La montée du Dragon chinois

A – plateforme pétrolière chinoise HD-981

En mai 2014, la Chine implante la plateforme pétrolière HD-981 dans la Zone Économique Exclusive (ZÉE) revendiquée par le Vietnam. Évènement marquant le début d’une crise diplomatique « majeure » entre les deux pays.

Cette énorme plateforme appartenant à la compagnie d’État chinoise CNOOC, installée unilatéralement au large des îles Paracels, sous la protection d’une soixantaine de bâtiments des garde-côtes chinois [1] est considérée comme une des nombreuses formes de provocations par les pays voisins de la région. Pouvons-nous dire que nous témoignons une montée hégémonique chinoise ?

Récemment depuis 2010, la Chine a vu une montée exponentielle de ces actions unilatéralistes en mer de Chine méridionale. Ces provocations ne se limitent pas uniquement à des implantations de plateforme pétrolière. En effet, l’achèvement de la base militaire chinoise de Fiery Cross Reef, avec l’armement de missiles antiaérien dans une zone contestée par plusieurs pays de l’Asie du Sud-Est tel que les îles Spratly sont considérées comme étant plus qu’une provocation, mais une menace.

 

Ces développements géopolitiques viennent s’inscrire dans une politique bidirectionnelle convoitée par la Chi

B – Carte représentative du Conflit en Mer de Chine Méridionale.

ne qui veut, d’une part, « s’organiser dans [un] monde multipolaire » [2] à travers les échanges et les partenaires économiques qui s’accentue de plus en plus chaque année. Formant donc un moyen pour la Chine de détendre toutes images menaçantes perçues d’elle, dans la région, tout comme à l’échelle globale grâce à sa politique de « non-ingérence ». Mais d’une autre part, « affirmer son statut de grande puissance » [1], à travers d’actions prises unilatéralement, surtout en matière du conflit en mer de Chine Méridionale.

 

Effectivement, ces actions sont tout sauf aléatoires.  L’objectif ultime derrière est de mettre les freins à la domination américaine dans la région qui reste jusqu’à aujourd’hui substantielle. Il est a noté que malgré les discours politiques accueillant des États-Unis au sujet du surdéveloppement accéléré de la Chine, « la stratégie américaine révèle clairement une tentative de maintenir son influence en Asie ou son contrôle de certaines régions face à d’indéniables avancées chinoises. » [2]

Là aussi, encore une fois, nous faisons face à une doctrine américaine bidirectionnelle, voire contradictoire. Ceci se ressent à travers les différentes actions entreprises par les États-Unis et ses alliés.

« La présence des forces navales américaines dans la région et le caractère de plus en plus intrusif de la marine indienne, sous le regard bienveillant de Washington, sont considérés comme une menace immédiate par les dirigeants chinois et nécessitent une réponse adaptée », affirme Alice Ekman, docteur en science politique et chercheur associé au Centre Asie de l’Institut Français des relations internationales (IFRI). [2] Une réponse chinoise, de ce fait, apparaît rationnelle dans l’idée où la Chine demande d’être traitée de manière égale et réciproque.

 

Ceci se démontre à travers les actions unilatéralistes donnant lieu, possiblement, a « l’émergence d’une Chine hégémonique, au regard de ses initiatives en mer de Chine et alors que ses capacités de défense augmentent et se modernisent rapidement, et que Xi prône l’avènement d’une armée « capable de combattre et de gagner » des guerres et d’une marine forte. » [1]

 

Dans cette logique de menace et de course à l’armement, le seul « vecteur de stabilité » serait « l’engagement économique » [2] de la Chine dans la région ainsi que dans le reste du monde. Par exemple, malgré les clivages politiques, la Chine est, depuis 2007, le premier partenaire commercial de l’Inde. La chine est également le premier créancier des États-Unis, devant le Japon avec plus de « 1200 milliards de dollars de Bon de Trésor » [2].

Elle également « en passe de devenir le principal pourvoyeur d’aide au développement, elle est courtisée par les Européens qui tentent à tout prix de sauver leur monnaie et de sauver certains États membres de la faillite », ajoute Lionel Vairon, professeur à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) et à l’Institut des Hautes Études Commerciales (HEC) [2]. Ces engagements de nature économique renforcent deux idées, déjà présentes dans nos pensées politiques.

 

Premièrement, la communauté internationale ne peut s’en passer de commercer avec la Chine, ceci est valide tant au plus puissant qu’aux plus faibles. Deuxièmement, grâce à cette première idée, la Chine est devenue de facto « productrice de gouvernance mondiale [au même titre que les États-Unis et l’Europe]. » [2]

C – Le Porte-avions Shandong, entrer en service avril 2017, second porte-avions parmi la flotte chinoise et le premier construit au pays. Un troisième a été annoncé pour Janvier 2018.

 

 

Finalement, il serait donc judicieux de définir la position de Pékin, concernant le conflit en mer de Chine Méridionale, vis-à-vis des autres pays de l’Asie du Sud-Est comme étant une affirmation par Proxy de son statut de Grande Puissance.

 

On pourrait même aller jusqu’à dire que la doctrine bidirectionnelle de la Chine, similairement a la doctrine américaine post 1947 avec le plan Marshall, cherche d’un côté à appliquer un nouvel ordre mondial qui se focalise sur l’épanouissement économique des nations du monde tout en respectant l’idéologie chinoise de « non-ingérence », mais de l’autre, la Chine veut, comme toute puissance hégémonique, garder un avantage par rapport aux autres états.

 

Ceci ne prend pas forme uniquement à travers des investissements massifs en termes d’armement militaire, mais aussi, tout comme le plan Marshall à la suite de la Seconde guerre mondiale, à travers la propagation d’un Soft Power culturel et économique faisant écho à travers le monde entier.

 

Bibliographie :

 

[1] Ekman, Alice. 2014. « Asie-Pacifique : La Priorité De La Politique Étrangère Chinoise. » Politique étrangère Automne (3) : 11.

[2]  Vairon, Lionel. 2011. “ « Menace » Chinoise Ou Déclin De L’occident ? » Études2011/12 (415) : 583-594.

 

Iconographie :

 

[A]  https://blogs.voanews.com/state-department-news/2012/07/31/challenging-beijing-in-the-south-china-sea/

[B]  Martel, Stéphanie. 2018. Conflits En mer De Chine Méridionale : Vue d’ensemble et développements récents”.  Université Queens.

[C]  Martel, Stéphanie. 2018. Conflits En mer De Chine Méridionale : Vue d’ensemble et développements récents”.  Université Queens.

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