Ho Chi Minh, un révolutionnaire…une ville…une piste…une autoroute

Par Julien Daoust Janson

C’est au cours de l’année 1997 que le parti communiste vietnamien annonça la construction  de l’autoroute Ho Chi Minh. Elle devait suivre la route de la célèbre piste Ho Chi Minh qui, au cours de la guerre du Vietnam, avait servi de voie de ravitaillement pour les forces rebelles au sud luttant contre les forces américaine. L’histoire de cette « toile d’araignée » est véritablement chargée de symboles et de souffrances. La construction de l’autoroute Ho Chi Minh contient une forte saveur nationaliste.

Cette nouvelle autoroute, positionnée plus à l’ouest dans les terres, s’additionnera à celle qui existe déjà sur le littoral. Elle aura pour vocation d’offrir une voie de plus entre Hanoi, au nord, et Ho Chi Minh Ville au sud. La construction fut officiellement entreprise en 1999 et le gouvernement prévoit l’inauguration au plus tard pour l’année 2020 [1].

La piste Ho Chi Minh, au temps de la guerre du Vietnam
Également nommé piste Truong Son, le développement de celle-ci fut décidé par la commission militaire du Comité central du Parti communiste vietnamien le 19 mai 1959 à Hanoi [2]. Le but étant de ravitailler en armes et en vivres la résistance au Sud. Cependant, contrairement au tracé de l’autoroute Ho Chi Minh, la piste était essentiellement du côté laotien et cambodgien.

Du côté vietnamien, cette piste est certainement un symbole puissant de résistance et de détermination. La piste Ho Chi Minh fut inlassablement bombardée d’engins explosifs et d’un gaz défoliant plus connu sous le nom d’Agent orange (cette substance toxique, développée par la compagnie Monsanto [3], est responsable de la destruction de la forêt, mais également des problèmes de malformations ou même de décès des nouveaux nés vietnamiens. L’effet du produit se fait encore sentir de nos jours). La piste fut sans cesse mise démolie et ce n’est que grâce au concours de centaines de milliers de volontaires, dont 150 000 femmes [4], pour la plupart issues de la paysannerie, que la piste a été sans cesse remise à neuf, afin de permettre aux convois Viêt-Cong de se rendre vers le sud.

Lorsque l’on considère tous les efforts que les Vietnamiens ont mis dans ce réseau de pistes, il n’est pas étonnant que le projet d’autoroute soit lourd de sens pour les Vietnamiens.

Comment contester la modernité?

Avec l’annonce de la construction de l’autoroute Ho Chi Minh (et d’autres projets d’envergures  tel le métro à Ho Chi Minh Ville en 2005) le gouvernement vietnamien démontrait  que le Vietnam pouvait lui aussi s’inscrire comme un pays moderne. Toutefois, ce développement ne se fait pas sans coûts. Au risque de se faire taxer de contre-productif, mais surtout d’anti développement national, des groupes de pression se sont levés contre cette construction qui détruit tout un patrimoine naturel.

Le tracé actuel déloge des populations villageoises et entraîne un problème de déforestation. Des environnementalistes ont sursauté en constatant que l’autoroute allait passer sur ou près d’une dizaine de régions protégées, comprenant le premier parc national vietnamien dans le nord, ainsi que la réserve naturelle de Phong Nha dans la province centrale de Quang Binh [5].

Références

[1] Pomonti, Jean-Claude. Le Monde, 16 juin 1997.

[2] Roussel, Daniel. L’Humanité hebdo; Cahier spécial. 30 avril 2005.

[3] Robin, Marie-Monique. Signé Mosento?. L’actualité, vol 33, n.9, 1 juin 2008.

[4] Documentaire, Laurence Jourdan. Les oubliées de la piste Ho Chi Minh. 2003.

[5] http://www.time.com/time/asia/magazine/2000/0626/vietnam.html

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