Cambodge : bilan des élections démocratiques depuis 1993

Par Camille Gaudreault

Depuis l’accord de paix de 1991, le Cambodge s’est engagé dans la voie de la démocratie. L’ONU a grandement aidé le pays à se stabiliser. L’organisation internationale a participé à la tenue d’élections générales libres en 1993 et depuis, il semble que la stabilité politique est bien établie dans ce pays d’Asie du Sud-est. Les principaux partis de la scène politique cambodgienne sont : le Parti du peuple cambodgien (PPC), le Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre et coopératif (Funcinpec) qui est un parti monarchique et le Parti Sam Rainsy (PSR). Avec les années, le PSR a commencé à s’imposer et a grugé des votes aux autres partis, mais plus particulièrement au FUNCINPEC. De nouvelles élections législatives sont prévues au Cambodge cet été, le scrutin aura lieu fin juillet.


En 1993, les élections organisées par l’ONU ont donné gagnant le parti monarchique dirigé par Ranariddh avec 45,47 % des voix contre seulement 38,22 % pour le PPC de Hun Sen (Encyclopédie Universalis 2006). Les partis forment une coalition, car un article de la Constitution adoptée en 1993 oblige la formation du gouvernement à la majorité des deux tiers. L’Assemblée constituante a rétabli la monarchie parlementaire. Le roi Norodom Sihanouk est nommé chef de l’État. Alors, le Cambodge a deux Premiers ministres, le prince Ranariddh, fils de Sihanouk, et Hun Sen. Les ministères sont cogérés par les deux formations. Par la suite, le PPC entame des négociations qui permettront à d’anciens militaires Khmers rouges de se rallier à Hun Sen. Le réussite des négociations augmente le succès du PPC au détriment du FUNCINPEC qui ne rallie que des opposants aux Khmers rouges. Cela ne permet pas à Ranariddh de se lancer dans des politiques de réconciliation nationale si chères à son père Sihanouk.

En juillet 1997, un coup d’État secoue le pays. Selon Amnesty International, plusieurs personnes (surtout des militaires et des gens s’occupant de la sécurité qui appartenaient au FUNCINPEC) ont été exécutées. Le putsch a permis d’évincer Ranariddh (premier Premier ministre) du pouvoir . Selon Sorpong Peou, bien que le coup d’État a eu lieu la même année que la crise économique asiatique, elle n’en est pas la principale cause. Aussi la crise n’a pas déstabilisé le système politique du pays (Peou 2001).

En 1998, une nouvelle élection législative est déclenchée. Le PPC remporte les élections avec 41 % des voix ce qui équivaut à 64 sièges sur 122. Le FUNCINPEC obtient un maigre 32 % des suffrages et le PSR 14 %. Pour le parti monarchique c’est un résultat décevant, car il perd 15 sièges comparativement à son score de 1993 (Encyclopédie Universalis 2006). Les résultats sont contestés et des tensions apparaissent entre les partis politiques. Le PPC et le FUNCINPEC arrivent à un accord avec l’aide du Roi et les deux partis forment un gouvernement de coalition dirigé par Hun Sen. Ranariddh devient président de L’Assemblée.

En 2002, les premières élections municipales depuis la signature de l’accord de paix, sont organisées. Encore une fois, le PPC sort gagnant. Mais le PSR fait une percée importante, « … le PSR devient la deuxième force politique du pays » (Encyclopédie Universalis 2006). Le FUNCINPEC, qui était dirigé par Sirivudh, subit un important revers.

En 2003, le PPC remporte à nouveau les élections avec 73 sièges sur une possibilité de 129. Encore une fois, le parti monarchique perd des plumes avec seulement 26 sièges. Il est alors talonné par le Parti de Sam Rainsy qui obtient 24 sièges (Guilbert 2004). Les trois partis politiques arrivent à un accord pour former un gouvernement tripartite dirigé par Hun Sen. Le roi Sihanouk a dû faire pression sur le PSR et le FUNCINPEC qui refusaient de collaborer avec un gouvernement dirigé par Hun Sen.

Les résultats obtenus au cours des dernières élections par le FUNCINPEC démontrent que le parti est en perte de vitesse. À l’opposé, le PSR va probablement recueillir encore plus de voix. En fait, le PSR semble être une formation politique de plus en plus puissante sur l’échiquier politique cambodgien. Plusieurs observateurs s’attendent à ce que la formation de Sam Rainsy rafle pour la première fois plus de sièges que le FUNCINPEC à des élections législatives.

Le PPC reste, depuis les élections organisées par l’ONU, le parti recevant le plus de voix. Un renouveau se fera, si le Parti de Sam Rainsy devient majoritaire ou si un des deux autres partis des coalitions antérieures est remplacé par le PSR.

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Références

Amnesty International. 1998. L’État de droit ignoré à la veille des élections. En ligne. (page consultée le 28 juin 2008)

Encyclopédie Universalis 2006

Guilbert, François. 2004. « Surenchères nationalistes ». Dans Serge Cordellier, Béatrice Didiot et Sarah Netter, dir. Encyclopédie l’état du monde. Montréal : Les Éditions du boréal

Peou, Sorpong. 2001. « Une analyse comparée de l’impact de la crise économique asiatique sur les politiques intérieures : le cas du Cambodge ». Revue internationale de politique comparée 8 (no 3).

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