Épopée philippine – épisode 5

25 juin 2012
Vive le Québec ! (même si c’était hier le 24)
Il pleut enfin ! Cette semaine, il n’a pas plu et ça s’est senti par la chaleur toujours plus encombrante. J’ai l’impression de ne pas avoir fait grand chose… Je suis allée en cours, je me suis fait volé mon porte monnaie, j’ai transpiré… Une semaine vraiment ordinaire.

J’ai eu mes premiers cours de tagalog. Les premières séances d’un cours de langue débutant ont toujours un côté enfantin, naïf et néanmoins jouissif. Ça à l’air difficile mais on rigole, on se fait des copaings dans la classe, la professeure parait gentille… Mais moi je SAIS qu’après je vais m’arracher les cheveux. Enfin, j’ai bien rigolé.
On est un peu moins d’une dizaine et comme c’est un cours pour les non-philippins, il y a deux américaines qui ont pas l’air sympa voir rébarbatives, un mexicain pas très rocambolesque et trois japonais très enthousiastes, très japonais qui te font croire qu’ils sont nuls en tagalog comme moi mais en fait ils savent déjà parler, les fourbes.

Moi ça m’a beaucoup perturbé de parler à des japonais parce que non seulement j’avais oublié comment c’était de parler à un japonais ! Aucun silence possible ! À n’importe quelle phrase ou même interjection, ils vont faire des « oooooooh! » ou des « aaaaaaah! » en hochant la tête un peu trop vite. Bref j’ai bien ris en imaginant une « date » à la japonaise, avec leurs manies de répéter ce que tu viens de dire et de faire de bruyants aaaaaaaaaah et oooooooooh, on doit pas s’ennuyer !!
L’autre chose, c’était que j’avais des bouts de japonais qui me revenait dans la tête, alors là mon cerveau s’est mis à fumer et à faire des bruits de tuyaux, parce qu’entre le français et l’anglais que je parle tous les jours, le tagalog que j’apprends et le japonais et l’espagnol dont je me souviens, c’est le chaos linguistique.

À part ça, je me suis inscrite dans un genre de club de yoga, j’ai donc eu des courbatures tout le reste de la semaine… J’avais fait seulement deux fois du « hot yoga » à Montréal. Ici c’est pas pareil, mais c’est « hot » quand même, pas de clim ni de ventilation dans la salle… Par contre on a pas le droit de boire. Depuis 10min avant la séance à 10 min après… étrange. Et frustrant. Il ne faut pas non plus manger une demi heure avant et après. Par contre on a le droit de texter. À bah oui, le téléphone cellulaire ici c’est comme un joker, il existe dans un monde parallèle, il est toujours admis, ou plutôt, jamais considéré. Je suis sûre qu’au théâtre ils doivent annoncer « éteignez vos ordinateurs, ne vous levez pas pour aller aux toilettes pendant la représentation, merci » … Toujours est-il que moi ça m’a dérangé la fille devant qui textait, assise nonchalamment, pendant que moi j’essayais de me tordre d’une façon pas naturelle en essayant d’avoir l’air zen.

Finalement, j’ai jusqu’au 4 juillet pour rendre mon devoir. Alors cette fin de semaine, je ne rigole pas et hop hop hop au boulot. En face de chez moi, le Zombie Lounge offre à la fois le wifi et la clim. Alors j’essaie de travailler là, au rythme des basses de la musique à fond. Les Cranberries n’ont jamais eu autant de pertinence qu’ici ! L’influence de l’alliance britanico-nippone sur le sort de la Chine pendant la conférence de la paix à Versailles en 1919 avec en fond « ZOOOOOMBIIIE, ZOOOOMBIEEEE ». Oui, oui. Et « TODAY, is gonna be the day that they’re gonna throw it back to you »…  « And after aaaaaaaaaaaaaall, you’re my wonderwaaaaaaaaaaaaaaaaall ». Pfff un peu de sérieux. Tant qu’ils ne me remettent pas Mariah Carey, tout va bien.

Les nouilles instantanées sont mes amies. C’est impressionnant de voir que le supermarché y consacre un rayon entier. Mais pas juste un côté hein, les deux côtés, rien que des nouilles ! Toutes les tailles, tous les goûts, toutes les marques, pas épicé, un peu, beaucoup, tout ça  entre 6,50 et 20 pesos.

