Les défis de la mondialisation en Indonésie

Par Vanessa Alexandra Duchemin

La mondialisation, c’est-à-dire l’ouverture sur le monde, la multiplication des échanges et l’uniformisation des pratiques, est souvent perçue comme un aspect favorable au développement des pays. La mondialisation avait permis une forte croissance en Indonésie et dans le reste de l’Asie du Sud-Est. Toutefois, la mondialisation pose un certain nombre de défis qu’il est nécessaire d’aborder à travers les points de vue historique, économique, politique et social.

Lors de la colonisation par la Hollande, l’Indonésie est déjà marquée par la diversité.  En effet, elle a été sous le contrôle de plusieurs empires, dont un hindouiste et un musulman . Au moment de la colonisation, l’Indonésie fait face à un bouleversement au point de vue de l’organisation politique et sociale. Les Hollandais modernisent donc les structures politiques du pays tout en préservant d’une certaine manière la façon de fonctionner qui était déjà établie . Des institutions occidentales sont mises en place, et les Indonésiens doivent donc s’y adapter, ce qui implique qu’ils doivent s’adapter à une culture qui n’est pas la leur. À la suite de ce mélange de culture, en prenant aussi en compte la courte colonisation par le Japon lors de la 2e Guerre mondiale, on retrouve une Indonésie dont la culture penche principalement vers l’Islam. Toutefois, il est difficile de négliger le rôle de la colonisation qui a entraîné une christianisation de la population . Malgré le fort enracinement dans la tradition, l’Indonésie doit faire face à des éléments déstabilisateurs venant de l’étranger. La tradition et même l’identité indonésienne deviennent de plus en plus fragiles étant donné que lorsqu’elle a accès à cet autre monde plus occidentalisé la population est tirée entre deux mondes. De plus cette occidentalisation d’une partie du pays crée jusqu’à aujourd’hui un certain clivage entre ceux qui sont adaptés au monde moderne et ceux qui sont encore considérés comme « en retard » .

Aujourd’hui, l’Indonésie se montre prudente face aux effets de la mondialisation et se montre réticente face à une trop grande ouverture vers le monde extérieur, et cela en raison de ses antécédents liés à la colonisation. Les Indonésiens veulent évidemment s’ouvrir afin de se moderniser plus et d’apprendre plus, mais craignent en même temps qu’une trop grande ouverture pourrait entraîner une nouvelle colonisation, mais cette fois sous forme économique . En effet, certains craignent que certains pays puissent avoir le contrôle de l’île à travers les multinationales et les accords économiques.

Néanmoins, malgré ses réticences, l’Indonésie tente d’ouvrir ses frontières et de s’intégrer dans le marché mondial à travers des accords régionaux tels que l’ASEAN. Cette dernière a été créée en 1967 et a aujourd’hui pour but d’assurer une coopération économique et l’intégration des pays membres dans le marché international. Toutefois, les pays de l’ASEAN restent encore en marge du marché international et les efforts pour sortir de cette situation ne sont encore que très faibles. Un autre problème posé par la mondialisation est qu’elle a créé par la suite une crise, car des investissements massifs ont été faits dans des marchées sans débouchés. Cela débouche alors sur la crise financière de 1997, caractérisée par une baisse du taux d’investissement, du taux de croissance, et par une forte augmentation du taux de chômage .

La mondialisation aura également des conséquences dans les domaines politique et social, étant donné que la crise a provoqué une montée des tensions au sein de la population indonésienne . En effet, la crise de 1997 va entrainer un accroissement accéléré de la pauvreté dans les années qui suivent, ce qui va causer des problèmes sociaux, notamment à cause du manque de moyen et des inégalités. Par rapport à cela, la Banque Mondiale a cherché à minimiser les statistiques pourtant inquiétantes concernant l’évolution du taux de pauvreté. Cette dernière, ainsi que le FMI vont également demander en 1998 au gouvernement de Suharto d’arrêter de subventionner  la population, chose qui va encore aggraver le niveau de pauvreté en Indonésie . Dans ce contexte, la BM propose un certain nombre de solutions dont le retour des pauvres vers les milieux ruraux. Elle change ensuite de tactique en faisant le gouvernement indonésien financer un programme de protection social et de subvention sur le riz. Cependant, les plus pauvres n’étaient pas les principaux bénéficiaires .

Au niveau politique, l’ouverture vers le monde extérieur pose également des problèmes. Avec les États-Unis, l’Indonésie entretient des relations assez tendues depuis la Guerre froide. Les États-Unis considéraient l’Indonésie comme un lieu de tension et comme une menace, dont le principal coupable était le parti communiste indonésien (PKI). Ils se sont donc résolus à combattre l’influence de ce parti directement par des moyens militaires et vont donc soutenir Suharto lors du massacre des communistes, ce qui aura pour conséquence un total de plus de 500 000 morts en quelques mois.

Références

Dixon, Chris. 1991. South East Asia in the World-Economy. New York : Cambridge University Press.

France. UNESCO.1986. La politique culturelle en Indonésie. Paris : UNESCO.

Raillon, François. 1999l. Indonésie : La réinvention d’un archipel. Paris : La documentation française.

Ramonet, Ignacio. 1999. « La mondialisation contre l’Asie ». Le Monde diplomatique.

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