Agriculture et industrialisation en Malaisie

Par Arnaud Daoust Janson

La NEP, une politique qui favorise les Malais
Selon Rodolphe De Koninck, c’est auprès de la paysannerie que l’État malais cherchait, suite à l’indépendance, à s’appuyer pour unifier le territoire. Cependant, puisque la majorité malaise était rurale et pauvre, il devenait important de structurer l’agriculture de façon à augmenter le niveau de vie de l’ethnie malaise.

C’est pour atteindre cet objectif que la NEP (New Economic Policy), un plan quinquennal dont le but avoué était de diminuer la pauvreté, a été mise sur pieds. Un autre objectif de la politique était de réduire la spécialisation professionnelle des ethnies et à rétablir le partage du pouvoir économique entre l’ethnie malaise et l’ethnie chinoise [1]. Les Chinois étant principalement urbains, ils détenaient déjà une grande part du pouvoir économique.

Depuis la mise en place de la NEP, la Malaysia s’est largement industrialisée. Ainsi, les exportations du pays qui, au cours des années 1960, se concentraient sur la production d’étain et de caoutchouc, se sont diversifiées et contiennent beaucoup plus de produits issus de domaines industriels. À titre d’exemple, le secteur de l’électronique, en 2005, représentait 80 % des exportations malaises. Le domaine agricole ne comptait plus que pour 7 % du commerce extérieur de la Malaysia [2].

Le projet Vision 2020

Proposé par le premier ministre Mahatir en 1991, Vision 2020 est un projet qui s’inscrit dans la logique de la NEP. En fait, il s’agit surtout de l’accélération du processus anti-pauvreté proposé naguère. Comme cette accélération se réalisera par une augmentation de la production industrielle, l’espace urbain est appelé à s’élargir. Inversement, le territoire consacré à des activités agricoles tend à reculer. D’ailleurs, la vision de Mahathir semble être réaliste, car le chômage a diminué alors que le pouvoir d’achat des citoyens malais a doublé entre 1990 et 2005 [3].

La production agricole n’est pas laissée de côté pour autant. À titre d’exemple, la production de palmiers à huile est aujourd’hui florissante, particulièrement grâce à la demande mondiale en biodiesel. En fait, elle n’a que changé de forme.

L’agriculture périurbaine

Avec l’augmentation de l’étendue urbaine est apparue l’agriculture périurbaine, c’est-à-dire l’agriculture en périphérie urbaine. Avec un taux d’urbanisation de 67,3 % en 2005 [4], les agriculteurs malais sont, pour la plupart, installés autour des villes. Ce nouveau développement comporte à la fois des avantages et des inconvénients.

On observe une intensification dans la production dans le domaine agricole. De plus, compte tenu de proximité avec les centres urbains. Les producteurs agricoles peuvent avec écouler leur production avec une plus grande facilité dans les différents marchés et commerces que l’on retrouve en ville.

Néanmoins, les agriculteurs en périphérie se retrouvent constamment avec des problèmes d’approvisionnement en eau et en terres [5]. Avec la crise alimentaire mondiale qui se dessine, il devient nécessaire que la Malaysia s’organise pour subvenir aux besoins alimentaires de sa population.

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[1] Rodolphe De Koninck. L’Asie du Sud-Est. 2005, p.189.

[2] Rodolphe De Koninck. Malaysia. La dualité territoriale. 2007, p.77.

[3] Ibid., p.85.

[4] L’état du monde 2008. Annuaire économique géopolitique mondial.

[5] Document pdf en ligne : Status And Potential of Urban And Peri-Urban
Agriculture In Malaysia. P.131-132.

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