Le Laos s’engage dans l’écotourisme

Par Julien Daoust Janson

Le programme gouvernemental
Depuis 1990 le gouvernement laotien a ouvert les frontières du pays au tourisme. Depuis, cette activité économique est devenue celle qui génère le plus d’entrées de devises étrangères. Le plan de développement d’écotourisme du Laos vient d’ailleurs s’inscrire dans la vague de cette industrie que l’ont connait en Asie du Sud-Est. C’est dans ce contexte que l’Administration pour le Tourisme national au Laos (en anglais : LNTA) a construit son programme de développement d’écotourisme, soit le National Ecotourism Strategy and Action Plan.

À cette fin, l’entreprise privée a été largement sollicitée pour le développement du tourisme en dehors des centres urbains du Laos. En effet, la plupart des visiteurs sont plus souvent présents dans la capitale, Vientiane, ou encore dans la ville de Luang Prabang. À elles seules, ces villes réunissent entre 80 % et 90 % des touristes [lince].

Est-ce que le développement du tourisme dérange?

Il serait légitime de considérer que le développement de l’écotourisme ne fait pas que des heureux, soit les autorités financières, les agences de tourisme et les touristes eux-mêmes. On peut envisager que la transformation de certains endroits au Laos en « zones touristiques » dérange et inquiète les communautés locales qui, pour conserver une activité économique non négligeable, sont confinées dans leurs villages tout en restant « traditionnels ». Il est cependant difficile de vérifier si l’hypothèse tient… en réalité, les expériences d’écotourisme au Laos dont nous avons eu écho semble en vraisemblablement bénéfique.

Les bienfaits de l’écotourisme
Pour l’instant on trouve beaucoup plus d’informations qui soutiennent que l’écotourisme profite aux populations rurales, mais également à la conservation de la flore et de la faune. Par exemple, l’organisation Animo, qui est destinée à sauvegarder la forêt laotienne et la population de singes gibbons. Cette société fut créée par un ressortissant français en 2003, son nom est Jean-François Remeux et il est également le fondateur et directeur de The Gibbon Experience. Par l’élaboration d’un plan d’écotourisme par la société Animo, des braconniers de gibbons se sont fait, entre autres, guides pour les voyageurs, mais également gardes forestiers. De plus, avec cette nouvelle activité économique, c’est tout un village qui a abandonné la coupe des arbres pour s’adonner à une nouvelle activité économique [1]. Du coup, la déforestation autour du village a cessé et la biodiversité est en train de se reconstruire, ce qui est surement une bonne chose pour attirer encore plus de touristes…

L’écotourisme est à double tranchant pour le gouvernement
Quand on y pense, le développement du tourisme dans l’arrière-pays n’inquiète pas forcément les populations locales, bien qu’elles risquent quand même d’être bousculées dans leurs habitudes par cette nouvelle activité économique. Paradoxalement, c’est plutôt les autorités laotiennes elles-mêmes qui se voient gênées dans le développement de l’écotourisme. Il semble bien que les entreprises privées qui se sont engagées dans cette industrie, et qui sont gérées par des étrangers deviennent parfois gênantes pour le gouvernement.

À titre d’exemple, l’enlèvement de Sompawn Khantisouk au Laos en 2007 par des hommes vraisemblablement reliés aux autorités locales à Luang Prabang. Khantisouk gérait une compagnie très connue qui proposait des balades en bateaux. Impliqué dans le tourisme dit durable, il fut, apparemment, enlevé suite à sa tentative de mobiliser les habitants d’un village, contre un projet chinois de culture d’hévéa, l’arbre à caoutchouc [2].

Ce coup d’éclat dans l’industrie du tourisme démontre très bien le dilemme devant lequel les dirigeants laotiens se sont eux-mêmes placés. Ils cherchent à faire de l’industrie touristique une place-forte de l’économie laotienne, mais ils redoutent en même la présence d’étrangers en leur sol et le risque que ceux-ci interfèrent dans les affaires de l’État. Dans le cas de Sompawn Khantisouk, c’est son partenaire, un américain, qui gênait également.

Depuis, il devient parfois embêtant pour les entrepreneurs locaux, qui voudraient se lancer dans l’écotourisme, de faire appel à des investisseurs étrangers. À propos, il convient de spécifier que l’étranger indésirable reste essentiellement l’Occidental, tout le contraire de l’investisseur et du tourisme chinois qui ne cherchent pas à déstabiliser le régime avec des principes comme les droits humains ou encore la démocratie.

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Références

[1] http://www.mediaf.org/fr/themes/fiche.php?itm=1988&md=&thm=1

[2] http://www.atimes.com/atimes/Southeast_Asia/JB02Ae01.html

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