Les Philippines : un pays en développement

 

Lors d’un rapport du gouvernement canadien en 1997, il a été expliqué que les Philippines étaient un pays en développement et que l’écart entre les riches et les pauvres continue de s’élargir. On relève que 80% de la population possède moins de 20% des ressources du pays tandis que 20% de la population possède 80% des ressources. Aussi, 70% de la population vit sous le seuil de la pauvreté; il s’agit surtout de paysans et d’ouvriers. Le chômage et la pauvreté sont endémiques, étant donné que les prix des denrées de base s’élèvent hors de  portée pour une grande majorité de Philippins. Le salaire quotidien minimum est d’environ 50% inférieur au coût moyen de la vie quotidienne [1].

 

 

L’évolution récente de l’économie des Philippines

 

Le rapport de la mission économique de la Suisse aux Philippines évalue qu’en 2006 l’économie des Philippines s’est rétablie, si l’on observe les résultats économiques des dernières années. Malgré de nombreux problèmes en suspens, le pays a connu une amélioration structurelle notable.

Depuis 2002, les spécialistes percevaient l’économie des Philippines comme étant en crise fiscale due à un déficit budgétaire problématique dont il était difficile de se sortir. Pourtant, l’économie a redémarré : les exportations et les investissements directs à l’étranger ont augmenté, l’inflation a diminué et le niveau de la dette internationale s’est amélioré. Le peso philippin s’est également renforcé. Au-delà de ces améliorations, il reste de nombreuses lacunes en matière de répartition des richesses et de niveau de vie [2].

 

Des chiffres plus précis sur l’année 2006

 

Le taux de croissance du PIB de 5,4% en 2006, bien qu’il soit respectable, reste faible lorsqu’on le compare aux taux de croissance de la plupart des autres pays de l’ASEAN et des voisins asiatiques des Philippines pour la même période. Bien que les tendances inflationnistes philippines soient à la baisse, seule l’Indonésie avait un taux d’inflation plus faible que les Philippines l’année dernière [3].

Selon la répartition moyenne des 60 derniers mois, à date d’avril 2007 :

– Les exportations sont principalement et respectivement à destination de la Grande Chine**, des États-Unis, du Japon et de l’Union européenne*. Pour des chiffres plus détaillés, cliquez sur le tableau ci-dessous afin de l’agrandir.

– Les importations viennent principalement et respectivement des États-Unis, du Japon, de la Grande Chine** et de l’Union européenne*. Pour des chiffres plus détaillés, cliquez sur le tableau ci-dessous afin de l’agrandir.

Les Philippines sont un membre fondateur de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE, ou plus communément ASEAN).

Secteurs principaux d’exportation : produits électroniques, vêtements, câbles utilisés dans les véhicules, avions et bateaux, huiles de coco, fabrications de bois et de meubles, produits fabriqués à partir de matériaux importés, produits à base de pétrole, composantes métalliques, cathodes, bananes fraîches.

Secteurs principaux d’importation : produits électroniques, carburants minéraux, lubrifiants, machines industrielles, équipements de transport, fer et acier, céréales,  textile filé, tissus, équipements de télécommunications et machines électriques, plastiques, produits chimiques.

Industries principales : les matériaux de construction, l’électronique, l’alimentation, le mobilier domestique, les produits de la mer, les composantes de véhicules automobiles, les produits organiques et naturels.

*Indicateur compilé sur les données des 15 premiers pays de l’UE, avant les élargissements subséquents.

** République Populaire de Chine + Hong Kong + Macao + Taïwan

Source des tableaux : Rapport de la mission économique du Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Emploi, gouvernement français [4].

À voir : Fiche sur les Philippines en tant que membre de l’ASEAN [5]

 

Les facteurs ayant mené à l’accumulation de la dette internationale

 

Jusqu’à la fin des années 1950, les Philippines ont connu une croissance économique lente. D’un point de vue démocratique, le pays connaissait des changements réguliers de gouvernement, les partis au pouvoir se succédaient fréquemment. En 1965, le Président Ferdinand Marcos est arrivé à la tête du gouvernement. Il voulait écarter tous les obstacles à la stabilité et à la croissance économique de son pays. Il a instauré, en 1972, la loi martiale qui devait permettre la mise en place d’un certain nombre de réformes et de changements dans la société et l’économie des Philippines. De plus, le Président Marcos voulait instaurer un régime centralisé et patrimonial (il cherchait à acquérir un pouvoir plus personnel).

Dans cette perspective réformiste, le rôle des technocrates s’est accru dans la formulation des politiques économiques. Les crimes de rue ont diminué, les infrastructures ont été améliorées, les capitaux étrangers ont été attirés, les oligarchies rurales ont été affaiblies malgré le rôle traditionnel et important de l’élite socio-économique aux Philippines. Les entreprises nationales ont alors pu se développer solidement. Pourtant, malgré ces améliorations économiques, le pays est resté en retard dans ce domaine par rapport aux autres pays de la région. De plus, son ouverture ne s’est que timidement accrue au cours des années 1970 jusqu’à la première moitié des années 1980.