En parlant de nourriture, cette semaine, j’ai mangé deux fois de la salade et OUAW je me suis retenue de pas faire une danse de joie tellement ça m’a fait plaisir d’avoir du frais et croquant dans ma bouche ! Tout est frit ou presque ici… Et puis les aliments de bases sont le riz et la viande, les légumes c’est de temps en temps, jamais d’excès. Et alors j’ai mis du vinaigre dans ma salade, ohlala c’était BON ! (pour ceux qui sont pas au courant, j’AIME le vinaigre).

J’ai la solution de ma question sur les toilettes !!! Les philippins sont des coquins ! Ils nous font croire qu’ils s’essuient pas les fesses avec du papier et qu’ils se lavent à chaque fois, FOUTAISES ! Je les ai vu ! En fait ils font comme moi, ils amènent leur papier avec eux. Même des trucs très sophistiqués, genre distributeur de papier toilette en plastique ! Je suis sûre que les riches ils ont un truc automatique avec un bouton et tout. Et puis dans les bars et restaurants il y a toujours PLEIN de serviettes en papier sur la table, ben en fait, c’est pour ça !! Ah les fourbes !

Je sors d’une autre séance de yoga. C’était pas le même prof et j’ai pas du tout aimé parce qu’en plus du prof il y avait une fille qui « corrigeait » les gens. Sauf qu’elle s’est acharnée sur moi, évidemment ! Elle ne me laissait pas tranquille un moment ! Bon ça va là, je suis pas une experte, y a des trucs j’y arrive pas encore, mais non elle insistait ! Ça m’a stressé et pas du tout détendu, en plus elle me parlait en même temps que le prof du coup je comprenais rien, bref, quel mauvais moment ! C’était pas du tout zen. Mon libertisme indépendantisme qui me pousse à avoir envie de faire que ce que je veux, s’est senti brimé. J’ai lu un jour dans l’horoscope d’un journal quotidien que j’étais « l’esprit libre du zodiaque », avec ce que ça veut dire et ce que ça veut pas dire… Malheureusement je ne suis pas un chevalier (du zodiaque… ha ha ha…)!

Je crois que je vais me décider à créer ma propre école de méditation zen. L’art de ne rien faire. On restera assis, tranquillement, à revenir aux choses essentielles, genre respirer, les yeux bien ouverts sur le monde. Dans une salle avec un bon ventillo, de la lumière, de l’eau à volonté et des mangues coupées en dés à l’infini. Ça c’est zen ! Je ferais payer bien cher pour avoir plus de crédibilité et je me paierais des masseurs suédois employés à l’année. Hum bon je dérive.

chinese man

Ah oui j’oubliais ! Hier on est allé à la fête de la musique à Manille, organisé par l’ambassade française. En gros, ils font ça depuis plusieurs années et les philippins ont trouvés ça cool, alors ils l’organisent chaque année. Ce jour là, il y avait un groupe connu, Chinese Man. C’était dans makati, la ville dans Manille qui ressemble pas aux Philippines. Il y a des gros buildings partout, un peu comme au Japon à Shinjuku, mais avec un côté philippin quand même : des immeubles en construction jamais achevés, des enfants qui mendient, des gens qui conduisent comme des calus…  (Note pour les gens qui sont pas du sud de la France : Calu : Fou « Il faut être calu pour monter la Gineste en courant au mois d’aout …et à midi encore… » du « dictionnaire marseillais »)

C’est ça de traîner avec une marseillaise à Manille, on reprend les bonnes vieilles expressions…

Sur ce, à bientôt mes braves !

« Les faits sont têtus. » Lénine

Sandra Vilder (Mon blog d’écriture http://facondeetbagou.wordpress.com/ )

N.B. : Je vous rappelle que cette « épopée » a été écrite sous forme de courriels envoyés à mes amis et ma famille pendant mon séjour aux Philippines l’année dernière. Je suis donc familière et peut-être parfois, les gens qui ne me connaissent pas doivent trouver ça ennuyant… Mille excuses !

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