L’Asean, instrument de développement pour la Birmanie

Les récentes décennies permettent d’observer l’influence grandissante des organisations régionales dans le système international, avec notamment l’expansion du capitalisme qui ne cesse de modifier la géopolitique mondiale. Entremêlés entre disparités et interdépendances qui en découlent, les États pour se prémunir d’éventuels risques liés à cette anarchie, se mobilisent au sein de groupements, à l’instar de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE). Celle-ci joue un rôle essentiel dans l’ensemble du processus tant de croissance que du développement des pays de la région dont la plupart au lendemain de la guerre froide présentent une économie compétitive, avec des taux de croissance qui se maintiennent annuellement au-dessus de 5%, entrainant le recul de la pauvreté dans la région (Mottet. Éric et Bruno Jetin 2016, 171).

De tels effets ne peuvent qu’interpeler le Myanmar dont les populations vivent dans des conditions exécrables en raison de la pauvreté à laquelle se greffe de vives querelles ethniques qui conduisent à des sanctions internationales, lesquelles ont pour conséquences que de maintenir le pays dans un état de sous-développement malgré son potentiel énergétique. L’ANASE qu’il intègre en 1997, apparait donc pour le Myanmar comme la plate-forme qui le mène à son développement économique. Ce qui amène de toute évidence de nombreux sceptiques au regard de la fébrilité de sa situation politique à s’interroger à l’idée de savoir en quoi l’ANASE peut-elle être un tremplin pour le développement du Myanmar ?

L’ANASE, un cadre de coopération qui promeut le développement des États-membres

l’ANASE pour l’association des Nations de l’Asie du Sud-Est, née le 8 août 1967 sur la base de la déclaration de Bangkok, par le club des golfeurs dont le principal objectif était de vaincre la menace communiste et promouvoir le commerce régionale afin de retrouver l’unité précoloniale, s’est suffisamment développée au fil du temps pour revêtir du fait de sa centralité fondée sur la coopération, un caractère indispensable qui regroupe tous les États de la région. (DeSacy-Ch17.LASEAN et Ch.18-LAssociation.pdf)

À Ceux-ci s’ajoutent de nombreux autres États tels L’Inde, la Russie et les États-Unis qui sont acteurs de gros calibres du système international. Ce qui accroît les possibilités de coopération et réduit conséquemment les incertitudes entre acteurs.

La coopération comme facteur de développement.

Le succès des pays de l’Asie du Sud-Est, en grande partie attribuable à l’ANASE montre bien que la coopération perçue comme le fait « de s’associer pour atteindre des buts communs » (Dortier 2016,1) est un facteur clé du développement. Le Myanmar en effet semble l’avoir compris à ses dépens. Puisque malgré son potentiel économique avec ses immenses réserves de gaz et de pétrole, non sans compter avec sa position géographique qui en fait automatiquement un État pivot de la région, il n’est pas parvenu, pris entre les mailles des sanctions internationales, à s’ouvrir véritablement à l’extérieur pour amorcer son développement.

Intégrant les gains de la coopération tant il est vrai que « c’est l’union qui fait la force », le Myanmar devient membre de l’ANASE en qui il voit une véritable opportunité en 1997. Le Myanmar qui est depuis lors la cible de nombreuses critiques, semble séduit par cette organisation unique dont un des principes fondamentaux est la non-ingérence dans les affaires intérieures de ses États-membres. L’originalité de l’ANASE réside en ce qu’elle, contrairement aux organisations traditionnelles à l’instar de l’Union européenne, ne s’immisce pas dans les questions relatives aux politiques internes des pays et de surcroît, le processus décisionnel se base sur les consultations et le consensus. Elle se contente de promouvoir la coopération entre tous en vue du développement à travers des discussions qui aboutissent à des partenariats et donc à la signature des accords commerciaux.

Il ne fait aucun doute qu’une telle configuration ne peut alors qu’avoir des effets positifs sur la prise de décision des autorités Birmanes qui y trouvent un cadre agréable de coopération d’où émerge par exemple en 2010 un accord de coopération industrielle et une zone de libre-échange baptisée l’AFTA pour l’Asean Free Trade Area au courant de la même année et dont l’objectif est finalement d’accroître les échanges commerciaux. (Granger et Caouette 2018, 29) Ce d’autant plus que le commerce apparait à la fois comme un outil efficace de la lutte contre la pauvreté et un puissant catalyseur dans l’augmentation du revenu. Les échanges démontrent de tout temps la responsabilité qui est la leur dans l’expansion du secteur privé et dans la création des emplois.

L’on comprend que le Myanmar qui se trouve de plus en plus préoccupé par sa situation économique dans un contexte de rivalités permanentes dans le système international, veuille absolument intégrer les courants de la mondialisation pour moderniser son économie dont le taux de croissance croît considérablement depuis la levée des sanctions occidentales en 2012 avec l’élection législative de Aung San Suu Kyi. Une élection qui marque la volonté d’ouverture du Myanmar, celle-ci boostée par le cadre coopératif que promeut l’ANASE qui au fil des années s’impose en Asie du Sud-Est comme l’organisation au cœur des ambitions régionales de développement, ce qui ne fait que consolider son importance au sein de la région.

Il apparait donc par ailleurs que l’ANASE est un outil efficace pour diversifier les partenaires, et garantir par ce fait la possibilité des accords encore plus bénéfiques à long terme. Ce qui suppose que le Myanmar a désormais la possibilité de s’affranchir de la tutelle chinoise ou d’en obtenir plus de concession pour ses intérêts.

Bibliographie

Dortier, Jean-François. « La magie de la coopération », Sciences humaines, vol. 282, no. 6, 2016, pp. 1-1.

Granger, Serge et Dominique Caouette, « La centralité de l’Asie du Sud-Est et l’ASEAN », dans S.Granger et D. Caouette (dir.), L’Asie du Sud-Est à la croisée des puissances: pp. 21-36

Mottet,Éric et Bruno Jetin, « L’Asie du Sud-Est et les chaînes de valeur », dans ARÈS, Mathieu et Éric Boulanger(dir.), Christophe Colomb découvre enfin l’Asie. Intégration économique, chaînes de valeur et recomposition transpacifique,Québec,Athéna Éditions,2016, p.171

 

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