Le milieu manufacturier philippin n’a pas été, lors de son développement, en mesure d’entrer en compétition sur les marchés internationaux, ni de procurer des emplois ou encore d’être la source d’échanges internationaux. L’explication la plus claire à ce phénomène serait le rôle des élites nationales. Celles-ci ont été capables de garder beaucoup de pouvoir malgré les mesures mises en place par Ferdinand Marcos. La quantité de ressources nationales à leur disposition a même été la source d’échec de certaines des ambitions du président puisque le pays n’y avait pas accès. Cette oligarchie a toujours été très puissante dans un État faible. Ceci caractérise les Philippines : certains groupes composant sa société détiennent beaucoup de pouvoir et l’utilisent en fonction de leurs intérêts.

Le Président Marcos est cependant resté à son poste pendant une vingtaine d’années. Il a ainsi eu à sa portée l’aide internationale. Tout en étant resté indépendant des élites nationales, Ferdinand Marcos a alors fait grossir la dette internationale des Philippines au cours des années 1980 en comptant sur les emprunts internationaux.

L’État philippin n’a jamais réussi à être totalement indépendant de l’élite socio-économique nationale. Il n’a pas été en mesure d’instaurer son monopole de la violence et de la taxation. Le rapport clientéliste au sein du gouvernement a toujours été très fort et les ressources étatiques ont souvent été utilisées comme une extension du patrimoine personnel des dirigeants ou des grands patrons dans leur propre intérêt.

Alors que dans les années 1980 les économies des pays de l’Asie du Sud-Est commençaient à s’ouvrir et à redémarrer après les crises pétrolières des années 1970, l’économie des Philippines s’est refermée sur elle-même et n’avait plus la capacité de s’ajuster aussi bien qu’auparavant. Les stratégies à court terme ne prenaient pas en compte les ajustements nécessaires pour le développement à long terme du pays. Ainsi, le manque d’infrastructures et la croissance importante de la dette internationale n’ont pas permis aux Philippines d’affronter l’ouverture de son marché et de s’affirmer sur les marchés internationaux. La dette constitue à elle seule un obstacle majeur au développement du pays [6].

 

Les obstacles que rencontre le développement

 

Aujourd’hui, la perception de la corruption dans le secteur public grandit. Dans une enquête récente sur 13 économies asiatiques, 100 cadres étrangers ont été examinés par la Consultation de risque politique et économique basée à Hong Kong (PERC). Celle-ci a attribué une cote de 9,4 aux Philippines, 10 étant la catégorie la plus basse. Les Philippines ont été catapultées au sommet de la liste « de perception de corruption ». Autant en 2006 qu’en 2005, les Philippines ont été le troisième pays le plus corrompu derrière le Vietnam et l’Indonésie [7].

Le chômage est également un problème majeur persistant qui a empiré en 2006. Il est monté à une moyenne annuelle de 7,9%, supérieure à celle de 7,7% l’année précédente. En terme absolu, le chômage a atteint 2,82 millions de personnes en 2006. Le sous-emploi a grimpé à 22,7%, équivalant à huit millions de personnes touchées. Enfin, neuf millions de travailleurs migrants sont employés à l’étranger [8].

Déjà dans les années 1990, la migration du peuple philippin s’inscrivait dans un contexte de crise économique et politique de plus en plus aiguë. Par exemple, les Philippins qui habitent au Canada sont en général âgés de 25 à 48 ans, soit le groupe d’âge le plus productif, et ils sont très scolarisés. En fait, les immigrants venant des Philippines sont plus susceptibles que l’ensemble des immigrants et même des personnes nées au Canada de posséder un diplôme universitaire. Ceci étant, leurs revenus sont inférieurs à ceux des autres groupes. Le revenu moyen annuel des immigrants philippins (exception faite des travailleurs domestiques) est de 21 700$, comparativement à 23 700$ pour les personnes nées au Canada [9].

[1] Condition féminine Canada. 2000. Le Canada et le mariage de Philippines par correspondance : la nouvelle frontière. Ottawa : Philippine Women Centre of B.C.

[2] Embassy of Switzerland, Philippines. Avril 2007. Philippines Economic Report 2006. Manille.

[3] Ibid.

[4] Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Emploi. 2007. Philippines  exportation, exporter, vendre, implantation, investir, s’implanter. En ligne. http://www.missioneco.org/philippines/

[5] Philippines Information Agency. 2006. ASEAN Philippines. En ligne. http://www.pia.gov.ph/asean/?m=4&i=p:philippines&sm=p:profiles

[6] Toute la sous-section s’inspire du livre suivant : Alasdair Bowie et Danny Unger. 1997. The Politics of Open Economies: Indonesia, Malaysia, the Philippines and Thailand. Cambridge : Cambridge University Press.

[7] Ibid.

[8] Ibid.

[9] Op.cit. note 1