Les failles de la mondialisation et de la croissance économique en Thaïlande

Par Vanessa Alexandra Duchemin

D’un point de vue occidental, le développement en Thaïlande est vu comme un grand accomplissement, principalement au niveau économique et technologique, tout comme pour les autres pays d’Asie du Sud-Est. Cet apparent développement est souvent considéré comme étant le résultat de l’ouverture économique du pays, d’une meilleure adoption du libre-échange, bref, il est vu comme étant le résultat de la mondialisation et de l’adoption par la Thaïlande de pratiques plus occidentales. Cela impliquerait donc automatiquement la croissance économique et la démocratie. Cependant, il existe une certaine face cachée derrière cette modernisation, et elle n’est pas toujours prise en compte.


Après la Seconde Guerre mondiale, les pays d’Asie connaissent une forte accélération en termes de croissance économique. Toutefois, la croissance économique n’est pas nécessairement synonyme de développement et de réduction de la pauvreté. En jetant un regard global, la mondialisation entraîne dans un grand nombre de pays, tels que la Thaïlande, une forte croissance économique et une réduction relative de la pauvreté. Dans un premier temps, cela accentue la distribution inégale des richesses. En effet, malgré le fait que le niveau de pauvreté absolue (la pauvreté absolue est évaluée en fonction des revenus bruts) ait légèrement diminué, le niveau de pauvreté global demeure toujours élevé étant donné que le fossé entre riches et pauvres demeure très grand. En effet, la mondialisation permet aux riches de s’enrichir de façon presque démesurée. De plus, le système économique et financier dont les bases ont été créées par la mondialisation montre ses nombreuses failles lors de la crise financière de 1997. En effet, la crise de 1997 émerge en Thaïlande, étant donné que l’État cache alors au FMI la dévaluation de la monnaie. De plus, cette crise aura pour conséquence non seulement des répercussions négatives sur le système monétaire, mais également sur l’État et la société. La mondialisation permet jusqu’alors une forte augmentation de la création d’emplois, même si cela n’avait pas pour autant permis une nette réduction de la pauvreté. Lors de la crise, de nombreux emplois vont être perdus et le taux de chômage va donc augmenter considérablement. Cela crée alors certains conflits sociaux et politiques autour de la question économique en Thaïlande. On voit alors apparaître les failles d’un système capitaliste installé en Asie, que l’on croyait jusque-là pratiquement infaillible. Cette crise est principalement due aux excès d’investissement et au manque de régulation de l’économie et des flux monétaires. Il est cependant difficile de dire s’il s’agit d’une crise associée directement liée au modèle ou s’il s’agit d’une crise associée à la façon dont le modèle a été appliqué. De plus, malgré le fait que la Thaïlande ait entamé de nouveau sa croissance économique, il est difficile de penser que cette dernière ne sera pas encore victime d’une crise économique ou financière influencée par les effets de la mondialisation. C’est-à-dire que par la mondialisation et par le système mis en place en Thaïlande qui accepte d’une certaine façon le système promulgué par les grandes puissances. Par conséquent, la mondialisation, bien qu’elle puisse sembler être un aspect positif en termes de croissance économique, de réduction du chômage et de modernisation, elle ne semble pas permettre dans le long terme d’atteindre une équité en ce qui concerne la distribution des richesses et une stabilité du système économique et financier.

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Références

Girling, John. 1996. Interpreting Development. Capitalism, Democracy, and the Middle Class in Thailand. New York : Cornell Southeast Asia Program Publications.

Economic and Social Commission for Asia and the Pacific. 2002. Sustainable Social Development in a Period of Rapid Globalization : Challenges, Opportunities and Policy Options. New York : Nations Unies.

Fouquin, Michel, Philippe Richer, dir. 1999.  Crise en Asie du Sud-Est. Paris : Presses de Science Po.

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