Le prix de l’indépendance

Par Roxanne Lord D’Onofrio

La Birmanie est aujourd’hui un pays sud-est asiatique indépendant. Comme la plupart des pays de la région, la Birmanie gagne son indépendance des mains d’un colonisateur occidental. Pour les Birmans, ce sont des Britanniques dont ils se libèrent. Ainsi, de 1886 à 1937, le pays fait partie de l’empire anglais [1]. Il devient une colonie en 1937.  Après s’être extirpés du joug anglais, les Birmans tombent sous l’emprise des Japonais, qui arrive en Birmanie comme étant des libérateurs [2]. Ceux-ci occupent le territoire pendant quelques années. C’est finalement en 1948 que la Birmanie naît officiellement [3].

Alors que la Birmanie était anglaise, son économie se portait parmi les meilleures de la région[4]. En fait, durant l’époque précédant la Seconde Guerre mondiale, la Birmanie voit une croissance rapide de ses productions, notamment celle du riz [5]. Vieux pays pétrolier, la Birmanie était aussi un grand exploitant forestier.  Bref, la Birmanie apparaissait comme un joyau de l’économie asiatique. De surcroit, la Birmanie rayonnait aussi pour son taux d’alphabétisation élevé à l’époque[6]. Il est cependant en chute libre depuis le début du 21e siècle[7].

Les mouvements nationalistes qui mènent à l’indépendance viennent cependant perturber l’état économique de la Birmanie. En effet, les poussées indépendantistes se font sur plusieurs fonds, autant religieux que politique. Le gouvernement de U Nu, mis en place dès l’indépendance, propose au peuple un modèle d’État-providence[8] . Au même moment, les exportations ne maintiennent plus le rythme d’avant, et l’inflation augmente considérablement. De ce fait, la stabilité politique du pays est minée. Rapidement, les luttes de pouvoir mènent à un coup d’État de la part de l’armée. Ainsi, en 1962, le général Ne Win prend le pouvoir.  Il entreprend une nationalisation de la plupart des secteurs de l’économie [9]. Cependant, la gestion des ressources n’est pas optimale. Par conséquent, l’élite birmane s’enrichit grandement alors que la population ne goûte pas au fruit de la nationalisation [10]. Encore pire, les exportations deviennent de plus en plus maigres, de sorte que l’économie birmane chute. En fait, les décennies qui suivent, l’économie informelle devient prédominante. Aujourd’hui, la Birmanie fait partie des pays les moins avancés selon l’ONU et est considérée comme un des pays les plus corrompus du monde [11].

L’ère de Ne Win est effectivement une époque peu reluisante de l’histoire birmane. Cependant, malgré sa démission en 1988, le pays ne se porte pas mieux. Effectivement, plusieurs situations, que ce soit le problème de la drogue ou la gestion de la crise des Rohingya, tachent la réputation du pays et mettent en lumière les grandes faiblesses du gouvernement. En ce sens, « le budget officiel de l’armée serait huit fois supérieur à celui de l’éducation et de la santé »[12]. Aussi, la question ethnique en Birmanie demeure complexe, et mène l’État à user de ses ressources pour investir dans l’armée. La Birmanie choisit de « résoudre » ses problèmes de manière militaire, principalement. Par conséquent, ceux-ci se maintiennent et s’aggravent.

le général Twan Shwe, représentant la junte militaire en Birmanie. source: The Independant

Face à ces problèmes qui se maintiennent depuis la fin des années 70, des groupes d’oppositions se forment et tentent de guider le pays vers une démocratisation.  Le National League for Democracy lutte notamment pour cette cause. Il s’agit d’une organisation civile d’étudiants et de moins bouddhistes contre l’État [13]. Malgré la mise en place des élections à la fin des années 90, la junte militaire refuse d’en respecter les résultats. Le pays est constamment dans des luttes entre les civils et l’armée, de sorte que les États-Unis viennent s’ingérer. Les effets ne sont pas ceux escomptés et le pays reste fortement perturbé. Avec ces problèmes, même si le tourisme est fortement encouragé par le gouvernement depuis les années 90, il est particulièrement faible [14]. Ainsi, l’économie est difficile à développer. La Birmanie tente de s’ouvrir économiquement et a favorisé les entreprises privées. Cependant, les sanctions commerciales rendent difficile l’expansion économique. Cependant, elles ont aussi comme effet d’encourager le pays à s’ouvrir [15]. Malgré les efforts, la grande majorité de la population birmane vit sous le seuil de la pauvreté. Ainsi, la Birmanie, depuis son indépendance, n’arrive pas à jouir de son pays en tirant profit de ses nombreuses ressources. Au contraire, le pays est fortement corrompu et divisé, contrôler en grande partie par le commerce informel.

[1] CRISLA.2013.

[2] Rodolphe de Koninck. 2012.p.246

[3] Rodolphe de Koninck. 2012.p.231

[4] Rodolphe de Koninck. 2012.p.231

[5] Rodolphe de Koninck. 2012.p.240

[6] Perspective Monde

[7] Perspective Monde

[8] Rodolphe de Koninck. 2012.p.245

[9] Rodolphe de Koninck. 2012.p.246

[10] Renaud Egreteau. 2012. p.299

[11] Peter Perry. 1997.p.227

[12] Rodolphe de Koninck. 2012.p.231

[13] Rodolphe de Koninck. 2012.p.246

[14] Rodolphe de Koninck. 2012.p.250

[15] Rodolphe de Koninck. 2012.p.252

Bibliographie

Centre de Réflexion d’Information et de Solidarité avec les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. 2013. « Chronologie et histoire récente de la Birmanie ». CRISLA. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL : https://www.ritimo.org/Chronologie-et-histoire-recente-de-la-Birmanie

Perspective Monde. 2019. « Degré d’aplahbétisation- bilan Myanmar ». Université de Sherbrooke. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL :http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=MMR&codeTheme=4&codeStat=SE.ADT.LITR.ZS

Peter Perry. 1997. « Myanmar, la nouvelle Birmanie : les mutations de la géogrpahie politique d’un ordre politique figé ». Les Cahier d’Outre-Mer. pp.225-243. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL : https://www.persee.fr/doc/caoum_0373-5834_1997_num_50_199_3654

Philippe Richer. 1997. « De la Birmanie au Myanmar, d’une dictature à l’autre ». Études, Paris. 10 pages. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k442142r/f10.item.r=j%C3%A9sus.langFR

Pierre Gourou. 1951. « L’économie birmane ». Annales de Géographie. n°322. p. 392. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL :http://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1951_num_60_322_13329

Renaud Egreteau. 2012. « Birmanie : la transition octroyée », Études, Tome 416, p. 295-305. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL : https://www.cairn.info/revue-etudes-2012-3-page-295.htm

 

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