Trafic d’être humain et prostitution en Thaïlande

Par Ming Ru Zhang

Le travail du sexe a toujours été un problème important auquel la Thaïlande est confrontée. Bien qu’au cours des dernières décennies, le gouvernement thaïlandais ait essayé d’utiliser certains programmes pour supprimer et réduire les travailleurs du sexe, il y a encore de nombreuses victimes. La plupart de ces personnes sont des groupes vulnérables, des femmes, des jeunes, des immigrants, etc.

Mais pourquoi la prostitution est-elle si répandue? Cela est en partie dû à la forte demande. La Thaïlande accepte de nombreux touristes chaque année, et une des sources attirantes est l’industrie de sexe. Ceci n’est même pas caché, dans les carnets de voyage, les gens retrouvent facilement de l’information subtile par rapport à ceci[1]. De plus, cette activité rapportera sans aucun doute des revenus au pays. Étant une destination récréative qui reçoit le plus de tourisme d’Asie du Sud-Est, la Thaïlande accueillit plus de 7 millions de visiteurs par années au XXIe siècle[2]. De plus, parmi ces étrangers, la répartition entre hommes et femmes n’est pas égale, puisque les hommes représentent les deux tiers. En d’autres termes, ce pays est plus attrayant pour les touristes masculins. Il n’est pas difficile d’imaginer que l’une des raisons est son image de « Happy City » et son industrie des services sexuels développée.[3]

 

Figure 1: Les travailleurs du sexe en Thaïlande

Figure 1: Les travailleurs du sexe en Thaïlande. https://www.thailande-fr.com/societe/21550-lonu-recommande-la-legalisation-de-la-prostitution-en-asie

L’industrie de sexe est très présente dans les grandes villes, on la retrouve dans de nombreux endroits différents, tels que les salons de massage, les karaokés, les bars à bière, etc..[4] La plupart des travailleurs sont des groupes relativement vulnérables, dont beaucoup sont issus de familles pauvres ou de minorités ethniques. Sans parler de la prostitution juvénile : il s’agit principalement de jeunes âgés de 18 à 24 ans, pour la plupart originaire des zones rurales. Leur niveau d’éducation est très bas et leurs conditions familiales sont souvent défavorisées. Certaines filles peuvent avoir suivi une personne qui leur a promis un nouvel emploi, pensant qu’elles auront un bon travail. Ensuite, elles ont quitté le village où elles vivaient et n’ont appris qu’alors qu’il s’agissait d’en faire de travail du sexe. À ce moment, ces personnes n’ont souvent plus d’autre choix que de se résoudre à cette nouvelle vie. D’autres peuvent être mariés ou avoir des enfants, mais en raison de l’extrême pauvreté, ils ne peuvent travailler que de manière sélective. Certaines d’entre elles sont issues d’immigrants. Vers 1990, environ 30 000 femmes d’autres régions d’Asie se livraient au commerce du sexe en Thaïlande. Par conséquent, les travailleurs du sexe forcés représentent environ 20 %, et certains d’entre eux sont même vendus par leurs parents à des proxénètes. [5]

Ces femmes ont sans aucun doute enduré de grandes souffrances et une forte oppression. En fait, le sida est un cauchemar pour elles.[6] En raison du manque de méthodes contraceptives, de nombreuses professionnelles du sexe souffrent de maladies infectieuses. De plus, à cause de la zone grise du travail, elles n’ont ni protection sur le salaire ni protection sanitaire. Surtout les immigrantes, ces femmes risquent de tomber dans un état vulnérable si elles deviennent enceintes ou malades.[7] Et puisqu’elles n’ont pas d’autres compétences ou connaissent moins bien l’environnement où elles demeurent, il semble souvent difficile d’échapper à cette condition.

Le gouvernement thaïlandais a fait des efforts pour résoudre ce problème et la loi sur le travail du sexe s’est progressivement améliorée. En 2013, le Rapport sur les Trafics de Personnes du Département d’État américain a classé la Thaïlande dans la catégorie Tier. Cependant, en 2014 la Thaïlande régresse et tombe dans la catégorie Tier 3. Ce rapport avait pris en considération que le pays faisait des efforts pour lutter contre le trafic de personnes, mais les résultats restent faibles, le gouvernement n’a pas réellement investi.[8] Il est aussi difficile d’entendre les voix locales dominantes discuter de ce problème. C’est peut-être parce que le travail du sexe peut encore apporter des revenus à ce pays, ou peut-être aussi à cause de l’inégalité entre les hommes et les femmes, le manque d’éducation et l’absence de choix. Afin de les protéger, il y a encore un long chemin à parcourir.

[1]Formoso, B. (2001). « Corps étrangers : tourisme et prostitution en Thaïlande. » Anthropologie et Sociétés25 (2), 55–70. https://doi.org/10.7202/000233ar

[2] Formoso, B. (2001). Item

[3] Formoso, B. (2001). Item

[4] Chantavanich, S et Ivanoff, J (2014) « Le trafic humain en Thaïlande : situation actuelle et défis. » L’Espace Politique, URL : http://journals.openedition.org/espacepolitique/3205 ; DOI :https://doi.org/10.4000/espacepolitique.3205

[5] Formoso, B. (2001). Item

[6] Hanenberg, R et Rojanapithayakorn, W (1998) «Changes in prostitution and the AIDS epidemic in Thailand. » AIDS Care, 10:1, 69–79, DOI: 10.1080/713612352. https://doi.org/10.1080/713612352 p.4

[7] Chantavanich, S et Ivanoff, J (2014) Item

[8] Chantavanich, S et Ivanoff, J (2014) Item

Bibliographie
Formoso, B. (2001). « Corps étrangers : Tourisme et prostitution en Thaïlande. » Anthropologie et Sociétés, 25 (2), 55–70. https://doi.org/10.7202/000233ar

Chantavanich, S et Ivanoff, J (2014) « Le trafic humain en Thaïlande : situation actuelle et défis. » L’EspacePolitique, URL:http://journals.openedition.org/espacepolitique/3205 ;DOI :https://doi.org/10.4000/espacepolitique.3205

Hanenberg, R et Rojanapithayakorn, W (1998) «Changes in prostitution and the AIDS epidemic in Thailand. » AIDS Care, 10:1, 69–79, DOI: 10.1080/713612352. https://doi.org/10.1080/713612352

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