La montée des militants islamistes aux Philippines

Par Raïssa Abdourahman

Récemment, les Philippines ont connu de sérieux problèmes concernant les attaques de pirates, qui ont malheureusement plus que doublé. En 2017, l’International Maritime Bureau (IMB) note 22 incidents dans les Philippines sur des navires ancrés, comparé à 10 incidents enregistrés en 2016 (Agence France-Presse 2018). On indique que la majorité des attaques de piraterie était plutôt de niveau faible dans la capitale de Manilles et ainsi que dans la ville de Batanas (Agence France-Presse 2018). En plus des attaques sur les navires ancrés, le bureau note l’augmentation d’enlèvements d’équipages dans le sud des Philippines par des militants islamiques demandant des rançons pour leur libération. Je vais donc discuter de l’impact de l’emplacement géographique des Philippines sur les activités criminelles et sur les marins philippins. Aussi, je vais introduire le terrorisme maritime, plus précisément du Abu Sayyaf Group (ASG)  qui a influencé la piraterie aux Philippines.

Source : Framepool : A RightSmith Company

En général, les attaques de piraterie surviennent dans le Sulu Sea, qui se situe dans les eaux méridionales des Philippines. Comme on peut le voir sur la carte au-dessous, on remarque que cette zone est séparée du South China Sea. Les Philippines sont constituées d’une multitude de petites îles ce qui augmente les chances de voir des attaques se produire. L’emplacement géographique de ce pays est très important pour comprendre l’augmentation du nombre d’attaques au fil des ans. Le Sulu Sea est localisé dans le Sud-Ouest de la région ce qui explique pourquoi les villes de Manille et Batanas sont des victimes du problème. On suggère donc qu’il y a un manque de sécurité qui met le peuple dans une situation précaire face aux attaques (Ranada 2018). Le président des philippines, Rodrigo Duterte, a lui-même décrit le Sulu et le Celebes Seas comme «vacant» dû à un manque de sécurité ce qui permet aux pirates et aux terroristes de passé sans problème (Ranada 2018).

Source: Free World Maps

Yves Boquet (2012) argumente que la position des Philippines à propos de leurs frontières maritimes est fondée sur deux axes. D’une part, les limites de leur territoire national sont celles fixées dans le traité de Paris de 1898 qui a ainsi cédé les Philippines espagnoles aux États-Unis. D’une autre part, toutes les eaux incluses dans ces lignes imaginaires sont des eaux territoriales (Boquet 2012). Cela vient freiner la recherche de solutions pour combattre la problématique de piraterie en mer philippines.

En plus de l’impact de la piraterie sur les citoyens philippins, les marins philippins eurent aussi éprouvé beaucoup de difficultés à garder une certaine stabilité et sécurité en mer. Les marins philippins ont, à plusieurs reprise, discutés des conflits rencontrés avec les militaires chinois. On se rappelle ici que les Philippines sont situées à proximité de l’État chinois. Il est donc commun pour les marins philippins de croiser des militaires chinois lors d’un voyage. Cependant on raconte que ces rencontres ne sont pas toujours positives. Les marins philippins ont reproché aux militaires chinois d’avoir intimidé et tiré sur des pêcheurs philippins (Boquet 2012). Les Philippins n’étant pas les seuls à se faire traiter de la sorte, le Vietnam est aussi venu accuser les militaires chinois et leur mauvaise attitude envers les Vietnamiens (Boquet 2012). Étant donné les rapports tendus entre les Philippines et le Vietnam contre la Chine, les Philippines cherche à compenser leurs faiblesses par des alliances avec les autres pays de l’ASEAN (Boquet 2012). En effet, l’État a déjà deux puissances à ces coté à savoir le Japon et les États-Unis, mais on pense que le support régional viendrait d’autant plus les aider.

Par la suite, un incident important qui caractérise et définit bien le problème de piraterie et terrorisme maritime aux Philippines est l’incident du MV Superferry 14 qui est survenu en février 2004. Le navire de commerce transportant 899 passagers a explosé après avoir quitté la baie de Manille, entraînant la mort de 116 personnes et 300 blessés graves (Banlaoi 2006). Le groupe derrière cet attentat, le Abu Sayyaf Group (ASG), à revendiqué l’attaque en la qualifiant de vengeance pour l’assassinat du peuple Bangsa Moro (Banlaoi 2006). Depuis ces jours, le ASG est devenu le groupe de terroristes le plus violents des Philippines.

Ce qui est intéressant ici c’est de comprendre qu’il y a en fait une distinction entre la piraterie et le terrorisme. Pour Rommenl C. Banlaoi (2006), la différence est très claire entre les deux. Les pirates ainsi que les terroristes ont des motivations différentes dans le sens où la piraterie est entamée à des fins économiques, tandis que le terrorisme a des objectifs plutôt politique (Banlaoi 2006). Par contre, les terroristes ont la facilité à agir de façon massive et violente puisqu’ils utilisent des tactiques de pirate les aidant à poursuivre des attaques de terrorisme. L’ASG a, de ce fait, utilisé la piraterie maritime comme ‘’camouflage’’ pour entreprendre des attaques envers les Philippines (Banlaoi 2006). Malgré le fait que suite aux attentats du 11 septembre et le développement de l’ASG au sud des Philippines à adopter la piraterie maritime comme un moyen normal mais illégal de gagner de l’argent, et faisant partie de la culture locale, les autorités philippines ont su utiliser leur alliance avec les Américains à leur avantage pour lutter la problématique dans la zone. En effet, les forces d’armées américaines et Philippins se sont joint et ont formé le Balikatan qui veut littéralement dire ‘’shouldering the load together’’ (Banlaoi 2006). Cela a permis aux deux états de développer des solutions à savoir comment résister aux agressions et combattre leurs adversaires communs (Banlaoi 2006).

Bibliographie

Agence France-Presse. 2018. «Report: Pirate attacks fall to 20-year low, but danger remains», PRI, En ligne. https://www.pri.org/stories/2018-01-11/report-pirate-attacks-fall-20-year-low-danger-remains (page consultée le 20 avril 2019).

Banlaoi, Rommel C. 2006. «The Abu Sayyaf Group: Threat of Maritime Piracy and Terrorism», Routledge, 121-135.

Boquet, Yves. 2012. «Mer de Chine du Sud ou mer des Philippines de l’Ouest ? Conflits d’appropriation des espaces maritimes autour de l’archipel des Spratley», Bulletin de l’Association de Géographes Français, 89(1), 121-138

Frécon, Eric. 2009. «Piraterie en Asie du Sud-Est: États défiés, États menacés, mais États renforcés». Sécurité globale, (1), 41-47.

Ranada, Pia. 2018. «Duterte wants China to secure Sulu, Celebes Seas from pirates», Rappler, En ligne. https://www.rappler.com/nation/194415-duterte-china-secure-sulu-celebes-seas-pirates (page consultée le 24 avril 2019).

 

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