L’Art khmer s’étend sur plusieurs siècles, cependant les plus connus se sont développés pendant l’ère angkorienne, c’est-à-dire du 9e au 15e siècle. Durant cette période, les réalisations dans les domaines de l’architecture, de la sculpture et des autres éléments culturels de l’époque étaient incomparable au reste de l’Asie du Sud-Est. Parmi les nombreux formes d’art cambodgien on y retrouve l’architecture et la sculpture, la danse, la musique et le cinéma.
Architecture et Sculpture
À partir du 9esiècle jusqu’au 15esiècle, la cité d’Angkor était une des plus développées et plus grandes villes de l’époque. Durant l’ère angkorienne, de nombreux rois ont laissé leurs empreintes à travers la construction d’édifices ou de temples, les uns plus beaux que les autres. La grandeur et la beauté des temples reflétaient la puissance du roi ainsi que son rapprochement avec les dieux. Le plus connu d’entre eux est le fameux temple d’Angkor Wat ; le plus grand monument religieux au monde. Il a été construit par le roi Suyavaraman II au cours du 12esiècle, puis restauré par Jayavaraman VII qui en a fait le centre de son Empire. Aujourd’hui, Angkor Wat reçoit plus de 2.5 millions de visiteurs par année (2018), venant du monde entier admirer l’ampleur, la richesse et les détails de l’architecture khmère. De plus, de nombreux architectes, chercheurs et spécialistes continuent à mener des recherches dans les sites d’Angkor afin de découvrir les différentes techniques et méthodes de construction, qui restent aujourd’hui un mystère pour l’architecture moderne.
Un des héritages artistiques les plus remarquables de cette période sont les nombreuses sculptures qui ornent les temples et les monuments d’Angkor. La sculpture cambodgienne s’inspire des éléments naturalisme, de la grâce athlétique et de l’élégance architecturale.
Les plus connues d’entre elles sont les fameuses sculptures à bas-relief de danseuses célestes, appelées « Apsara », que l’on retrouve le long des temples et des monuments à travers le Cambodge. Elles représentent la monarchie, la grâce et la divinité dans la culture khmère.
Danse classique
La danse a toujours été une pratique importante dans la culture khmère. Au Cambodge, il existe plus d’une centaine de danses inspirées de batailles légendaires et des sagas mythiques, gravés en bas-relief sur les murs des temples d’Angkor, tels que les danses folkloriques ou sociales. Cependant, la forme de danse la plus connue dans la culture khmère est la danse classique, plus précisément le « Robam Tep Apsara » autrement dit « la danse des Apsaras ». Son origine remonte au 1ersiècle. Il est estimé que le roi Jayavaraman VII, au 12esiècle, avait environ 3,000 danseuses Apsaras dans sa cour royale.
La danse Apsara est très complexe. Les enfants sont formés dès leur plus jeune âge afin de disposer de la souplesse nécessaire pour exécuter les différents mouvements lents et gracieux de la main et des doigts. Chaque geste ou mouvement symbolise les principales étapes de la vie de la nature. De plus, les danseuses sont vêtues de costumes traditionnels aux coiffes d’or et tuniques en soie et les danses sont accompagnées d’un ensemble de percussions appelées Pin Peat.
Durant la période des Khmers rouges (1975-1979), la danse classique khmère a presque totalement disparu. Les traditions ont survécu grâce à quelques survivants qui ont transmis leurs connaissances aux jeunes générations. La fille ainée du roi Norodom Sihanouk, la princesse Bopha Devi, est une des figures emblématiques de la danse Apsara. Elle est devenue le visage de la danse traditionnelle khmère au Cambodge et dans le monde. Aujourd’hui, elle est la directrice du « Royal Ballet of Cambodia » et la ministre de la culture et des beaux-arts.
Le roi actuel du Cambodge Norodom Sihamoni, fils de Norodom Sihanouk, a également fait des études de danse classique durant sa jeunesse. Il est par la suite devenu professeur de danse classique à Paris, puis ambassadeur du Cambodge auprès de l’UNESCO avant de se faire couronner roi en 2004.
Depuis 2003, l’UNESCO a classé le « Royal Ballet of Cambodia » comme membre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité.
