L’arrivée du roi Sihanouk au pouvoir (1941-1970)

 

Le couronnement de Norodom Sihanouk (1941)

 

Norodom Sihanouk, 1941

 

Suite à la mort du roi Monivong en 1941, son petit-fils, Norodom Sihanouk est choisi par le gouverneur général d’Indochine comme prochain héritier de la couronne. À époque, la France était occupée par l’Allemagne Nazi et dirigée par le régime de Vichy depuis le début des années 1940. Par peur de perdre ses colonies d’Indochine face aux menaces japonaises, les généraux décidèrent de mettre en place un leader facilement manipulable, qui suivrait leurs ordres et conseils à la lettre. Le candidat parfait était le jeune Norodom Sihanouk, âgé de seulement 18 ans.

 

L’indépendance en 1953

 

En 1945, avec la montée de mouvements indépendantistes à travers le pays, Sihanouk a tenté une première fois de détacher le Cambodge de l’occupation française. En effet, les forces japonaises ont réussi à repousser les français en dehors du Cambodge en 1945. Sihanouk a profité de cette occasion pour se tourner vers l’aide japonaise et a déclaré le Cambodge comme le nouvel État indépendant du Kampuchéa. Toutefois, la défaite de l’Axe et du Japon à la fin de la seconde guerre mondiale a contraint Sihanouk de reprendre contact avec la France et d’y rétablir un protectorat au Cambodge. En 1951 il reprend les discussions pour l’indépendance et l’obtient finalement deux ans plus tard, le 9 novembre 1953, l’Indépendance du Cambodge.

 

Le parti du Sangkum Reastr Niyum (1955)

 

Le 3 mars 1955, peu de temps après avoir obtenu l’indépendance du Cambodge, Sihanouk abdique la couronne en faveur de son père Norodom Sumarith, afin de pouvoir réintégrer l’univers de la politique. Il fonde par la suite, quelques mois plus tard, son propre parti politique : Sangkum Reastr Niyum (Communauté Populaire Bouddhiste) et dévoile qu’il participerait aux élections plus tard cette année-là. Grâce à son statut d’ancien roi et à sa réputation en tant que libérateur du pays, Sihanouk est fortement soutenu par la population. Cependant, cela ne l’a pas empêché de mener une campagne électorale basée autour de la corruption, de la terreur et de l’intimidation. Il finit par remporter les élections avec une victoire écrasante d’environ 83% des voix, devenant ainsi Premier Ministre du Cambodge.

 

Premier Ministre (1955)

 

En tant que Premier ministre, la première occupation de Sihanouk était de s’assurer à ce que le Cambodge ne prenne par part dans la guerre qui venait d’éclater au Vietnam ; opposant le Vietnam communiste aux États-Unis capitaliste. Sihanouk adopte une position de neutralité et refuse de joindre un des blocs (communiste ou capitaliste) afin de ne pas nuire au Cambodge, ni à sa réputation.

Sihanouk devait maintenant se détourner de ce qui se passait chez ses voisins et se concentrer sur la politique domestique du Cambodge et des problèmes pressants, tels que le cas de la pauvreté et l’éducation. Cependant, Sihanouk était un politicien plus concerné par l’accomplissement d’exploits personnels plutôt qu’un politicien cherchant à développer une philosophie cohérente pour son pays. Il ne se souciait pas de la pauvreté et des problèmes qui étaient présents dans les zones rurales (où vivaient la grande majorité de la population) et préférerait se préoccuper à développer une classe d’élites dans la capitale.

 

L’émergence du communisme

 

Le manque d’intérêt envers les besoins de la population a déclenché des mouvements des partis socialistes et communistes à travers le pays. Cependant Sihanouk pensait qu’un Cambodge communiste n’aurait pas de place pour lui et a donc décidé de « neutraliser » le communisme. Suite à cela, plusieurs manifestations éclatèrent dans les rues du pays, notamment à Siem Reap. Des tensions entre étudiants et policiers éclatèrent. Durant les violences, plusieurs portraits de Sihanouk étaient publiquement brûlés et des chants anti-Sangkum résonnaient dans les rues. À l’aube des violences, Sihanouk avait pris l’initiative de supprimer « la gauche » de la politique cambodgienne (cela a duré environ 3 ans) et de mener une politique de répression envers les fauteurs de troubles ; accusés de vouloir dissoudre le gouvernement. Les communistes se faisaient tabasser, torturer, emprisonner ou étaient condamnés à mort. Plusieurs personnages politique, tels que Saloth Sar, mieux connu sous le nom de Pol Pot, Ieng Sary et Khieu Samphan ont fui la capitale pour prendre le maquis afin d’éviter les répressions politiques. C’est à partir de ce moment qu’a commencé l’endoctrinement et le recrutement des Khmers Rouge dans les campagnes ; ils prendront par la suite le contrôle du pays et seront responsables d’un génocide faisant environ 2 millions de morts.

 

Le Coup d’État de Lon Nol (1970)

 

En 1963, Sihanouk était persuadé que les sud-vietnamiens et les thaïlandais se préparaient à envahir le Cambodge, avec l’aide des États-Unis. Sihanouk a donc décidé de couper les relations avec ces pays et a organisé des manifestations contre les ambassades et consulats américains afin de montrer son mécontentement. La relation entre Sihanouk et les USA s’est détérioré petit à petit. Cependant, les États-Unis soupçonnaient que des communistes vietnamiens se réfugiaient à l’est du Cambodge travers la piste Hô Chi Minh. Ils ont donc, à partir de 1969 mené une mission de bombardement secret au Cambodge. Faisant plus de 500 000 morts avec 2.7 millions de tonnes de bombes larguées sur le Cambodge. Sihanouk s’est donc tourné contre les USA. En même temps les incohérences des politiques économiques et sociales de Sihanouk commençaient à se faire ressentir et plongeait le pays dans un marasme économique et social (pas de débouchés professionnels pour les diplômés de l’éducation supérieure), les USA ont donc soutenu un coup d’état en 1970, orchestré par le Premier ministre Lon Nol, durant lequel Sihanouk a été déposé. Sihanouk, à l’étranger lors du coup d’état, était désormais en exil et cherchait un pays qui lui donnerait refuge et soutien.

Général Lon Nol, 1970

(Voir la lettre de Sihanouk dans Archives Inédites)

Sihanouk en exil en Corée du Nord (1979)

 

 

 

 

 

Bibliographie

 

AlphaHistory. 2016. « Norodom Sihanouk ». En ligne. http://alphahistory.com/vietnamwar/norodom-sihanouk/

Becker, Elizabeth et Mydans, Seth. 2012. « Norodom Sihanouk, Cambodian Leader Through Shifting Allegiances, Dies at 89 ». En ligne. https://www.nytimes.com/2012/10/15/world/asia/norodom-sihanouk-cambodian-leader-through-shifting-allegiances-dies-at-89.html

BBC. 2012. « Obituary : Norodom Sihanouk, former king of Cambodia ». En ligne. http://www.bbc.com/news/world-asia-19943965

Caldwell, Malcom et Tan, Lek. 1972. « Cambodia in the Southeast Asian War ». En ligne. https://web.stanford.edu/group/tomzgroup/pmwiki/uploads/1806-1973-CT-RHR.pdf

Constitution du Cambodge, 1993. « The constitution of the kingdom of cambodia ». En ligne. http://www.wipo.int/edocs/lexdocs/laws/en/kh/kh009en.pdf

Hamel, Bernanrd. 1979. Le surprenant parcours du Prince Sihanouk. Historia(no 391) : p 91-94.

Jennar, Raoul. 1995. L’ONU au Cambodge. Les leçons de l’APRONUC. Etudes internationales 26 (no 2) : p 291-314.

Klein, Katheryn. 2006.« Bringing the Khmer Rouge to Justice: The Challenges and Risks Facing the Joint Tribunal in Cambodia » Northwestern Journal Of International Human Rights 4 (no 5499) : p 549-546. En ligne. https://scholarlycommons.law.northwestern.edu/cgi/viewcontent.cgi?referer=https://www.google.com/&httpsredir=1&article=1044&context=njihr

Legal, Adrien. 2012. « Un roi “cinéaste”, acteur et témoin de son temps ». En ligne. http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/10/16/un-roi-cineaste-acteur-et-temoin-de-son-temps_1776066_3216.html

Osborne, Milton. 1994. « Sihanouk : Prince of light, prince of darkness ».

Osborne, Milton. 2012. « The complex legacy of Norodom Sihanouk ». En ligne. https://www.phnompenhpost.com/national/complex-legacy-norodom-sihanouk

Rabble. « U.S. Secret Bombing of Cambodia ». En ligne. http://rabble.ca/toolkit/on-this-day/us-secret-bombing-cambodia

Tan, Lek Hor. « My war with the CIA ». Journal of Contemporary Asia 3 (no 2) : p215. En ligne. https://search.proquest.com/docview/1292866507?accountid=12543

Telegraph. 2012. « Norodom Sihanouk ». En ligne. https://www.telegraph.co.uk/news/obituaries/politics-obituaries/9610196/Norodom-Sihanouk.html

Vachon, Michelle. 2013. « How King Sihanouk Brought French Rule to a Peaceful End ». En ligne. https://www.cambodiadaily.com/news/how-late-king-norodom-sihanouk-brought-french-rule-to-a-peaceful-end-46825/