Hun Sen est né le 5 août 1952 dans le centre du Cambodge dans une famille de paysans. Après avoir déménagé à Phnom Penh à l’âge de 12 ans il rentre peu à peu dans le militantisme politique et notamment chez les Khmers rouges qu’il rejoint autour de 18 ans. Hun Sen reste quelques années au Cambodge, mais prend peur lors des purges du régime de l’Angkar et quitte le pays en 1977 pour se réfugier au Vietnam. Il revient au Cambodge en 1978 et prend part au gouvernement d’Hanoi. Il est défait lors des premières élections démocratiques de 1993, mais passe une alliance avec les royalistes du prince Norodom Ranariddh pour rester au pouvoir. Il met fin à cette alliance en 1997 et contrôle depuis seul le Cambodge.
La nébuleuse Hun Sen
Mis à part sa main mise sur l’univers politique de son pays, Hun Sen impressionne par l’incroyable réseau d’influence qu’il a tissé au fil de ses années au pouvoir. Grâce aux mariages de ses enfants avec d’autres membres de l’élite cambodgienne, sa famille est aujourd’hui présente dans 114 entreprises de secteurs divers. Ces entreprises remportent un grand nombre de contrats publics comme Cambodia Electric Private, le fournisseur national d’électricité qui est possédé par Hun Manit, Hun Mana et Hun Mali.
Hun Mana est sûrement le meilleur exemple de ce contrôle quasi total de la famille du Premier ministre. La fille aînée d’Hun Sen est présente dans 22 entreprises et détient par exemple le musée du temple d’Angkor Pat, des entreprises de constructions, mais aussi de téléphonie et de distribution de produit high-tech. Une de ses entreprises de construction est par exemple en charge de la construction de lotissements pour un contrat estimé à 350 millions de dollars. Certaines sources estiment que la fortune de l’ancien Khmer rouge est comprise entre 500 millions et 1 milliard de dollars.
Un culte de la personnalité
Comme beaucoup d’autres dirigeants aux tendances totalitaires Hun Sen à développer au fil du temps un culte de la personnalité autour de sa personne. Hun Sen n’hésite pas à parler de lui à la troisième personne ou à se comparer à un animal sauvage, il nomme par exemple sa résidence de la « tanière du tigre », et se compare volontiers à des rois légendaires comme Sdech Kan, devenu roi en étant né roturier. Cette impression « royale » et de puissance est aussi exploitée sur les réseaux sociaux, où le Premier ministre se met en scène dans des vidéos où on le voit distribuer de l’argent à des citoyens ou dans des situations plus banales comme dans les champs. Hun Sen jouit d’une grande popularité sur les réseaux sociaux, avec 11 millions de mentions « j’aime » sur sa page Facebook, même si cette dernière est à remettre en doutes puisqu’on estime que 80% des mentions « j’aime » viennent d’autres pays que le Cambodge, majoritairement d’Inde.
BIBLIOGRAPHIE
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