Depuis les années 1990, la Chine s’avoue être un partenaire important du Laos. C’est notamment grâce à ses investissements que le pays a vu une nette amélioration de sa croissance. Ceci est due à la volonté de la Chine, depuis plusieurs décennies maintenant, de s’enraciner dans la vie de la région d’Asie du Sud-Est, et ce, de façon permanente.
Son influence est telle que plusieurs pays se sentent oppressés par cette puissance ce qui est la source de plusieurs conflits régionaux. Ce déploiement de la Chine se veut aussi être une barrière à la propagation de l’influence des grandes puissances, comme les Etats-Unis ou l’Inde, dans la région. Plusieurs stratégies sont mises en place par les pays voisins de la Chine, certains s’allient d’autres résistent. Qu’en est-il du Laos ? Quelles relations entretient-il avec la République populaire de Chine ?
Les relations entre les deux pays se sont détériorées pendant la Guerre Froide avec la montée de l’URSS et du communisme[1] mais aussi avec la guerre sino-vietnamienne et l’alliance du Laos avec le Viêtnam. Ce n’est qu’au début des années 1980 et surtout après la chute de l’Union Soviétique, que les relations entre les deux protagonistes se sont améliorées. De plus, les réformes économiques de 1989 permettant la privatisation d’entreprise et la libéralisation des prix ont favorisé l’économie de marché et les échanges économiques entre les deux pays.
Une relation « donnant-donnant »
Les liens entre les deux sont donc basés sur une relation donnant-donnant puisque chacun se sert de l’autre pour affirmer son statut. La Chine est le principal investisseur du Laos notamment dû aux ressources naturelles, minières et hydroélectrique dont le pays regorge. De plus, l’appartenance du Laos à l’ASEAN[2] est un atout que la Chine veut avoir afin d’arbitrer en sa faveur sur les tensions en mer de Chine méridionale.
Le Laos se veut favorable à un rapprochement avec la Chine puisque celle-ci représente une figure puissante. En effet, « le pays s’est, auparavant, divisé entre les anciens favorables aux liens entretenus avec le Vietnam et les jeunes de maintenant favorables à une alliance avec la Chine »[3].
S’allier avec ce pays permet au Laos de s’approprier l’image d’un pays fort économiquement et reconnu sur la scène internationale. De plus, la Chine se présente comme un allié stratégique pour le Laos favorisant les flux d’investissements étrangers sur le territoire ce qui aide au développement de ses infrastructures même dans les zones recluses du pays.
Des partenariats stratégiques ont été mis en place entre les deux pays, ils comprennent des accords bilatéraux favorisant la modernisation de l’armée Lao, mais aussi des accords sur la gestion du terrorisme, de la coopération vis-à-vis des zones frontalières et des crimes transnationaux[4]. D’autres partenariats plus culturels ont aussi été créés, permettant les échanges culturels dont des cursus gratuits dans des universités chinoises[5].
Une diaspora chinoise importante
La présence chinoise est importante dans le nord du pays et ce dû à l’enclavement de celui-ci et aux relations diplomatiques établies entre les deux pays. La diaspora chinoise est de plus en plus importante sur le territoire puisque les travailleurs chinois sont attirés par le marché économique en pleine expansion.
Auparavant les immigrés chinois cherchaient à s’intégrer à la population laotienne et à adopter leur culture, à présent aucun effort est perpétré ce qui créer des disparités sociales. Cette immigration présente des problèmes sur le marché du travail. La main d’œuvre qualifié chinoise s’impose dans les secteurs importants du pays, comme le secteur minier, ce qui fait perdre des emplois aux travailleurs locaux. De plus, les bâtiments financés par la Chine sont majoritairement construits par des travailleurs chinois, ce qui accentue les tensions sur le marché du travail[6].
Cette diaspora est difficilement contrôlable du fait des frontières poreuses et du flux important de migrants sur le sol lao[7]. Malgré les inconvénients de celle-ci, les autorités gouvernementales, qui sont au courant de ce phénomène, ne réagissent pas. En effet, il est impératif de garder la Chine comme allier face aux pays de l’occident qui critique le Laos sur le respect des droits de l’Homme et sur ces manières de gouverner. La Chine ne tient pas compte de ces critiques ce qui assure au Laos un soutien économique dont le pays a indéniablement besoin.
Le Laos se sert de l’image de la Chine afin de maintenir le régime en place en évitant toute poussée démocratique. Le modèle de la Chine est donc exploité dans le but de convaincre la population qu’un régime autoritaire permet l’expansion économique et la reconnaissance sur la scène internationale. Malgré les nombreuses tentatives de Barack Obama, lorsque celui-ci était au pouvoir, pour s’allier économiquement avec les pays asiatiques, la Chine reste le principal investisseur du Laos et réussit à maintenir la concurrence américaine à l’écart en subventionnant fortement le pays.
La place géostratégique qu’occupe le Laos laisse à croire que la Chine n’est pas prête à laisser cet allié aux mains des Etats-Unis. Sa présence sur le territoire est de plus en plus importante puisqu’elle contrôle désormais de vastes pans de l’économie laotienne. Cela ne déplaît pas au gouvernement lao qui voit un avenir prospère dans les investissements générés par la Chine.
Sources:
[1] https://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1959_num_24_6_2411
[2] http://asialyst.com/fr/2016/09/08/laos-le-nouvel-ami-chinois/ page
[3] https://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1959_num_24_6_2411
[4] https://www.lecourrier.vn/laos-et-chine-renforcent-les-relations-de-cooperation-bilaterale/449584.html
[5] https://www.nouvelobs.com/monde/20120813.REU3586/l-ambition-chinoise-menace-l-unite-de-l-asie-du-sud-est.html
[6] https://www.persee.fr/doc/perch_1021-9013_1997_num_42_1_2181
[7] https://redtac.org/asiedusudest/2014/12/15/la-diaspora-chinoise/