Démocratie et structures politiques au Cambodge

Par Julien Guay

L’histoire a légué au Cambodge un héritage politique fort et douloureux. La signature de l’Accord de Paix de Paris, en octobre 1991 [1], les Cambodgiens semblent enfin pouvoir exprimer leur voix, après une génération entière opprimée par les Khmers Rouges et le statut-quo des années 80.

L’année 1993 marque un autre tournant dans l’histoire politique du pays. Deux événements d’importance ont lieu : l’instauration de la constitution cambodgienne et la tenue d’élections à multiple parti. La nouvelle constitution redéfinit l’ordre politique du Cambodge. Elle instaure une monarchie démocratique à parlement représentatif où le gouvernement exerce le pouvoir exécutif. Les deux chambres de représentants, l’Assemblée Nationale et le Sénat après 1998, se partagent le pouvoir législatif avec le parti au pouvoir. Les élections ont lieu sous la supervision des Nations Unies en 1993. Les sièges sont attribués par représentation proportionnelle.

Le parti royaliste FUNCINPEC (parti royaliste) et le Parti du Peuple Cambodgien (CPP) arrivent à égalité. Comme une pomme, les structures ont dues être divisées. On a donc droit à deux co-Premier Ministre, deux seconds aux Premiers Ministres et un dédoublement des ministères. Le FUNCINPEC fini par prendre seul les commandes du gouvernement, reléguant le CPP à des fonctions de second ordre. Après quelques années passées à la tête du pays à rendre des faveurs à gauche et à droite à ses supporters, le FUNCINPEC s’attire des ennemis.

La tension monte et des affrontements armés ont lieux entre le CPP et le FUNCINPEC en 1997. Le chef du FUNCINPEC, le Prince Ranariddh, est forcé de s’exiler cédant son poste à Ung Huot [2]. En 1998, de nouvelles élections ont lieu et un troisième parti gagne en importance, le SRP.

SRP signifie le Sam Rainsy Party . Toutefois, il ne s’agit que d’un nom de rechnage du du Parti de la Nation Khmère (KNP) qui n’a pas eu l’autorisation d’utiliser ce nom par manque de légitimité [3]. Les élections sont remportées facilement par le CPP, suivit du FUNCINPEC et, en troisième place, du SRP. La mise en place du Sénat permet aux deux partis perdants d’occuper des fonctions législatives accrues [4].

Malgré un popularité sans cesse grandissante de Sam Rainsy, le CPP gagne encore les élections en 2003. Comme le démontre le tableau suivant, le SRP augmente considérablement son poids électoral aux dépends d’autres partis.

Source : Procheasas, Cambodge. Population et société d’aujourd’hui (Paris : L’Harmattan, 2005), 236.

Au cours des élections de 2003, la moitié des 24 provinces cambodgiennes ont atteint un taux de participation de plus de 80% [5]. La plus faible province en termes de participation est celle du Pailin, recensant 67,5 %, une des quatre seules provinces à se situer sous la barre de 70% [6].

Les élections de 2003 aboutissent toutefois à une impasse ; le CPP n’atant pas suffisamment de votes pour mettre sur pieds un gouvernement majoritaire. Le parti est forcé de former alliance avec un autre parti s’il désire avoir plein contrôle du législatif. Une association entre le FUNCINPEC et le parti de Sam Rainsy est envisagée afin de former une opposition forte [7]. Par un coup de théâtre spectaculaire, c’est plutôt un gouvernement CPP-FUNCINPEC qui sera formé en 2004.

À l’horizon
Le Cambodge tiendra ses quatrièmes élections parlementaires cet été, plus précisément le 28 juillet. Selon les sondages, le parti favori pour remporter ces élections est celui de Sam Rainsy. Le Prince Ranariddh fait un retour marqué en politique avec la formation de son nouveau parti, le Parti Norodom Ranariddh (NRP). Il est d’ailleurs possible de suivre l’élection ici. Cambodian Information Center.

Candidats électoraux des principaux partis pour les élections du 28 juillet 2008.

Chef du Parti du Peuple Cambodgien (CPP) – Hun Sen

Chef du Parti Sam Rainsy (SRP) – Sam Rainsy

Chef du Parti des Droits Humains (HRP) – Kem Sokha

Chef du Parti Norodom Ranariddh (NRP) –Ranariddh

Références

[1] D. Roberts, « From ‘communism’ to ‘democracy’ in Cambodia: a decade of transition and beyond », Communist and post-communist studies 36 (2003), 248.

[2] Ibid., 252.

[3] Procheasas, Cambodge. Population et société d’aujourd’hui (Paris : L’Harmattan, 2005), 235.

[4] D. Roberts, « From ‘communism’ to ‘democracy’ in Cambodia: a decade of transition and beyond », Communist and post-communist studies 36 (2003), 253.

[5] Procheasas, Cambodge. Population et société d’aujourd’hui (Paris : L’Harmattan, 2005), 236

[6] Ibid., 231

[7] Id.

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