1965-1997: La dictature militaire indonésienne sous le « New Order »

Les racines de l’autoritarisme indonésien

La démocratie guidée qu’impose Sukarno à partir de 1959, dans une perspective d’unité nationale, s’est mise en place avec le rapprochement de l’armée et de l’État. Cependant, ses politiques nationalistes de consolidation de l’armée et de rejet de l’investissement étranger mettront le pays dans une situation de pauvreté accrue, menant entre autres à une importante inflation et à des tensions sociales importantes.

Sukarno, non seulement nationaliste, se veut anticolonial; la conférence de Bandung de 1955 mènera à la création du mouvement des non-alignés, une faction de pays neutres dans le contexte de la Guerre Froide.

De plus, Sukarno s’alliera avec le Parti Communiste Indonésien (PKI), ce qui suscitera une vive opposition chez les élites locales surtout musulmanes. Ces mesures vont toutes faire en sorte que les États-Unis seront de plus en plus méfiants du régime de Sukarno. Il est important de savoir que la CIA essaiera à plusieurs reprises d’assassiner Sukarno et d’encourager des rébellions locales. Après avoir échoué à plusieurs reprises, le gouvernement Kennedy se contentera d’ entraîner l’armée indonésienne et de l’encourager à agir contre les politiques de gauche de Sukarno. Alors que l’anti-communisme existe déjà en Indonésie depuis longtemps, le rapprochement de Sukarno avec plusieurs nations communistes à compter de 1964, ainsi que l’implantation d’une réforme agraire visant à uniformiser l’accès aux terres, sonneront la fin de la Démocratie Guidée…

Le général Suharto et le coup d’état de 1965.

Le général Suharto, né en 1921, a de l’expérience militaire au sein du gouvernement colonial néerlandais, puis du gouvernement japonais, lui permettant de se tailler une place dans la hiérarchie militaire à l’époque de la Révolution de 1945. Devenant général en charge de la réserve militaire indonésienne, il sera bien placé pour émerger comme opposant à Sukarno. Lors d’une tentative d’assassinat le 30 septembre 1965, le général Suharto blâmera le PKI, et laissera libre cours à l’anti-communisme, encourageant la violence qui mènera à l’extermination de centaines de milliers de communistes et d »opposants au nouveau régime de droite qui se mettait en place. Il importe aussi de noter que les États-Unis ont joué un rôle important dans ce génocide: des documents récemment déclassifiés dévoilent que la CIA était non seulement consciente du massacre qui a duré près de deux ans, mais l’a même encouragé. La CIA aurait confirmé à tort que la tentative d’assassinat provenait du PKI, offert de l’équipement de communication pour aider Suharto à propager son idéologie, et aurait même fourni à l’armée indonésienne des listes de communistes soupçonnés, tout cela dans le but d’accroître l’influence américaine dans la région en collaboration avec un régime de droite. Ce génocide mènera à l’éradication du troisième plus important parti communiste au monde et à l’implantation d’un nouveau régime autoritaire axé sur l’idéologie du Pancasila: le Nouvel Ordre indonésien.