôpitaux privés et qu’il reste que les hôpitaux publics qui rapportent moins d’argent, les nouveaux diplômés en médecine ne risquerait-ils pas de partir travailler ailleurs ou bien de ce décourager à étudier là-dedans de peur de pas pouvoir rentabiliser ses études?

Source: https://www.tourismemedical.net/tourisme-medical-a-singapour/

Sources:

1-Heng, Toh Mun; Low, Linda. 1990. «Economic impact of tourism in Singapore». Annals of tourism research. Volume 17, Issue 2, 1990, Pages 246-269

2-Leng, Chee Heng. 2010, «Medical tourism and the state in Malaysia and Singapore». Volume: 10 issue: 3, page(s): 336-357. https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1468018110379978

3-Turan Katircioglu, Salih. 2011. «Tourism and growth in singapore: new extension from bounds test to level relationships and conditional granger causality tests». The Singapore Economic Review, Vol. 56, No. 3 p.441–453

4-Linda Y. C. Lim, 2015, «Fifty years of development in the singapore economy: an introductory review», The Singapore Economic Review, Vol. 60, No. 3, p.13. DOI: 10.1142/S0217590815020026

5– Pocock, Nicola S; Hong Phua, Kai. 2011. «Medical tourism and policy implications for health systems: a conceptual framework from a comparative study of Thailand, Singapore and Malaysia». Globalization and Health. http://www.globalizationandhealth.com/content/7/1/12

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