Vietnam: Prostitution et VIH/SIDA

La prostitution au Vietnam est apparue tard durant la dynastie des Le, soit autour du 17e– 18e siècle (Hong, 1998 : p.33). Par contre, ce qui nous intéresse ici est la propagation des maladies transmises sexuellement dans la prostitution au Vietnam à notre époque et son impact sur la jeunesse.

Un femme vietnamienne en consultation dans une clinique pour VIH/SIDA dans la province de Nghe An. 2019. USAID/Vietnam

Regard sur la prostitution vietnamienne

En 1990, le Vietnam comptait aux alentours de 40 000 prostituées enregistrées qui pratiquent dans 1000 bordels différents. Parmi ces 40 000, d’après une étude porté en 1992, 6.3% de celles-ci étaient âgées de moins de 16 ans. De plus, 60.4% de ces travailleuses du sexe sont éduquées au moins au niveau primaire. Le chiffre non-officiel de prostituées au Vietnam serait plus proche du 500 000, sans inclure les travailleurs masculins (Hong, 1998 : p.34).  L’âge moyen où les femmes ont commencé à travailler dans le cercle de la prostitution est de 13 ans (Hong, 1998 : p.37).

 

VIH et SIDA

La propagation du VIH et du SIDA au Vietnam est importante parmi les travailleuses du sexe principalement concentré au sud du pays (Müller, 1997 : p.288) D’après l’étude de Hong en 1998, les prostituées, homme ou femme, avouent avoir une connaissance limitée des maladies transmises sexuellement et comment les prévenir. Ces mêmes prostituées disent même ne pas réellement faire d’effort pour le port de préservatifs lors des relations sexuelles (Hong, 1998 : p.37). Dans la même étude, les prostituées disent laisser la décision de l’usage du préservatif au client (Hong, 1998 : p.38). De plus, l’utilisation du préservatif, en général n’est pas populaire à travers a population vietnamienne, puisque le fardeau de contraception tombe encore sur la femme et non l’homme dans les relations (Nguyen, 2008 : p.9). Hong amène que la propagation du VIH et du SIDA peut s’expliquer par plusieurs raisons : l’âge relativement jeune des prostituées, le non-usage de préservatifs, le temps passé en tant que prostituée, la fréquence des relations sexuelles et même les établissements dans lesquels elles pratiquent (Hong, 1998 : p.38). Si les prostituées sont jeunes, elles n’ont peut-être pas eu l’éducation nécessaire pour prévenir le partage de maladies vénériennes. De plus, si elles n’utilisent pas de préservatifs et sont prostituées depuis plusieurs années, les chances d’avoir été en contact avec des clients infectés sont plus grandes. De plus, un nombre important de travailleuses du sexe sont aussi dépendantes de drogues injectables. Ces femmes ont donc une manière de plus de contracter et de rependre des maladies, tel le SIDA, à travers l’usage d’aiguilles (Nguyen, 2008 : p.5). Par contre, il est important de noter la hausse importante (84%) du port du préservatif des prostituées avec de nouveaux clients (Nguyen, 2008 : p.5). Elles disent tout de même ne pas en porter avec leurs clients réguliers ou leurs amoureux. Le nombre de clients par semaine peut aller de 2 à 18 clients. Par contre, le grand risque viendrait plutôt des clients qui font usage des travailleuses du sexe souvent et avec différentes femmes. De 1997 à 1999, 37% à 62% des prostituées dans l’étude de Nguyen disent ne jamais avoir utilisées de condoms (Nguyen, 2008 : p.5). Les hommes qui sont clients fréquents des bordels au Vietnam et qui utilisent des drogues injectables ne partagent pas nécessairement leur contamination du SIDA ou du virus VIH à leurs épouses ou amoureuses, ce qui entraine la propagation de ces maladies à travers les femmes qui ne consomment aucune drogue (Nguyen, 2008 : p.6). Le risque pour la jeunesse vietnamienne est que, plus ces maladies et virus se propagent à travers les épouses des hommes qui fréquentent des travailleuses du sexe, plus il y a de femmes « normales », c’est-à-dire qu’elles n’utilisent pas de drogues et ne sont pas prostituées, qui sont atteintes de ces maladies. Plus ces femmes sont infectées, plus il y a des chances que ses enfants naissent avec le SIDA ou le virus VIH. Ces femmes, puisqu’elles ont honte de parler des relations sexuelles de leurs maris ou amoureux (Nguyen, 2008 : p.7), elles ne demandent pas le port du condom et elles ne se font pas testées pour ces maladies. En ce qui concerne les enfants qui sont séropositifs, ils ne seront testés que s’ils tombent malades (Nguyen, 2008 : p.8).

 

Parler des relations sexuelles est encore tabou parmi la jeunesse Vietnamienne, mais nous voyons une amélioration puisque 50% des parents en 1991, selon l’étude de Hong, disent vouloir investir plus dans l’éducation sexuelle de leurs enfants (Hong, 1998 : p.41).

 

BIBLIOGRAPHIE

            HONG, Khuat Thu : “ Study on Sexuality in Vietnam: The Known and Unknown Issues”, The Population Council, Regional Working Papers, no.11 (1998) : 33-43 https://www.researchgate.net/profile/Thu_Khuat/publication/309488215_Study_on_Sexuality_in_Vietnam_The_Known_and_Unknown_Isues/links/58131fe608aeffbed6ba4660/Study-on-Sexuality-in-Vietnam-The-Known-and-Unknown-Isues.pdf

NGUYEN, T.A., OOSTERHOFF, P., HARDON, A. et al. “A hidden HIV epidemic among women in Vietnam”, BMC Public Health, 8 (37) (2008). https://link.springer.com/content/pdf/10.1186/1471-2458-8-37.pdf

MÜLLER, O., UNGCHUSAK, K., LENG, H. et al. “HIV and AIDS in Southeast Asia” The Lancet, Elsevier, 350 (9073), (1997) : p.288 https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0140673697260307?via%3Dihub

Crédit image: https://www.usaid.gov/vietnam/hiv-aids

 

 

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