L’autoritarisme indonésien sous Suharto

Le Pancasila, idéologie dominante de la nation indonésienne

Le Pancasila, littéralement « les 5 principes », se veut l’idéologie dominante en Indonésie, et ce, depuis bien avant le règne de Suharto. En 1945, lorsque Sukarno a déclaré l’indépendance de l’Indonésie, il a établi ces cinq principes comme fondateurs, unifiant l’Indonésie (déjà culturellement, religieusement, linguistiquement très diversifiée) sous un même ordre de pensée. Néanmoins, ces principes trahissent quand même un certain biais envers la population musulmane, établissant l’importance du monothéisme. Celle-ci s’appuiera donc sur cette idéologie dans le cadre des violences anti-communistes de 1965 et 1966.

Le Pancasila encourage aussi dans ses préceptes initiaux la formation d’une démocratie où tous sont représentés. Si cette vision s’est tranquillement estompée au fil des années, il n’en reste pas moins que le gouvernement de Suharto, mis en place à compter de 1968, voudra conserver l’image d’une démocratie indonésienne, invitant la population à se prononcer dans le cadre d’élections législatives. Dans les faits cependant, ces élections étaient manipulées afin de garder la stabilité du régime, et Suharto n’aura aucun adversaire dans ses campagnes présidentielles pendant son règne qui durera plus de 30 ans.

L’armée a aussi consolidé son emprise sur la société dans le régime de Suharto. En effet, pendant cette époque, l’armée assumait une double fonction, c’est-à-dire qu’elle a non seulement renforcé son rôle de sécurité nationale, mais s’est aussi incrustée dans la vie politique. Ainsi, comme Suharto lui-même, plusieurs hauts gradés de l’armée indonésienne occuperont des postes importants au sein de l’appareil politique indonésien. Cette facette de la vie politique indonésienne, combinée avec une étroite collaboration militaire avec les États-Unis qui, comme ce fut expliqué ci-haut, ont bénéficié de la présence d’un régime autoritaire de droite dans la région, a fait en sorte que l’Indonésie a pu consacrer peu de ses ressources sur le développement militaire, s’intéressant davantage à assurer le développement économique pendant cette époque. La sécurité externe étant assurée par un partenariat avec les États-Unis, le gouvernement a plutôt consacré ses efforts à assurer la sécurité interne du pays. Pour ce faire, le gouvernement de Suharto a été supporté par des groupes paramilitaires qui ont assuré une sécurité interne propre à la vision de Suharto. Ce sont donc des membres de ces groupes qui ont effectué les violences de 1965 et 1966 où des centaines de milliers de communistes ont été tués. Le règne du régime de Suharto continuera pendant 30 ans, et cessera finalement en 1997.