Lorsque l’on regarde les chiffres actuels, la diaspora chinoise composent une partie considérable de la population vivant sur le territoire malais. Ce chiffre, de 23.4%, est toutefois le chiffre le plus bas que le pays ait connu depuis l’indépendance du pays en 1957. Cette année-là, les sino-malaisiens totalisaient 37.2% de la population (1).
Les analystes prévoient que ce chiffre tombera à moins de 20% d’ici 2030 (voir figure 3) (2).
Quelles sont les causes d’une telle baisse dans les données ?
Un très clair sentiment anti-chinois semblerait être derrière ce départ.
Les luttes raciales en Malaisie ne datent pas d’hier, c’est en 1969 qu’on en voit l’étendu et la force avec les émeutes de Kuala Lumpur. Les résultats des élections du 10 mai 1969 amenèrent célébrations et protestations dans les rues de Kuala Lumpur.
Conflits auraient éclatés entre les non-malais, principalement les chinois, célèbrant la victoire de la coalition d’opposition, et les malais. Ces conflits auraient été fortement réprimés par la police, résultant à la mort d’entre 196 à 800 morts selon les différentes sources, avec plus de 90% des victimes chinoises (3). Plusieurs autres conflits, de plus petites ampleurs ont éclatés jusqu’à aujourd’hui, conflits débutés autant du côté chinois que du côté malais.
Des années 60 à aujourd’hui se maintient l’idée que les chinois sont économiquement privilégiés face aux malais, et cette réussite du pouvoir d’opposition en 1969 avait suscité la crainte d’une éventuelle prise politique (4).
Il est vrai que la diaspora chinoise en Malaisie “s’en sorte mieux”(5) que les autres ethnies: Un sondage de 2014 affirme que les revenus mensuels des chinois sont plus élevés que ceux des malais et indiens. Aussi, 8 chinois en 2015 atteignaient le top 10 des plus riches selon la liste annuelle du “Forbes’ 50 Richest 2015” (6). Ces chiffres donnent une image qui surévalue la richesse des chinois dans la société malaise; Les inégalités économiques au sein de la population chinoise est en hausse, venant fausser les données. D’après ces chiffres existe une systématisation dans la gouvernance d’assumer que les chinois n’ont pas besoin d’aide économique de l’État, malgré que plusieurs se situent en dessous du seuil de la pauvreté. Aussi, tous les outils et organes étatiques dans l’économie sont contrôlés par des malais et non des chinois, résultat du « New Economic Policy » de 1970 qui voulait « égaliser les pouvoirs » en donnant des droits supplémentaires à la majorité malaise(7).
Dans le même fil d’idée, malgré que la constitution ne fait pas mention de ce fait, il est impossible pour un non-malais de devenir premier ministre et les chinois finissent toujours par être sous-représenté dans les chambres (8).
C’est ce traitement inégalitaire qui amène plusieurs chinois à partir vers d’autres pays tels que Singapour, où la voix chinoise est influente.
(1) Straits Time, Falling Malaysian Chinese Population Worrying Analysts, 24 Janvier 2017.
http://www.straitstimes.com/asia/se-asia/falling-malaysian-chinese-population-worrying-analysts
(2) Donnée du Asian Strategy and Leadership Institute, énoncée dans: Straits Time, Falling Malaysian Chinese Population Worrying Analysts, 24 Janvier 2017.
(3) Ness, Gayl D. Critique de: Rahman, Tunku Abdul. May 13: Before and after; Slimming, John. Malaysia, Death and Democracy; The National Operation Council, May 13th Tragedy: a Report; Goh, Cheng Tiek. The May Thirteenth Incident and Democracy in Malaysia. The Journal of Asian Studies, Vol. 31, no.3 1972. p.734.
(4) Idem.
(5) Han, Bochen. Malaysia’s Chinese Diaspora: The Other Side of the Story, The Diplomat, 10 novembre 2015.
(6)(7)(8) Idem.