L’implication chinoise dans la Guerre du Vietnam

Par Laurianne Bossé

La Guerre du Vietnam est souvent abordée sous l’angle de l’implication américaine dans le conflit. Or, il est bien connu que cette guerre était le reflet des tensions entre les blocs de l’Est et de l’Ouest et, donc, que les puissances communistes, soient l’URSS et la Chine, s’y sont également investies. Mais outre l’idée de faire triompher le communisme, pour quelles raisons la Chine s’est-elle impliquée au Vietnam et quelles ont été les répercussions de cette implication pour le pays?

« Nikita Khrushchev, Mao Zedong, Ho Chi Minh and Soong Ching-ling » par Auteur inconnu, 1959

Dans les débuts de la révolution communiste au Vietnam, la situation était suivie de près par le Parti communiste chinois (PCC). Mao Zedong, en particulier, développa une certaine relation avec Hô Chi Minh puisque tous deux partageaient non seulement certaines croyances et valeurs, mais également parce que leurs parcours politiques avaient certaines similarités. (Zhang, 1996) Ainsi, la Chine fut une alliée importante du Viet Minh dans la première Guerre d’Indochine. Cette alliance a ensuite perduré dans les conflits armés avec le Vietnam du Sud pour le contrôle du territoire.

Or, la Chine n’était pas la seule alliée du Vietnam du Nord. En effet, l’URSS avait aussi avantage à ce que le communisme triomphe, mais, à l’époque, les deux États n’étaient pas tout à fait sur la même longueur d’onde. Ce fut grâce au travail de médiation de Ho Chi Minh que les trois États purent se coordonner et s’entendre sur la suite des choses. La crise des missiles de Cuba eue cependant pour effet de quelque peu écarter l’URSS et de renforcer les liens entre le Vietnam du Nord et la Chine, consolidant donc l’idéologie communiste de Mao. (Talley, 2016)

À l’époque, la Chine n’était pas particulièrement reconnue comme puissance militaire. Néanmoins, elle s’assura tout de même de fournir Hanoi en armements et en munitions, mais surtout, elle se chargea de l’entraînement des troupes de l’Armée populaire vietnamienne. (Zhang, 1996) L’État communiste ne s’arrêta pas à fournir de l’armement : Mao s’assura de fournir des filets moustiquaires aux troupes vietnamiennes du nord, car il estimait que la température humide du pays impliquait une prolifération des insectes sur le terrain. Il encouragea également la production de nourriture spécifiquement pour les soldats vietnamiens : des galettes de pain sec à la fois légères et nutritives. (Zhang, 1996) Ainsi, la Chine devint la principale référence quant à l’unification des deux Vietnams et à l’indépendance de la nation. 

Le support important de la Chine durant la guerre est probablement la raison même de la puissance actuelle de la Chine. En effet, suite à ce conflit, la Chine gagna en influence et devint une puissance sur la scène mondiale, dépassant les limites de son statut comme partenaire junior de l’Union soviétique. (Talley, 2016) Cette importante victoire au Vietnam permit également à Pékin de conclure certaines ententes avec les États-Unis suite à la guerre, confirmant une fois de plus le statut de l’État chinois dans l’ordre mondial.

D’autre part, il est évident que le Vietnam du Nord n’aurait jamais été capable de mener ce combat à terme sans l’aide de ses alliés communistes. Mal équipées et mal entraînées, les troupes nord-vietnamiennes, malgré qu’elles avaient l’avantage de la connaissance du terrain, n’avaient aucun moyen militaire de rivaliser avec la force de l’armée américaine. Or, grâce à l’aide massive de la Chine et de l’URSS, et suite à plusieurs discussions entre Pékin et Hanoi, l’offensive du Têt fut lancée. (Zhang, 1996)

« Troupes de l’armée populaire vietnamienne, circa 1966 », auteur et date inconnus

C’est cette attaque coordonnée d’une centaine de villes, de bases militaires américaines et de l’ambassade américaine à Saigon qui marque le point tournant dans le conflit qui se terminera environ 7 ans plus tard. Or, à cette époque, la Chine était en pleine Révolution culturelle et ne put contribuer à l’initiative autant que l’aurait espéré Hanoi (Guan, 1998). Malgré tout, l’opération fut menée avec succès et asséna un coup très dur sur les troupes américaines. L’année suivante, les États-Unis entreprirent de retirer leurs troupes du pays et la Chine fit de même. (Zhang, 1996) En effet, au cours des années 60, une certaine distance s’était installée entre Pékin et Hanoi, de sorte que la Chine préféra se concentrer sur ses enjeux internes plutôt que sur ceux de son voisin. (Jian, 1995)

Suite à cela, les relations entre la Chine et le Vietnam se sont quelque peu détériorées et Ho Chi Minh poursuivit son combat contre les États-Unis. Tout compte fait, malgré cet épisode d’éloignement, il reste que sans son implication au Vietnam, la Chine n’aurait probablement pas pu atteindre le statut géopolitique qu’elle possède aujourd’hui et le Vietnam du Nord n’aurait certainement pas vaincu les États-Unis. Ces deux factions avaient donc tout à gagner à s’allier contre l’ennemi occidental.

 

Bibliographie :

Guan, Ang Cheng. (1998) « Decision-Making Leading to the Tet Offensive (1968) – The Vietnamese Communist Perspective. » Journal of Contemporary History 33,3: 341-53.

Jian, Chen. (1995) « China’s Involvement in the Vietnam War, 1964–69. » The China Quarterly 142: 356–87.

Talley, Christian. (2016) « The Vietnam War as China’s Watershed. » Vanderbilt Historical Review 1,1: 42-48.

Zhang, Xiaoming. (1996) « The Vietnam War, 1964-1969: A Chinese Perspective » The Journal of Military History 60,4: 731-762

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