Musique
La musique a toujours occupé une place importante dans la culture khmère. Elle permet d’animer et de rythmer les fêtes, les spectacles et les cérémonies religieuses. Les musiciens jouent généralement des instruments traditionnels tels que les xylophones en bois et en bambou, des instruments à vent, des percussions, de grandes guitares courbes, ainsi que les fameux Chapeis (la guitare khmère). Or, depuis le 20e siècle, la musique cambodgienne s’est davantage développée et diversifiée en s’inspirant des influences occidentales.
Toutefois, l’arrivé des Khmers rouges en 1975 a vu disparaitre la presque totalité des artistes et musiciens au Cambodge. De célèbres chanteurs comme Sin Sissamouth, surnommé « le roi de la musique khmère », n’ont jamais été retrouvé après le régime des Khmers rouges. Aujourd’hui, il existe qu’une poignée de musiciens ayant survécu aux Khmers rouges. L’un d’entre eux se nomme Kong Nay; un des seul joueur de chapei au monde.
Le chapei est un instrument traditionnel cambodgien, similaire à la guitare classique. Il se distingue par ses deux cordes en nylon et par sa longue manche en bois. Le chapei est généralement accompagné de chants. En effet, le musicien doit être capable d’improviser et de raconter des histoires tout en chantant. Les paroles des chansons s’étendent du commentaire éducatif et social à la satire, tout en incorporant des poèmes traditionnels, des contes folkloriques et des histoires bouddhistes.
Cinéma
Le cinéma est un art pratiqué au Cambodge depuis l’ère angkorienne. Elle se différencie, cependant, de la forme moderne que nous connaissons aujourd’hui. Elle était pratiquée sous formes de théâtres d’ombres dans les rizières ou les temples. Les personnes étaient remplacées par des marionnettes d’ombres, appelées « Sbek ». Ces représentations étaient pratiquées qu’à de rares occasions, lors du nouvel an khmer, à l’anniversaire du roi, etc.
Après la chute de l’Empire khmer, les théâtres d’ombres ont continué d’exister et est maintenant considéré comme une forme d’art officielle. Aujourd’hui, cette pratique est omniprésente à travers le pays et est disponible à tous.
Il existe différents types de marionnettes d’ombres qui se distinguent des unes des autres. Les « Sbek Thom » peuvent atteindre les deux mètres de haut et récitent des anciens poèmes khmers. Les « Sbek Toch » utilisent des marionnette plus petites mais ont un plus large éventail d’histoires. Puis, le « Sbek Por » utilise des marionnettes en cuir de couleur.
Le cinéma moderne est également un élément important de la culture khmère. Elle a connu son apogée durant les années 1960 mais réintègre la culture petit à petit depuis les années 1990. Le roi, Norodom Sihanouk, était un grand amateur de cinéma. Durant sa vie, il aura produit, dirigé et écrit plus d’une cinquantaine de films ; certains où il y figurait en tant qu’acteur principal. Son film « Le petit prince » (1967) raconte l’histoire de son fils Sihamoni, qui joue son propre personnage.
Pendant la période des khmers rouges, une grande partie des films cambodgiens ont été détruits. Cependant, elles refont apparition depuis les années 1990. Rithy Panh, un célèbre cinéaste cambodgien, a dirigé er produit de nombreux films qui ont été présentés au festival de cannes et mêmes nominés pour un oscar. Certains d’entre eux sont : « L’image manquante » (2013), « les gens de la rizière » (1994) et « Duch : le maitre des forges de l’enfer » (2011).
Le cinéma cambodgien a connu un renouveau depuis les années 2000, en partie grâce au film « Tomb raider » (2001) joué par Angelina Jolie et filmé dans les sites d’Angkor. Depuis, Angelina Jolie est devenue ambassadrice de bonne volonté pour le Cambodge et a même obtenue la citoyenneté en 2004.
En 2017, elle a réalisé un film avec Rithy Panh (disponible sur Netflix) appelé « D’abord ils ont tué mon père ». C’est un film inspiré d’un livre autobiographique qui retrace l’histoire d’une petite fille qui a survécu aux Khmers rouges.
Bibliographie
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