Les défis de la mondialisation au niveau politique en Birmanie

Par Vanessa Alexandra Duchemin

Contrairement à la tendance du reste de l’Asie qui semble faire des efforts pour marcher vers la démocratie, la Birmanie reste et demeure sous un régime autoritaire et répressif. La Birmanie met tout de même en place certaines institutions modernes et ayant un certain aspect démocratique, mais malgré une certaine intégration de valeurs et principes démocratiques, la mondialisation ne semble avoir aucun impact sur le gouvernement birman, et ne semble pas aider à résoudre la question du respect des droits de l’homme.


La mondialisation est caractérisée par la multiplication et par la plus grande étendue des échanges internationaux, qu’il s’agisse d’échanges commerciaux, de déplacements de populations, de relations politiques, etc. La mondialisation implique aussi une libéralisation des échanges, et une uniformisation des pratiques et des modèles sociaux. Sur le plan politique, cela voudrait donc dire que tous les pays tendent de plus en plus à avoir les mêmes principes, les mêmes pratiques, et aussi des régimes semblables, où la démocratie serait vue pour la grande majorité comme le modèle à suivre. En Birmanie, le gouvernement a souvent été dirigé par l’armée. Celle-ci joue le rôle principal dans la politique, ce qui est encore le cas aujourd’hui. En effet, le régime en place est considéré comme une dictature militaire et il est très difficile pour les autres pays, y compris les grandes puissances, d’intervenir ou même d’influencer le gouvernement dans ses actions.

Dès la fin de la colonisation, la Birmanie a fait face au pouvoir militaire qui s’est approprié le pouvoir politique. Lors du renversement d’U Nu, qui était le Premier ministre en place lors de l’indépendance, les militaires qui combattaient pour l’indépendance forment le nouveau gouvernement. Ceci donne alors lieu à beaucoup de réactions pessimistes venant de l’étranger, vu qu’il était difficile de croire que ce régime formé d’anciens rebelles pourrait mettre en place une administration qui mettrait l’accent sur les droits de l’Homme et la démocratie. C’est ce que prévoit l’ambassadeur d’Angleterre en Birmanie, Richard H.S. Allen, en 1960, en disant que « si l’armée doit encore intervenir, la démocratie ne va pas se rétablir avant plusieurs générations, si ce n’est jamais ». Cette affirmation s’est avérée vraie jusqu’à aujourd’hui, car aujourd’hui il ne semble pas y avoir de réelles voies immédiates pour sortir la Birmanie de cette dictature, du moins dans le moyen terme. Dès qu’il y a une opposition, le gouvernement utilise des moyens de répression pour calmer les révoltes. C’est notamment le cas avec Aung Suu Kyi, une des leaders de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), qui est le parti qui présente la plus grande menace pour le régime, étant donné sa grande popularité au sein de la population. En effet, cette dernière est mise sous assignation à domicile depuis 1989. Les pressions faites par les autres pays, par les organisations non gouvernementales, et par les organisations internationales influentes telles que l’ONU, ne font encore aucun effet et le gouvernement birman reste ferme sur sa décision. Toutefois, le parcours d’Aung Suu Kyi montre qu’il est éventuellement possible d’intégrer des structures plus démocratiques dans le pays. En effet, cette dernière étudie en Angleterre à Oxford après avoir fait une partie de ses études en Birmanie et lorsqu’elle retourne au pays, elle ramène avec elle toutes ses connaissances acquises à l’étranger. Cela lui permet de les partager ensuite avec la population à travers le NLD, et les contestations de la population envers le gouvernement deviennent donc de plus en plus nombreuses. De plus, les relations extérieures de la Birmanie sont très restreintes étant donné que les gouvernements consécutifs considèrent, ou avancent le prétexte selon lequel une ouverture vers le monde extérieur aurait pour résultat la disparition de la culture et de la tradition birmane. Le gouvernement birman actuel ferme encore ses portes lors des manifestations des moines qui ont été violemment réprimées, ou dans le contexte du cyclone qui a frappé la Birmanie en mai 2008, soit en bloquant l’aide humanitaire, soit en l’attribuant à des groupes de leur choix.

Cependant, il est probable que la Birmanie s’ouvre vers l’extérieur pour promouvoir son économie, afin de préserver le gouvernement militaire qui a besoin de financement pour se maintenir en place.

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Références

Neher, Clark D. 1991. Southeast asia in the new international era. Boulder : Westview Press.
Callahan, Mary P. 2003. Making enemies. War and state building in Burma. Londres : Cornell University     Press.
Éthier, Diane. 2006. Introduction aux relations internationales. Montréal : Les Presses de l’Université de     Montréal.

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