Histoire perdue de l’autonomie papoue en Indonésie

Par Marc-André Roy

En mars 2017, sept pays des iles du pacifique ont exiger une investigation des Nations unies sur les allégations de violation des droits de l’homme de la part de l’Indonésie a l’encontre des mouvements séparatistes papous dans la province de Papouasie occidentale. Depuis plusieurs décennies, des groupes militent pour l’autonomie de cette partie d’ile. Quelles sont les raisons géohistoriques qui expliquent ce conflit?

Un habitant papou tenant le drapeau de la Papouasie occidentale, un acte illégal dans la région

Le tout commença par la colonisation de la partie ouest de l’ile, qu’est aujourd’hui la Nouvelle-Guinée, par les Hollandais. Cette colonisation n’avait apparemment aucune autre motivation que d’empêcher d’autres empires coloniaux d’avoir accès à ce territoire. Cependant, lorsque Sukarno déclara l’indépendance de l’Indonésie en 1949, il compta fessant partie du territoire indonésien tout territoire que possédais la hollande dans la région, comptant ainsi la Nouvelle-Guinée occidentale. Afin de mieux gérer le cas de la Papouasie, le gouvernement néerlandais accepta l’indépendance indonésienne tout en prévoyant d’autres discussions sur le sort de l’ile. Malheureusement, entre 1949 et 1956, aucune discussion n’aboutit à un consensus.

La Papouasie occidentale ou Irian Jaya pour les indonésiens

En 1961, afin de faire avancer le dossier, le ministre des Affaires étrangères, Joseph Luns, proposa un plan d’action, le plan Luns, proposant un retrait de l’autorité hollandaise sur le territoire et l’installation de conseiller de l’ONU afin de superviser l’indépendance de la Nouvelle-Guinée occidentale. Le plan ne fut pas accepté à l’ONU, mais plusieurs de ces recommandations furent appliquées en sur place. Ainsi, un drapeau, un hymne national ainsi que le nom de Nouvelle-Guinée occidentale furent choisis par un conseil papou. Mécontents des revendications papoues, l’Indonésie et les Pays-Bas eurent plusieurs échauffourées entre leurs marines et leurs aviations. Suite a ces événements, les états, unis travaillèrent avec les nations unies afin de conclure un accord sur le conflit déjà bien entamer. Ces discussions aboutirent à l’accord de New York qui stipule que l’ONU a le droit d’administrer le territoire pour un temps avant de devoir le céder à l’Indonésie. Malgré que l’accord ait été fortement critiqué par les communautés sur place, l’accord fut voté.

Le premier octobre 1962, l’Autorité exécutive temporaire des Nations unies (UNTEA) entre officiellement en service. Cette administration devait s’assurer du bon déroulement de la passation de pouvoir. Malheureusement, l’Indonésie impatiente pris immédiatement contrôle de plusieurs lieux sur l’ile, provocant plusieurs incidents avec la police papoue. De plus, l’Indonésie fit usage de propagande afin de faire la promotion d’idées pro-indonésienne, anti-indépendance et pro-départ prématuré de l’UNTEA. Sept mois plus tard, le 1er mai 1963, l’Indonésie se fit rétrocéder la Nouvelle-Guinée occidentale. Une fois le territoire repris, l’Indonésie implanta immédiatement une politique de répression des indépendantistes papoue, interdisant le drapeau, les manifestations ou toute mention d’une Papouasie libre. L’attitude du gouvernement mena plusieurs groupes indépendantistes a prendre les armes et. Après trois ans, en réponse a ces guérillas, l’Indonésie lance une grande opération anti-insurrection. Cette opération causa de nombreuses morts tant d’insurgé que de civil, dont 40 Papous morts lors d’un raid aérien sur une ville après la déclaration d’une « Papouasie libre ». Malgré que près de 3000 guérilléros se soient rendus, plusieurs mouvements de résistance continuèrent jusqu’en 1968.

En 1968, Fernando Ortiz Sanz, le représentent du secrétaire générale de l’ONU pour la Nouvelle-Guinée occidentale, proposa un « acte de libre choix » proposant que les habitants doivent pouvoir élire des représentants afin de pouvoir voter sur leurs indépendances, le tout sous surveillance de l’ONU afin de prévenir toute ingérence de la part de l’Indonésie. En 1968, les élections eurent lieu, mais l’ONU ne pue que surveiller l’élection de 195 membres sur 1022. Cette situation entraina un regain de résistance ainsi que de plus grande répression, en tout, en 1969, près de 14 000 personnes auraient quitté le pays. Lors des votes finaux sur l’indépendance, chacune des délégations vota à l’unanimité pour le rattachement à l’Indonésie. Malgré les irrégularités lors du vote, l’ONU vota pour reconnaitre le vote comme légitime et la Nouvelle-Guinée occidentale fut incluse à l’Indonésie.

Malgré le fait que tout soit rentré en « ordre », une partie de la population papoue n’accepte toujours pas le résultat du vote. L’Organisasi Papua Merdeka, le mouvement pour une Papouasie libre, continue toujours une guerre de guérilla sur l’ile.

La population papoue n’est pas la seule à contester l’issue du conflit, plusieurs chercheurs sur le sujet critiquent l’attitude de l’Indonésie, des États-Unis, mais aussi de l’ONU. En effet, l’accord de New York stipulait clairement le droit à l’autodétermination pour la population papoue et la procédure devait se faire selon « les pratiques internationales ». Par contre, dans le rapport final de Ortiz Sanz, on peut lire : « …an act of free choice has taken place in West Irian in accordance with Indonesian practice… ». Pour plusieurs, le choix de « pratique indonésienne » plutôt qu’internationale montre que l’accord de New York ne fut pas respecté dans son intégralité et ainsi que le peuple papou fut trahi.

 

 

 

Des manifestants papous se faisant arrêter par les autorités indonésiennes

 

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BIBLIOGRAPHIE

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