Le Cambodge et les États-Unis: relation fragile sur fond d’insécurité

Par Cassandra Bélanger

Le Cambodge et les États-Unis ont une histoire relationnelle assez instable. En effet, des liens diplomatiques entre ces deux pays ont été établis pour une première fois avant les brutaux changements politiques au Cambodge dû à la crise des Khmers rouges. Pendant cette crise, les liens diplomatiques ont été rompus entre ces deux pays. C’est à l’élection du gouvernement royal cambodgien que les États-Unis et le Cambodge ont renoué leurs liens diplomatiques (Bureau of East Asian and Pacific Affairs 2018). Depuis, ces deux pays ont signé différents traités pour faire prospérer leurs propres États. Toutefois, certains problèmes démocratiques mettent en danger leur lien diplomatique. Dans ce qui suit, il sera question de faire un historique et donner l’état des lieux par rapport à leurs relations économiques et de leurs relations militaires.

Relations économiques

Le Cambodge est un pays avec un développement économique plus faible et moins développé que ses voisins membres de l’ASEAN (Lum 2009, 9). Le gouvernement américain a désigné le Cambodge comme tel puisque ce pays dépend énormément de ses échanges commerciaux avec les puissances économiques mondiales, particulièrement les États-Unis. Puisque le Cambodge est considéré comme étant moins développé, ce pays a droit à des tarifs préférentiels sur les produits qu’il exporte aux États-Unis, conformément avec le Generalized System of Preferences program, un programme qui offre des tarifs sans frais de douanes aux pays sous-développés qui font affaire avec les États-Unis (Congressional Research Service 2019, 12). En 2008, le pourcentage d’exportations de biens provenant du Cambodge vers les États-Unis égalait près de 60% du total d’exportation cambodgien (Lum 2009, 9). Ces tarifs préférentiels et le haut pourcentage d’exportations vers les États-Unis peuvent aider grandement l’économie et la croissance économique du Cambodge, renforçant l’importance des États-Unis pour le gouvernement cambodgien. Les gouvernements américains et cambodgiens ont également mis sur pied et signé un accord cadrant les échanges et les investissements (TIFA) entre ces deux pays (Lum 2009, 9). Le but d’un tel accord est de faire la promotion de saines relations économiques entre les deux pays. De plus, cet accord met en place un forum de discussion bilatéral pour essayer de parvenir à la signature d’un traité de libre-échange américano-cambodgien (Lu 2009, 9).

Les relations économiques entre les États-Unis et le Cambodge sont basées sur les échanges commerciaux, mais également sur l’aide financière que les États-Unis apportent au gouvernement cambodgien. Pour apporter ce financement, les États-Unis, alliés à d’autres puissances économiques et à la Banque Mondiale, ont mis en place en 1996 le Groupe Consultatif pour le Cambodge (Lum 2009, 9). Ce groupe, ayant comme tâche de fournir du financement au gouvernement cambodgien et aux ONG œuvrant dans ce pays, sert également à mettre en place des lignes directrices pour aider le développement du Cambodge (Lum 2009, 9). Cette aide financière équivaut à un peu plus que la moitié du budget total du gouvernement, prouvant donc son extrême nécessité pour le bon fonctionnement du gouvernement cambodgien (Lum 2009, 9). Les États-Unis fournissent également de l’argent au Cambodge en dehors du groupe pour financer des programmes d’aides comme, par exemple, des programmes relatifs à la santé, à la société civile et à la démocratie (Lum 2009, 10).

Le président Barack Obama et le premier ministre Hun Sen.
Crédits: William Ng  

Toutefois, les problèmes démocratiques auxquels fait face le Cambodge, notamment dû au règne du premier ministre Hun Sen depuis 1998 et à ses manières de diriger son pays. Effectivement, ce dirigeant a emprisonné une vingtaine de ses opposants politiques en 2017 afin de les museler et a interdit les médias de continuer leurs activités (Congressional Research Service 2019, 4-5). Les États-Unis ont dénoncé cet acte en imposant des sanctions économiques sévères sur le pays. Parmi ces sanctions, le gouvernement américain de Donald Trump a retiré plusieurs millions de dollars américains de programmes pour la démocratisation, la sécurité et le développement économique du Cambodge (Congressional Research Service 2019, 5-6).

Relations militaires

C’est à partir de 2007 qu’il est possible de constater une réelle relation militaire entre les États-Unis et le Cambodge. Effectivement, les États-Unis se sont engagés dans des programmes de déminage à travers les zones du pays qui ont été touchées par la crise des Khmers rouges (Congressional Research Service 2019, 7). Les États-Unis offrent également un minimum de coopération militaire avec entre les deux armées. Se faisant, les deux armées procèdent à des exercices militaires et des formations communes, misant donc sur la coopération et l’amitié entre les deux pays (Congressional Research Service 2019, 7). Toutefois, le gouvernement d’Hun Sen a donné l’ordre d’arrêter de participer un exercice militaire annuel commun en 2017 (Congressional Research Service 2019, 7).

L’armée américaine et l’armée cambodgienne lors d’un exercice militaire commun.
Crédits : U.S. Indo-Pacific Command

En conclusion, il est possible de constater que les relations entre les États-Unis et le Cambodge sont fragiles dû à la situation précaire sur le plan démocratique au Cambodge. Les liens économiques sont principalement axés sur le financement du Cambodge et les liens militaires sont presque inexistants, ce qui pourrait laisser croire que leur relation commune pourrait se détériorer plus dans le futur. Il est important de considérer la Chine dans le futur des relations américano-cambodgiennes. Effectivement, la Chine prend de plus en plus d’ampleur dans la région sud-est asiatique et le gouvernement cambodgien fait de plus en plus d’accords et de traités avec cette superpuissance économique. Avec les guerres commerciales qui font rage entre les États-Unis et la Chine, il en vient à se poser la question à savoir si le Cambodge décidera de s’allier plus étroitement avec la Chine, s’échappant donc de l’influence américaine.

 

Bibliographie

Bureau of East Asian and Pacific Affairs. 2018. U.S. Relations With Cambodia. Washington D.C. : U.S. Department of State. https://www.state.gov/u-s-relations-with-cambodia/.

Congressional Research Service. 2019. Cambodia: Background and U.S. Relations. Washington D.C. : Congressional Research Service.

Lum, Thomas. 2009. Cambodia: Background and U.S. Relations. Washington D.C. : Congressional Research Service.

Lien pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés