Mise en contexte : la coalition Sukarno-Hatta (1949-1955)
Le modèle démocratique indonésien a survécu pendant aussi longtemps en grande partie grâce à l’alliance stratégique entre Sukarno, premier président de la République d’Indonésie, et son vice-président Mohamed Hatta. Ce dernier, plus modéré dans sa démarche, cherchera à redresser l’économie du pays dans un contexte où l’exploitation de ressources est encore en grande partie dans les mains d’intérêts occidentaux. Il jouira d’un soutien particulier au sein des îles extérieures. Sukarno, représentant une vision plus traditionnelle et jouissant d’un charisme remarquable, galvanisera plutôt les foules javanaises, les invitant à se regrouper autour d’enjeux nationalistes globalement acceptés, comme l’annexion de la Papouasie de l’Ouest.
Vers l’autoritarisme
L’élection de 1955 viendra confirmer une vision sociale plus traditionnelle et de droite, alors que Sukarno sera ré-élu avec un support d’environ 40% séparé entre deux partis. Ce dernier encouragera donc la consolidation et la cohésion de l’armée afin de remplir ses promesses nationalistes, dont l’unification de l’Indonésie et la réappropriation des ressources économiques dans les mains des Indonésiens. S’entamera donc une collaboration étroite entre Sukarno et le général Nasution, commandant des forces armées du pays: l’ancien collaborateur et père de la démocratie indonésienne Mohamed Hatta, désillusionné par la direction dans laquelle se dirige le pays, démissionnera de la vice-présidence. Finalement, Sukarno déclarera la loi martiale en 1957 face au conflit en Papouasie, annulant plusieurs libertés démocratiques dont la tenue d’élections. En 1963, il lèvera la loi martiale, mais le mal sera déjà fait, et l’Indonésie aura depuis plusieurs années été dans une Démocratie Guidée qui est en fait plus autoritaire qu’autrement. Cet autoritarisme sera consolidé par le Nouvel Ordre du général Suharto, ce dernier prenant le pouvoir à compter de 1965.